Votre article est intéressant parce
qu’il dévoile un aspect trop rarement évoqué au sujet de l’Iran me
surprend néanmoins quelque peu.
Je connais bien l’Iran depuis plus de
dix ans et y ai vécu plusieurs mois dans la famille de mon épouse.
J’y séjourne encore régulièrement.
Résumer l’Iran à ce que vous avez pu
observer au nord de Tehran ou dans la station de ski huppée de Dizin
me paraît tout aussi caricatural que le discours traditionnel des
medias occidentaux !
Sans doute n’avez-vous pas vu que, par
exemple à Vanak - place commerçante à la lisière du quartier
« riche » situé au nord de Tehran, la police religieuse est
omni- présente et procède journellement à de nombreuses
arrestations, généralement de jeune femmes, au prétexte qu’elles
seraient maquillées, fusse légèrement. Pas plus que vous n’avez
observé le manège de Bassidji, cette police composée de civils
endoctrinés hyper-religieux, généralement jeunes et peu éduqués,
qui arrêtent les jeunes semblant s’amuser un peu trop gaiement.
L’Iran et son immense culture est
infiniment plus complexe que ces clichés rapportés par des
touristes qui ne voient que les beaux quartiers de Tehran.
Il faut circuler en dehors de la
capitale, rencontrer les citoyens, entendre leurs difficultés à
boucler un budget alors que l’inflation officielle est de près de 30
%. Il faut savoir qu’une jeune secrétaire à Tehran gagne
péniblement 250 euros par mois alors qu’un loyer pour un appartement
modeste est de 400 euros et implique le dépôt d’une sorte de
garantie de 10 à 20 mille euros. Il faut aussi prendre conscience
que le chômage ne cesse de croître, que les soins médicaux sont
coûteux tout comme le sont les études.
Quant au système politique, il n’a de
démocratique que les apparences. Vous dites que quatre candidats se
présentent aux prochaine élection. En fait ils ont fait acte de
candidature... Mais celle-ci doit encore être acceptée par le
Conseil Suprême, c’est-à-dire en fait l’Ayatollah Khamenei. Sans
son imprimatur, nul nepeut être candidat. Ce qui lui permet
d’exercer, par personne interposée, un pouvoir dictatorial absolu.
J’aime le peuple persan et ce
magnifique pays. Mais je ne sais comment ni quand les Persans
pourront retrouver la liberté qui leur permettra d’établir à
nouveau des liens avec la culture occidentale qui, pour une large
part, est née en Perse !