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pigripi pigripi 16 juillet 2009 11:58

anti judaïsme dans l’Islam, suite
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L’Emancipation du Dhimmi

Ce bref survol de la vie juive dans les pays de la diaspora orientale permet une constatation importante. Alors que dans le monde chrétien l’anti-judaïsme relève d’une doctrine fondée sur des bases dogmatiques ayant des racines inamovibles dans les textes du Nouveau Testament et solidement consolidée et enrichie au cours de nombreux siècles, la contrepartie islamique puise ses motivations dans quelques sentences du Coran, dont on retient principalement les attitudes versatiles de Mahomet dans ses relations avec son entourage juif.

On peut relever que, entre la naissance de l’islam en 622 EC et le début du 20ème siècle, les prescriptions du Code d’Omar qui en dérivent, bien que servant de base pour réglementer la vie des Juifs sous son hégémonie, furent plus ou moins appliquées, souvent dans un esprit de large tolérance, parfois même totalement oubliées, dans la mesure où les relations entre les deux ethnies - très liées par des affinités religieuses, ne subissaient pas de graves perturbations.

Jusqu’au début du 20ème siècle, un modus vivendi, supportable et durable, s’était consolidé entre Musulmans et Juifs, et rares étaient les incidents qui venaient l’altérer. Un événement capital pour les Juifs a mis fins à cette situation, radicalement dans les pays de langue arabe, et à de degrés décroissants d’animosité dans d’autres pays de l’islam. Le développement du sionisme et la création de l’Etat d’Israël, qui en fut l’aboutissement, ont amené, en un premier temps, les pays limitrophes non seulement à déterrer la hache de guerre, mais aussi à développer, parallèlement, une campagne d’anti-judaïsme farouche de portée universelle, sans précédent dans l’histoire, touchant tous les Juifs indistinctement.

Dans le courant d’hostilité que cet événement déclenchait, il allait de soi que les mesures graves prises contre les ressortissants Juifs des pays entraînés dans le conflit, provoquassent leur exode massif ou carrément leur expulsion. C’est ainsi que, de 1948 à 1951, environ sept cent mille Juifs quittaient les pays de langue arabe : Aden, Egypte, Iran, Irak, Liban, Libye, Maroc, Syrie, Tunisie, Yémen. Ils étaient, pour la plupart, dépossédés entièrement de leurs biens. Faute de moyens de subsistance, plus de la moitié d’ente eux cherchaient refuge en Israël, tandis que les autres se transféraient principalement en France, au Canada et au Brésil.

Ce grand chambardement ne suffisait pas à calmer la colère des populations autochtones concernées. Sous l’égide des autorités religieuses, une vaste campagne était orchestrée pour étendre l’hostilité par le couplage d’anti-sionisme et d’anti-judaïsme généralisé, le mouvement étant renforcé par deux facteurs politiques :

 ? La fanatisation des masses populaires dans des pays profondément sous-développés contre un ennemi déjà
entaché par les préjugés dérivant du Coran, pour leur faire oublier ou banaliser leurs conditions de vie
misérables ;
 ? L’emploi de cette arme par des souverains ou des dictateurs dans le but d’affermir leur pouvoir absolu,
autrement fragile et chancelant sous des régimes arbitraires et corrompus soutenus par la classe religieuse.

A cette atmosphère déjà lourde de conséquence s’ajoute une blessure émotionnelle profonde. Les défaites infligées aux Etats arabes limitrophes par Israël constituent la source d’humiliation la plus profonde que l’islam n’ait jamais subi depuis sa naissance, surtout venant de ce qui n’était naguère qu’une minorité sans défense, aussi bien parmi les Chrétiens que les Musulmans.

Pour mobiliser l’opinion publique dans tous les pays islamiques, et accentuer l’animosité non seulement contre Israël, mais surtout contre tous les Juifs sans distinction partout dans le monde (en suivant l’exemple consacré par le christianisme sur le principe de la culpabilité solidaire), les dirigeants de l’Université Al-Azhar au Caire convoquaient la 4ème Conférence de l’Académie de recherches islamiques en septembre 1968, un an après la cuisante défaite subie par l’Egypte et ses alliés limitrophes à la Guerre de six jours.

A travers la masse des textes des comptes-rendus, recueillis dans un volume d’un millier de pages, les délégations venues de tous les pays de l’islam, conduites par 77 ulémas, déballent un flot gigantesque d’injures, ponctuées de menaces de punition divine éternelle, dirigées non pas contre l’Etat d’Israël, mais sans distinction contre tous les Juifs dans tous les pays.

Bien que le Coran domine comme source d’inspiration, ces sages ne dédaignent point de puiser des arguments et des slogans à l’anti-judaïsme doctrinal des pères de l’Eglise, d’Edouard Drumont, à des légendes classiques - comme celles de meurtre rituel - à des calomnies rappelant les Protocoles des Sages de Sion, au vocabulaire raciste de Rosenberg, Goebbels et Hitler, et plus récemment à celui de la propagande soviétique. Pour ne ressortir que l’accent des propos de ces éminents personnages, voici en résumé un échantillonnage de quelques- uns uns parmi les plus pittoresques, groupés en trois volets :

1er volet

- Déformation ou distorsion de l’histoire du judaïsme - depuis Abraham et à travers quatre millénaires - par une analyse tendancieuse des textes sacrés Juifs : l’Ancien Testament et le Talmud.

-  Au premier abord, la cause du comportement malfaisant des Juifs est qu’il leur a été transmis par leurs
ancêtres. En fait, c’est leur livre sacré (l’Ancien Testament) qui leur enseigne les pires choses. On
n’imagine jamais que ce livre inculque dans leur esprit des règles de conduite que seul le diable pourrait
approuver.

-  Dans le passé, des catastrophes survirent aux Juifs si fréquemment, que seuls échappèrent à la destruction
les prisonniers et les vagabonds.

-  Abraham était un Arabe, qui émigra avec sa tribu de l’Arabie vers l’Irak, puis au sud en Palestine. Il amena
son fils Ismaël en Hedjaz, où il posa les fondations de la maison sacrée de la Mecque. Abraham n’était ni
Israélite, puisque Israël était son petit-fils, ni Juif, puisque les Juifs descendent de Juda, fils d’Israël, et ne
pouvait pas être Chrétien, puisque Jésus apparut bien longtemps après. Donc, Abraham ne fut ni Juif ni
Chrétien, il fut muslim.

-  Les Israélites, comme il est dit dans le 13ème volume de la Michnà ( ?), sanctionnent le meurtre de l’homme
ignorant. Les commentateurs sont d’avis que les ignorants doivent être éventrés comme on éventre les
poissons.

-  Leur livre sacré, aussi bien que le Talmud, sont remplis de forfaits, de crimes et d’agissements horribles, qui
font penser qu’ils ont pleinement mérité tous les désastres et les afflictions qu’ils ont encourues.

-  Il n’y a qu’un nombre insignifiant de Juifs qui quittèrent les pays arabes (depuis le conflit avec Israël),
surtout à destination du Brésil, de l’Argentine, du Canada et d’autres pays occidentaux. Cette migration fut
encouragée par Israël, qui préfère des Juifs européens à ceux des pays arabes, considérés comme Juifs de
deuxième catégorie, qui doivent s’établir dans des pays occidentaux, acquérir des coutumes modernes, avant
d’être dignes d’être admis en Israël.

2ème volet

- Partant de distorsions des textes bibliques et de l’histoire, composition d’un tableau faisant apparaître les Juifs comme les êtres les plus abjects de l’humanité. c’est le cheikh Abdallah-el-Mechad qui, s’inspirant des vitupérations de Mahomet dans le Coran (et apparemment, par leur affinité, de celles de l’évêque Jean- Chrisostome d’Antioche au 4ème siècle) dresse l’inventaire suivant des iniquités des Juifs :
-  Désobéissance à Dieu - manque de foi en ses prophètes, propension à l’assassinat - parjure, dureté de coeur
- ergotage et double -face - lutte contre la vérité et tromperie - hypocrisie - égoïsme - propension à corrompre autrui - absence de conscience - désir de nuire - ressentiment contre les bienfaits accordés à autrui- morgue et suffisance - opportunisme et exploitation - tendance à transgresser la loi - lâcheté indécence dans la parole - avarice - prétention la plus excessive - crainte de la mort - mutilation des livres sacrés.

De tous cela on déduit facilement que les persécutions auxquelles les Juifs ont été exposés dans certains pays

d’Europe, et en particulier en Allemagne (Holocauste), étaient dues aux agissements secrets menés par des

magnats Juifs contre les gouvernements établis, ainsi qu’à leur domination grâce à leur influence financière et à

leurs méthodes sournoises, sur les classes sociales des pays où ils vivaient, et enfin à leur adhésion au racisme

religieux.

Toutes ces accusations servent à démontrer l’impossibilité de la moindre entente avec les Juifs et justifient

l’attitude prévalant dans les pays musulmans de les traiter en peuple « dhimmi », toléré et protégé contre la

colère des fidèles (Musulmans). Mais les dirigeants se demandent comment peuvent-ils maintenir leur

engagement de les protéger, lorsqu’ils ne cessent de violer les devoirs et les obligations les plus élémentaires

envers leurs protecteurs.

3ème volet

- Ainsi marqué comme une tare dangereuse pour toute l’humanité (le cheikh Hassan Khald les traitant de

« chiens de l’humanité »), méconnaissance aux Juifs d’un statut de citoyens à part entière dans toutes les nations

et rejet de toute idée quelconque d’un Etat juif, au besoin par le « djihad » (guerre saine).

Les tares des Juifs leur font mériter la haine que leur vouent et les persécutions que leur infligent tous les peuples

parmi lesquels ils ont vécu. C’est pourquoi, les Juifs sont condamnés à errer pour l’éternité, comme des

vagabonds sans but, tantôt tolérés, tantôt pourchassés. (En cela, sous une version 20ème siècle, l’islam prend la

relève de la malédiction du Juif errant que la chrétienté semble vouloir abandonner).

Il va de soi que, en vertu de cette condamnation, la solution consistant à accueillir les Juifs dans un Etat à eux

doit être rejetée, puisqu’elle irait à l’encontre de la condamnation elle-même. Le sionisme est la même chose que

le judaïsme, puisqu’il cherche à atteindre les même buts de domination mondiale par l’action politique.

Après l’énorme déballage de haine anti-juive par la Conférence d’Al-Azhar, il est intéressant de rappeler un

principe consolidé dans l’islam, énoncé par le philosophe arabe Al-Tabarani dans son ouvrage «  »Al-Aousat " :

Le mensonge est un péché, sauf quand il sert pour le bien-être d’un Musulman ou pour le sauver d’un désastre ".

Voilà qui est bien clair et édifiant, et qui explique un trait dominant de la mentalité arabe, surtout en cas de

conflit extérieur. On est alors amené à se poser cette simple question : où est la vérité et ou commence le

mensonge ? En remontant le cours de l’histoire de l’islam, depuis Mahomet à nos jours, ce qui émerge tout le

long c’est la versatilité des peuples arabes, l’opportunisme les faisant évoluer brusquement d’une inimitié

farouche à une amitié débordante. De tels changements ont toujours été fréquents, non seulement envers le

monde extérieur, mais également et aussi fréquemment au sein de l’islam, aujourd’hui entre « frères », pouvant

devenir demain des ennemis mortels. Ce trait de leur caractère se trouve dans l’esprit même du Coran, où un

Janus omniprésent affiche tantôt le visage de la paix, tantôt celui de la guerre, face au même interlocuteur, en

l’occurrence le peuple juif.

Alors que jusqu’au début du siècle l’anti-judaïsme islamique semblait s’estomper, grâce à l’évolution sociale et

économique des masses dans plusieurs pays, un événement majeur - la restauration d’Israël - est venue le

raviver, en lui donnant une ampleur internationale jamais connue auparavant, surtout par sa mise à la remorque

du conflit arabo-israélien. En effet, depuis 1948 on assiste à des manifestations d’hostilité, voire même à des

attentats de plu en plus meurtriers contre des organisations juives, allant jusqu’à incendier de synagogues, dans

les conditions les plus lâches.

La publication et une large diffusion de protocoles de la 4ème Conférence islamique marque le démarrage

d’une vaste campagne de propagande dirigée contre le judaïsme dans le monde sans discrimination, comme base

incontournable de tout le conflit, ne laissant apparaître le problème israélien que comme un corollaire et une

exemplarité démonstrative d’une haine qui couve depuis le temps de Mahomet.

Sur cette plate forme s’organise un immense réseau d’information alimenté par des contributions financières

plantureuses provenant principalement des pays arabes producteurs de pétrole - Arabie Saoudite en tête -, et

encadré de personnel chevronné formé à bonne école en Egypte et au Liban.

Il va de soi que c’est aux Etats Unis que se concentre la première étape de cette gigantesque entreprise dans deux

directions : l’ONU, où le clan arabe jouit d’une majorité permanente qui pèse sur la politique mondiale dans le

conflit ; la communauté juive américaine, voie la plus appropriée pour accentuer la pression sur les dirigeants

israéliens.

Parallèlement, une propagande insidieuse se développe par la presse à sensation, soutenue par des journalistes

d’envergure internationale et par des personnalités politiques que les sympathies financières des potentats du

pétrole ne laissent guère indifférents.

On voit bien les résultats de cette action dans l’opinion un peu partout, particulièrement en Europe et surtout en

France. Les messages de haine anti-juive diffusés par les capitales arabes reçoivent un accueil largement

favorable, non seulement parmi les masses populaires, facilement versatiles, mais aussi dans les milieux

intelectuels, où on n’hésite pas à diaboliser Israël, en montrant du doigt ses dirigeants comme des bourreaux, et

automatiquement le judaïsme mondial avec son soutien inconditionnel.

Cependant, tout cet échafaudage ne peut servir, à lui seul qu’à entretenir la polémique dans les chancelleries et à

enliser dans les méandres sans issue les motions élaborées par le lobby arabe à l’ONU, sans que cela entame en

rien la détermination des Israéliens à consolider leurs positions.

L’exaspération que suscite cet enlisement renforce le clan des extrémistes de tous bords et les encourage à

poursuivre la lutte armée. Mais par les échecs humiliants subis par les armées arabes sur les champs de bataille,

les organisations terroristes ont acquis la conviction de leur impuissance face à la forteresse israélienne. Cela les

amène à organiser la lutte clandestine contre des organisations communautaires juives hors d’Israël, dans des

pays de leur plus importante implantation, par les moyens les plus lâches.

C’est une transposition d’un précédent historique. Comme naguère encore, et depuis deux millénaires, la

chrétienté faisait peser la culpabilité du « crime de déicide » solidairement sur tous les Juifs partout dans le

monde, l’islam fait de même en transposant son anti-sionisme sur un anti-judaïsme généralisé, en s’appuyant sur

le Coran et le Code d’Omar.

Cette situation peut durer encore de nombreuses années. Elle pourrait s’atténuer et même disparaître en deux

temps. D’abord, dans un avenir rapproché, par une solution du conflit israélo-palestinien ; ensuite, à long terme,

à la faveur d’une coexistence pacifique intime des ennemis réconciliés, par une évolution économique, sociale et

intellectuelle de la population palestinienne.

Les versets du Coran cités par l’auteur proviennent de la traduction du livre saint de l’Islam, faite par Savary, et publiée par les éditions Garnier Paris, 1958.

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