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morytraore.com Yrom 5 décembre 2008 09:01

 Vous auriez pu mépriser complètement mon point de vue en y répondant même pas. Le fait que vous vous donniez la peine de rédiger ce commentaire est un acte de générosité et de sincérité que j’apprécie beaucoup. 

Certaines de mes affirmations semblent vous avoir offusqué, et vous avez parfaitement raison. Je reconnais qu’il y a une sorte d’insolence plus ou moins choquante dans le fait de mettre en doute des idées communément admises. Selon les sensibilités, cela peut être assimilé à une gifle et il faudrait s’attendre en retour, à recevoir la pareille. Je vous présente mes excuses de vous avoir choqué.

Cependant, permettez-moi de mieux préciser mes intentions. Votre réaction prouve que vous êtes conscient du fait qu’il s’agit bien d’une remise en cause.

Dans la pièce de théâtre de Samuel Beckett, « En attendant Godot », Estragon, aux prises avec sa chaussure, après un suprême effort parvient à l’enlever. Il l’examine, la suspecte…

- Vladimir l’observant, dit : « Voilà l’homme tout entier, s’en prenant à sa chaussure alors que c’est son pied le coupable. »[1]  

Dans le cas précis qui nous concerne, ce qui est en cause n’est pas l’écriture mais notre vision. Je ne dis pas « votre » vision mais « notre » vision car je ne suis guère différent de vous. Ma démarche s’apparente plus à une autocritique qu’à une critique de l’autre.

Vous savez dans l’enseignement académique nous ingurgitons beaucoup d’inexactitudes dont il n’est pas facile de se défaire. Il faut parfois plus de temps pour s’en débarrasser qu’il en a fallu pour les apprendre. Pour ma part, il m’a fallu faire une mue parfois douloureuse, comparable à l’équarrissage d’un animal vivant. Je crois être bien placé pour vous comprendre.

Bien sûr, je n’ai pas le monopole de la souffrance, mais j’ai beaucoup souffert de l’injustice et des absurdités incompréhensibles de ce monde. Des choses sans nom qui pourraient conduire un être à la négation des autres et de lui-même. Heureusement j’ai en moi une dose d’amour qui m’a poussé à chercher à comprendre. Cette recherche, depuis plus de vingt ans, a débouché sur les effets des médiums.

Évoquer les effets d’un medium ne signifie pas être pour ou contre ce medium. Il ne s’agit pas d’une approche morale (le bien contre le mal). 
Il est important de connaître le maximum d’effets d’un médium, pour encore mieux s’en servir. J’aime bien l’écriture. Il est, encore de nos jours, certaines choses qu’on ne peut réussir, que grâce à l’écriture.

Selon Marshall McLuhan (1964) les technologies sont les prolongements de l’homme. On pourrait écrire aussi que l’homme est le prolongement des technologies (médiums). Autant nous manipulons les médiums, autant les médiums nous manipulent. Quand nous utilisons un médium, ce médium nous impose son esprit et ses lois.

Avoir en conscience les effets nous aide à maintenir la distinction entre les médiums, pour ne pas sombrer dans la confusion, et surtout, pour éviter l’identification au médium. Quand nous nous identifions totalement au médium (par exemple l’écriture) notre humanité s’efface pour laisser agir uniquement l’esprit et les lois de l’écriture.

M. Obama mérite de ma part une haute considération, en revanche je serai bien ridicule parlant de moi-même de m’attribuer cette haute considération. Cette modestie est une façon de parler conforme à l’esprit de l’oralité. Il n’y a aucune contradiction avec l’affirmation : « Aucun n’est supérieur à l’autre  ». Vous savez certains raisonnements et principes de contradiction des philosophes, tels que le « A et non-A », sont des lois imposées par l’Ecriture.

[1] Beckett, Samuel. 1952. En Attendant Godot. Paris : Les Editions de Minuit.


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