• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


Moonz 1er décembre 2008 22:05

> Oui oui je suis d’accord avec vous sur le fait que le réajustement ultérieur du marché est meilleur à posteriori, après la crise.

Vous vous dites hommes de la pratique : prédisez donc la prochaine crise. Montrez quelles politiques autoritaires peuvent l’éviter, pourquoi le marché ne peut la mettre en place.

Vous me parlez du pétrole. C’est un parfait contre-exemple : on ne va pas se réveiller un matin avec tous les puits de pétrole vides. Le prix du pétrole va simplement augmenter quand les gisements les plus productifs fermeront, et quand les gisemements marginaux seront exploités. Et le prix du pétrole sera une forte incitation à investir dans les alternatives. Une transition continue, pas brutale.

> le problème c’est que dans certains cas, la crise détruit le marché.

Prouvez donc qu’une telle crise n’est pas justement la fait de l’intervention de l’État dans l’économie.

> le pétrole deviendra si cher que les sociétés non préparées feront la guerre pour l’avoir et détruiront le marché

Justement, il n’y auras pas de "sociétés non préparées". Il y aura des entreprises qui auront fait le changement de cap, d’autres pas. Les secondes disparaitront.

> L’Etat possède le pouvoir politique (imparfait certes) d’imposer de s’y adapter à priori.

> Les entreprises privées cherchent à maximiser le rendement de leur capital (c’est leur rôle) ce qui nuit à leur capacité d’innovation en cas de changement inévitable de paradigme technologique.

Changer avec les changements technologiques, ça fait partie intégrante de cette maximisation du rendement du capital.

> Pour les banques, tous ces gens intelligents savaient que la crise allait arriver.

Encore une fois : grâce à nos politques éclairées, cette crise leur était profitable : ils prennaient les benefs de la bulle pour eux tout en ayant derrière eux l’État pour prendre les coups. Ce n’est absolument pas un exemple. Ce serait comme dire que lorsque l’état dit "polluez, c’est à mes frais que se fera la dépollution" c’est la faute des entreprises si elles polluent.

>> Avec un tel principe, la société est prête à donner des millions aux diverses sectes prédisant la fin du monde, même si individuellement personne ne l’est (à raison).

> Oui, complètement. le tout est d’utiliser sa raison pour écouter les experts et prôner une action politique. Vous venez de décrouvrir la république

Et vous prenez ça comme un argument pro-démocratie, que le premier charlatan habile venu puisse avoir un pouvoir non négligeable sur la vie des gens ? smiley

Vous posez exactement le problème des limites de la démocratie : quand il faut choisir entre un expert économqie néo-keynésien, un néo-classique, un monétariste et un autrichien, 300M d’ignorants en économie ne valent pas mieux qu’un. La seule solution est de laisser chacun choisir indépendamment des autres, et d’assumer la responsabilité de ses choix. Toute autre solution est injuste.

Je ne prétend pas avoir la vérité. Je demande juste que l’on ne m’impose pas quelque chose que je pense faux ; et en échange, je ne vous imposerai pas quelque chose que vous pensez faux. La réciprocité n’est elle pas la base de la justice ?

Je ne peux m’empêcher de vous donner cette citation, tant elle est adaptée : "L’individu, quel qu’il soit, qui néglige d’examiner au mieux de ses capacités tous les problèmes que cela pose, abdique volontairement son droit d’aînesse à une élite cooptée de « supermen ». Dans des affaires si vitales, s’en remettre aveuglément à des « experts », accepter passivement des mots d’ordre populaires et des idées toutes faites, sont l’équivalent d’une renonciation à l’auto-détermination et d’une reddition à la domination des autres." — Ludwig von Mises.

> Ce qui augmentera encore votre dépendance et donc la spéculation.

Pardon ? L’offre de pain augmente, et donc le prix du pain augmente ?

> Non, pas un prix plafond, simplement assurer par la planification que les nutriments nécessaires (ou le pétrole) existent au niveau local pour assurer l’absence de famine. Même si ce n’est pas rentable.

Encore une fois : si ce n’est pas rentable, c’est que ce n’est pas jugé valoir son coût chez vos concitoyens. Mais je vais vous rassurer, c’est rentable : nous avons encore de l’agriculture en France. Même si je doute que "l’indépendance nationale" y ait joué quoi que ce soit, mais ceci n’est que mon jugement personnel smiley.

>> Sauf si vous prenez en compte l’effet psychologique (pas économique)

> Monsieur, vous prônez la raison ou vous commencez à admettre que nous ne soyons pas si rationnels que ça ?

Rien d’irrationnel là dedans. L’économie ne peut décider : lorsque le revenu augmente, l’économie dit simplement que la valeur marginale de l’épargne et de la consommation baisse, mais ne peut rien dire de l’évolution de l’un par rapport à l’autre — ceci est un jugement personnel. Il faut donc un pis-aller : la psychologie.

> Je ne nie pas ce phénomène. mais revenons sur votre argument : cela nuira à ses revenus futurs (et probablement à la croissance). Le "riche" ne pourrait-il pas se rendre compte que le luxe ne lui rapporte rien à long terme ?

Je crois que vous avez mal compris mon argument "l’impôt progressif est mauvais car il nuit aux revenus futurs des travailleurs au bénéfice de leurs revenus futurs". Ce n’est pas votre faute, j’ai fait un raccourci un peut rapide, et je m’en excuse. Le problème est que ceux qui défendent cette mesure affirment que cela nuit uniquement aux intérêts des riches, pas celui des pauvres salariés. Je dis que cela est un mensonge. Le jour où le problème sera posé dans les termes "l’ISF est bon car il permet de donner aux salariés d’aujourd’hui une partie de leurs salaires de demain", je ne ferai plus cette objection (mais j’en aurai une autre : de quel droit la collectivité peut elle faire ce choix qui devrait être personnel ?).

Et oui, consommer affecte négativement nos revenus de demain, riches comme pauvres ; mais le but est tout de même de consommer et non de mourir de faim sur un tas d’or. Il n’est pas irrationnel de consommer. Il s’agit juste de trouver un juste milieu entre consommation et épargne, juste milieu parfaitement subjectif et personnel (partant, rationnel).

> Je dirais que c’est toute la difficulté d’une démocratie : définir les choses pour nos relations au sein de la société. [...]. C’est exactement le passage du niveau théorique au niveau expérimental, et c’est extrêmement difficile.

> Je ne prétends en rien savoir cela : je me repose donc sur le consensus démocratique (quand il existe)

Le problème est précisément là ! Si on appelle "concensus" 50.00001% des voix exprimées, alors le concensus existe évidemment toujours. Est-il pour autant juste ? Lorsque l’on demande de s’exprimer sur quelques points comme "faut-il punir les criminels", pas difficile d’avoir un concensus quasi-unanime. Mais plus vous étendez les fonctions légitimes de cette démocratie, plus le concensus devient difficile à atteindre. Par exemple, passer de la question "faut-il punir les criminels" à "comment punir les criminels" fait déjà plus débat (peine de mort, droits d’un accusé non jugé...). Et vous voulez réglementer démocratiquement le blé et les pommes de terre ? Je vous affirme que votre seul concensus sera ces 50.00001%

> Il protège surtout la population de dictatures qui maintiennent leur population au statut d’esclave.

Lapin compris smiley

> Comme ils sont aussi intelligents que nous, ils n’ont pas besoin de nous pour les mettre sur pied, leurs capitaux. Vous semblez très prétentieux, dans votre phrase.

Le capital n’a pas besoin d’intelligence. Il a besoin de beaucoup de temps. C’est vous qui êtes prétentieux : si comme vous semblez le prétendre ils ont les moyens matériels, s’ils le veulent, de mettre en place une économie aussi efficace que la nôtre en un claquement de doigts, la seule explication à leur pauvreté serait une stupidité congénitale. Je préfère croire qu’ils manquent de capitaux plutôt que d’intelligence smiley.

> Ensuite, votre théorie est-elle vérifiée dans les faits ?

Je ne sais pas, je n’ai jamais été en Afrique, et j’ai tendance à ne pas faire confiance aux médias verseurs de larme de crocodiles. Je sais deux choses :

 * que je ne vois pas comment apporter capitaux à un peuple peut l’appauvrir.
 
 * Qu’un économiste notoirement anti-libéral (Paul Krugman), spécialiste de l’économie internationale, a reconnu les bienfaits de la mondialisation (http://econo.free.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=18&Itemid=2&codenote=8). Je sais pas vous, mais quand les libéraux, les anti-libéraux, et ma propre raison convergent à la même réponse, j’ai tendance à mettre foi en cette réponse smiley


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès