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Jean-Luc Crucifix Jean-Luc Crucifix 10 février 2009 02:06

@ Bastimon

Je comprends votre trouble. Je me suis moi-même posé des questions sur une possible filiation avec les régimes des années 30 dont vous parlez. Pour apporter quelques précisions, je me référerai à la définition de totalitarisme à laquelle vous faites allusion :

"Par le monopole des médias, de la culture, de la classe intellectuelle, il tente de dominer complètement -totalement- les différents aspects de la vie sociale et privée." > On est très très loin d’en être là au Venezuela. Les médias, la culture, la classe intellectuelle se trouvent en grande partie aux mains de l’opposition.

"À tous les échelons de l’existence -la famille, le quartier, le lieu de travail ou de loisirs- un régime totalitaire établit des mécanismes d’encadrement qui s’appuient sur la suspicion, la dénonciation et la délation." > On n’en est pas là non plus. Il y a un réel débat démocratique dans la famille, dans le quartier, sur les lieux de travail et de loisir. Il porte souvent sur des enjeux qui vont bien au-delà du débat démocratique dans un pays du Nord. 

"[Le régime totalitaire] a pour but d’institutionnaliser globalement sa domination, en transformant radicalement l’ordre politique, culturel et économique existant en fonction d’une idéologie homogène et unifiée autour de quelques principes. La prétention d’un tel régime est souvent de construire un « homme nouveau », radicalement différent du passé. " > Sur ce point, il y a des correspondances indéniables, du moins dans le discours. En fait, on s’aperçoit rapidement que ce discours est bien trop grand si l’on tient compte de la réalité sociologique du peuple vénézuélien : inconstant, désordonné, hyperconsommateur, individualiste, jouisseur... On voit mal comment une idéologie homogène pourrait s’installer ici.

"Un régime politique est dit totalitaire lorsqu’il exerce son emprise sur l’ensemble des activités des citoyens et qu’il abolit, ou tente d’abolir toute notion de vie privée." > Là non plus on n’y est pas et on ne voit pas comment on pourrait y arriver.

Conclusion : on reste loin du compte. Ce serait plus inquiétant si Chávez avait le même succès sur les bords de la Seine, du Rhin, du Potomac ou du Saint-Laurent. Mais nous sommes au Venezuela, pays producteur de pétrole, qui est sans doute l’un des pays au monde sociologiquement les moins bien préparés pour le totalitarisme auquel vous faites allusion. Au delà, il reste le discours, qui, j’en conviens, peut paraître inquiétant si on s’en tient à lui. 

Finalement, me direz-vous, à quoi sert le chavisme ? A apporter aux plus défavorisés du pays des acquis sociaux indéniables dans les domaines de la santé publique, de l’éducation, de la culture populaire, etc. Ainsi qu’un autre acquis, moral celui-là : la dignité.


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