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easy easy 18 décembre 2008 21:06

@ Franc,

Je venais de quitter le Vietnam et d’arriver en France lorsque j’ai appris le massacre de My Lai perpétré sur mes cousins, sur mes cousines par les GI’s. J’ai eu tous les détails. Je risquais de devenir fou et de massacrer à mon tour tout Américain et toute personne qui m’en aurait empêché.
En réponse à ce risque de péter les plombs, mon esprit a eu le bon sens de me proposer de rechercher la meilleure solution pour le futur.
Exit alors la vengeance.
Par contre il fallait travailler dur
Il fallait tout saisir, tout analyser et tout dire.
Dans ce "tout dire" fallait-il faire cent pages sur les éventrements au couteau, sur les viols, sur les massacres d’enfants ? Je pense que quelques pages suffisaient. En quelques photos, tout le monde peut saisir l’ampleur de la diablerie.
En revanche, pour le futur, il fallait faire 1000 pages sur le comment un tel massacre peut se produire ; Comment un groupe de jeunes n’ayant encore tué personne jusque là, peut se comporter de façon aussi diabolique en une conversion de seulement quelques heures. Pourquoi ce délire a-t-il contaminé toute la section mais avec des exceptions. Pourquoi certains résistent à l’hystérie meurtrière.

C’est d’une telle étude et de sa publicité que pourraient ressortir de nouvelles procédures militaires afin que cela ne se reproduise pas (c’est voeux pieu mais que faire de plus)
1000 pages d’explications sur les mécanismes qui président à une telle folie meutrière ne ressuciteront pas les victimes mais d’une part cela permettra à tous les protagonistes (même ceux des bureaux) d’être appelés à entendre le procès et donc de donner aux parents des victimes le sentiment que leur cri a été entendu et considéré au plus haut niveau, d’autre part de montrer notre très forte volonté de disséquer un tel drame pour mieux former la soldatesque, enfin de juger de façon précise les vrais responsables et de les sanctionner (encore qu’en matière militaire, si les ordres sont venus du sommet, il n’y a pas de sanctions possibles).



Aujourd’hui encore, il y a des scènes de retrouvailles entre deux soldats autrefois ennemis. S’ils peuvent se réconcilier, pour le plus grand bonheur de tous, c’est que tout aura été dit tant sur leurs tueries que sur les mécanismes de conditionnement (militaire et civil) des soldats.



Revenons au cas de cette mère cinq fois infanticide
Son crime, ses crimes, ne font pas débat. Elle ne les nie pas.
Il reste quoi à faire alors sinon comprendre, essayer de comprendre comment une mère peut en arriver là. On, ne va pas faire 100 pages sur les égorgements ni sur les râles des gosses n’est-ce pas ?
On ne va pas non plus faire des photos détaillées de leurs gorges tranchées n’est-ce pas ?
Alors il nous reste à parler de cette femme, de son contexte, de ceux qui l’entouraient, de ceux qui l’ont abandonnée aussi. Et là, bin oui, ça commence à nous toucher. Notre responsabilité de compatriote est infime mais non nulle. Il faut que ce procès nous touche jusqu’à nos infinitésimales responsabilités

Maintenant, imagninons que les enfants n’aient été que blessés, qu’ils aient survécu.
Idéalement, dans leur intérêt, il faudrait arriver à quel résultat sinon à une réconciliation complète ?
Comment avoir la moindre chance de réussir cette très difficile réconciliation si, après avoir parlé des souffrances et traumatismes des enfants, on ne parle pas des circonstances atténuantes que peut avoir cette mère ?
Il faut forcément que les enfants puissent voir, grâce à nos analyses, les circonstances atténuantes de leur mère (dont une vision altruiste pervertie par sa désintégration psychologique) pour qu’ils puissent lui pardonner, non ?

Il va de soi que toutes les précautions doivent être prises pour s’assurer que la mère ne recommencera plus et il faudrait déjà que sa situation soit devenue meilleure. Il faudrait qu’elle se sente mieux comprise, mieux soutenue etc.

Bref il s’agit de tout faire pour rompre les cercles vicieux et favoriser la formation de cercles vertueux

Sinon quoi, on ne va parler que du sang qui a giclé, du couteau qui a tranché, du sang partout puis on va la pendre vite fait ? Sous les yeux de ses enfant survivants s’ils avaient survécu ?

Ici les 5 gosses sont morts. Bon alors on ne va parler que de leur panique et que de l’injustice qui leur a été faite ? De la perte que subit le père, la grand-mère, le grand-père, la tante Louise ? Mais on ne dira pas un mot sur le caractère de cette femme, sur son état psychologique, sinon une bonne volée d’injures ? Puis on la pendra vite fait à l’aube ? Sans avoir rien compris des causes d’un tel drame ? Sans avoir tiré le moindre enseignement d’un tel sacrifice ?
Bin en ce cas, il me semble que ça verse dans le voyeurisme et dans la vengeance, rien de plus






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