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sisyphe sisyphe 2 novembre 2008 14:56
La deuxième "Révolution verte"
Dans les années soixante, pour parvenir à l’autosuffisance, l’Inde lance un programme de modernisation de son agriculture, la "Révolution verte", qui bouleverse les modes traditionnels de cultures. Mécanisation et chimie augmentent les productions, pour le bénéfice des grandes exploitations. Déjà, les petits producteurs – la grande majorité – peinent à suivre le mouvement. « Mais, affirme Vandana Shiva, un agriculteur gagnait correctement sa vie jusque dans les années quatre-vingts. Ma mère, une paysanne, a pu m’envoyer à l’université. »

Les problèmes graves surgissent dans les années quatre-vingt-dix. Le productivisme a ravagé nombre de zones agricoles, où les traitements chimiques et l’irrigation ont appauvri les sols. La mondialisation économique pousse le pays à se lancer dans une deuxième "Révolution verte", en développant ses exportations de produits agricoles, notamment le coton, au détriment des cultures vivrières. Au même moment, l’agro-industrie tente d’implanter les OGM par tous les moyens. « Dans les années quatre-vingt-dix, nous avons subi la politique d’ajustements structurels du Fonds monétaire international et les accords de l’Organisation mondiale du commerce qui nous ont contraints à laisser entrer les multinationales des OGM », déplore Vandana Shiva, qui rappelle que les mêmes règles du commerce international imposent les cultures transgéniques en Europe.


Le bilan catastrophique des OGM

Le drame indien confirme ce que les opposants aux OGM dénoncent depuis dix ans : les semences brevetées menacent les agriculteurs. Dans la plupart des pays pauvres (mais aussi dans certaines régions françaises), l’agriculture est le fait de petits producteurs incapables de supporter une telle organisation. Quant aux promesses des entreprises de biotechnologies, voici le bilan qu’en tirent deux chercheurs indiens indépendants, Abdul Qayum et Kiran Sakkhari, dans une étude réalisée en Andhra Pradesh pendant trois ans, de 2002 à 2005 (Bt cotton in Andhra Pradeh : a three-year assessment, avril 2005) :
– le coton Bt est un échec en termes de rendements (30 % inférieurs à ceux du coton ordinaire),
– l’utilisation des pesticides n’a pas diminué, et les coûts de production ont augmenté,
– le coton Bt n’a pas amélioré les revenus des paysans (60 % inférieurs à ceux des planteurs de coton ordinaire),
– le coton Bt n’a pas amélioré l’environnement (pollution des sols).

Les associations locales soulignent que les fermiers ignorent les risques de dissémination du coton transgénique par pollinisation. Pire : ils mélangent les semences naturelles et modifiées, au point que les chercheurs A. Qayum et K. Sakkhari estiment que les OGM contaminent la chaîne alimentaire (les graines de coton sont transformées en huile). La plupart du temps, les paysans ne respectent pas la règle des 20 % de plants non OGM autour de leurs champs pour limiter la mutation des parasites. Résultat : ces derniers s’adaptent déjà au coton génétiquement modifié censé les éliminer.


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Les OGM doivent figurer sur l’étiquette

David contre Goliath

Quand une firme modifie génétiquement une plante, cette dernière devient sa propriété et ne peut être semée sans paiement d’une licence. Les agriculteurs ne peuvent plus conserver une part de la récolte pour la resemer. Pour défendre ses intérêts, Monsanto emploie les grands moyens : aux Etats-Unis et au Canada, l’entreprise incite les agriculteurs à dénoncer leurs collègues soupçonnés d’utiliser ses semences et recourt aux services de détectives privés. L’agriculteur canadien Percy Schmeiser a été la double victime de cette politique : après que ses champs de colza eurent été contaminés par du colza transgénique, il s’est vu accuser par Monsanto d’avoir volé les semences brevetées. Absurde, mais implacable.



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