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FYI FYI 16 mars 2009 17:38
				 				Clairoix : il est temps de dégonfler les spéculateurs, pas les emplois ! 				 				

Hier, alors qu’il s’apprêtait à s’expliquer devant les employés de son usine de pneus Continental de Clairoix (Oise), le directeur Louis Forzy a été la cible de jets d’œufs. Le groupe vient d’annoncer la fermeture du site où travaillent 1120 personnes et qui concerne au moins 3000 emplois. Le directeur a même failli se faire transpercer par un drapeau lancé comme un javelot par des syndicalistes furieux. Le personnel est d’autant plus en colère que la direction, en 2007 avait signé un accord sur la « sécurité de l’emploi » en échange d’un retour aux quarante heures, payées 38…

L’historique de cette affaire dévoile la dynamique infernale de l’effondrement économique et financier actuel. En 2007, Continental AG, une société transnationale allemande, engrange des profits conséquents. Elle décide même de se diversifier dans l’électronique en achetant Siemens VOD pour 11,4 milliards d’euros, devenant ainsi le cinquième équipementier automobile mondial au niveau des volumes des ventes.

L’intégration de VOD s’avère lente et coûteuse. Continental perdra également de l’argent à cause d’une mévente des pneus neige, sa spécialité. Affaibli, en juillet 2008, la firme est victime d’une OPA hostile monté par Shaeffler Gruppe, une PME bavaroise spécialisé dans les roulements à bille, reconvertie dans les raids financiers hyperagressifs. La PME, pourtant trois fois plus petite que Continental, grâce à un prêt de 22 milliards d’un consortium de banques dirigé par Commerzbank/Dresdner (en dépit des protestations de la Bafin, l’autorité allemande de régulation des marchés), réussit son raid.

D’après le sénateur UMP Philippe Marini, ce sont ces banques « qui exercent le pouvoir aujourd’hui et qui ont évincé l’héritière bavaroise » à la tête de Shaeffler, depuis la crise financière.

Avec l’explosion de la bulle financière, c’est le sauve qui peut. Avec la crise automobile, les carnets de commande sont revus à la baisse. Au lieu des 7 millions de pneumatiques produits en 2008, on espère en vendre 5 millions cette année. Les délocalisations, surtout à l’intérieur de l’Europe, font le reste. Fabriquer un pneu à Clairoix, « le site le plus cher du groupe », coûte 9,6 euros l’unité. A Timisoara, en Roumanie, ce prix est de moins de cinq euros…

La débâcle financière fait perdre de l’argent aux banques qui poussent Shaeffler à trier dans l’appareil industriel et les hommes qui la font fonctionner. D’où la décision de fermer le site de Hanovre en Allemagne (780 emplois) et celui de Clairoix.

Le secrétaire d’Etat à l’Industrie, Luc Chatel, parle de « trahison ». Laurent Wauquiez, secrétaire d’Etat chargé de l’Emploi estime que les salariés auraient « raison » de porter plainte contre leur employeur, car « les règles de l’information n’ont pas été respectées ». Pour sa part, Sarkozy a promis d’en parler à la chancelière allemande Angela Merkel. Cette dernière a promis d’en parler à son tour au groupe qui, sans doute, va en toucher un mot aux banques. Pendant que les uns parlent, c’est les autres qui décident.

Seule une politique de mise en faillite ordonné suivie de mesures de redressement de l’ensemble de l’économie mondiale peuvent nous faire sortir de cette logique infernale.

Car, restant sans trier les « titres toxiques » du système financier agonisant, nous assisterons fatalement au triage des hommes et de l’économie réelle dont ils dépendent. Voilà ce fascisme financier que tout le monde doit combattre.


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