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Antoine Diederick 9 avril 2009 15:46

thématiques proches méta communication

El Desdichado

Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l’Inconsolé,
Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Etoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m’as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le Pampre à la Rose s’allie.

Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
J’ai rêvé dans la Grotte où nage la sirène...

Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.

Gérard de Nerval

Prendre conscience d’une fatalité redoutable , ICI

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Fourier.

Charles Fourier et ses disciples développèrent la théorie - dont les grandes lignes correspondent
aux thèses développées dans Les Chimères - selon laquelle la Terre subirait une série de transformations avant de voir s’instaurer la période de l’Harmonie, ou le nouvel âge d’or. Durant le règne de l’Harmonie, il deviendra possible de connaître toute la gamme des passions humaines - douze en tout ; c’est donc le douze qui est le nombre harmonique par excellence, comme dans Les Chimères, où « Vers dorés », douzième sonnet de l’ensemble, évoque l’harmonie universelle. Néanmoins, à ce nouvel âge harmonien correspondra un bonheur si intense qu’il verra l’essor d’une nouvelle passion - « la treizième » [47]. Celle-ci, nommée « harmonisme » ou « unitéisme » [48], réunit en
elle les douze passions fondamentales, de même que « les sept rayons colorés du spectre solaire se
résolvent unitairement dans le rayon blanc. » [49] « La treizième » n’est pas complètement inconnue
sur cette terre, puisque l’Harmonie existait autrefois et que « son germe existe dans nos âmes » [50] ; elle constitue la passion dominante chez les hommes de génie, qui, animés par l’esprit harmonien, deviennent les prophètes du nouvel âge d’or [51] ; grâce à leur message, le retour de « la treizième » est sans cesse annoncé ; son retour constitue la promesse d’une transformation du monde.

Lorsque le narrateur annonce, au début d’« Artémis », que « La Treizième revient » [52], il exprime la
même promesse. Le retour tant attendu de « La Treizième » a deux conséquences : il entraîne la
 destruction des forces présentées comme malveillantes et hégémoniques (dans les vers 12-13) ; il
libère ceux qui étaient opprimés et emprisonnés au fond de l’abîme (vers 14). Chez Nerval, comme
 pour Fourier, le retour de « La Treizième » signale le début d’une nouvelle ère d’harmonie et de justice.
Mais les ressemblances se poursuivent sur d’autres plans : si « La Treizième » de Nerval a la même
 fonction sociale que celle de Fourier, elle a aussi les mêmes attributs. Pour le poète, « La Treizième »
 est à la fois la « première » et la « seule » (vers 1 -2) - celle qui englobe et surpasse les autres,
tout comme la treizième passion, première et seule parce que supérieure, ancienne et unitaire.
 Ensuite, « La Treizième » de Nerval s’associe à une période qui se prolonge indéfiniment ;
elle est « le seul moment » (vers 2). Encore une fois, la comparaison avec Fourier s’impose.
 L’essor de la treizième correspond à la période où l’Harmonie s’instaure sur tout le globe.
 Selon sa doctrine, c’est aussi le seul moment, le moment qui dure plus longtemps que tous
les autres [53], le moment parfait auquel tend l’Humanité depuis son éviction du paradis.
Victor Considerant constate, dans les tomes qu’il consacre à l’exposition de la doctrine du maître
, que la treizième passion ou l’unitéisme est le terme de l’évolution humaine. Selon lui, l’unitéisme
 est aussi une fin et un tout ; c’est la passion grandiose et pivotale, le divin besoin de l’unité, de l’ordre
 universel, de l’Accord supérieur et final, de l’union des parties dans le tout, de la conjonction
hiérarchique de l’être intégrant avec l’infini [54].

et Artémis

 

La Treizième revient... C’est encor la première ;
Et c’est toujours la Seule, - ou c’est le seul moment :
Car es-tu Reine, ô Toi ! la première ou dernière ?
Es-tu Roi, toi le seul ou le dernier amant ? ...

Aimez qui vous aima du berceau dans la bière ;
Celle que j’aimai seul m’aime encor tendrement :
C’est la Mort - ou la Morte... Ô délice ! ô tourment !
La rose qu’elle tient, c’est la Rose trémière.

Sainte napolitaine aux mains pleines de feux,
Rose au coeur violet, fleur de sainte Gudule,
As-tu trouvé ta Croix dans le désert des cieux ?

Roses blanches, tombez ! vous insultez nos Dieux,
Tombez, fantômes blancs, de votre ciel qui brûle :
- La sainte de l’abîme est plus sainte à mes yeux !

Etonnantes thématiques qui se retrouvent un peu partout repris....


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