A propos de Maurice Papon
Voici un extrait du livre blanc, de Hubert de Beaufort http://livreblanc.maurice-papon.net/introduction.htm
CHAPITRE II
LA PRÉFECTURE DE BORDEAUX
1- La Préfecture de Bordeaux : une citadelle de papier
2- Le diagramme des responsabilités
3- La Résistance en Gironde, l’OCM et l’affaire Grandclément
Dans cette capitale de la Gironde où les Allemands sont omniprésents
fonctionne une préfecture aux effectif modestes, (300 personnes), qui tente de
faire face aux multiples problèmes et drames de l’époque : le
ravitaillement, le STO, les bombardements, les exécutions, et bien entendu les
déportations politiques et raciales.
Une citadelle de papier, la Préfecture de Bordeaux ? La terme est
presque excessif. Il faudrait mieux parler d’une présence administrative n’ayant
pu fonctionner que grâce à une relative tolérance de la Kommandantur et du
KdS à accepter une Résistance discrète.
Quant à la Résistance armée, à Bordeaux comme ailleurs,
elle était soit infiltrée, soit anéantie comme nous le relatons à partir des
dossiers de René Terrisse, l’historien de la Gironde. Maurice Papon a
pratiqué la seule forme de Résistance efficace : celle de discrets
sabotages administratifs.
Pour étayer leur dossier, accusation et parties civiles ont
mis en avant les seules archives de la préfecture avec les pièces de
régularisation signées Papon en écartant les archives de l’Intendance de
police et les archives allemandes. Ces documents officiels français n’avaient
pas été pris en considération après la guerre, car l’on savait alors qu’ils
étaient conçus pour être portés à la connaissance des autorités
allemandes.
Comme le dit le rapport des experts de janvier 1985 qui fut
annulé par la Cour de Cassation (1) :
" Les choses essentielles ne sont pas écrites.
Entrer dans l’optique de l’Occupant peut constituer un moyen de protection,
voir de combat " (page
29 du rapport des experts)
(Voir aussi la déposition de P. Saufrignon, le policier
résistant déporté, au chapitre V).
Ni la Préfecture, ni Maurice Papon dans ses modestes
fonctions de sous-préfet ne pouvaient éviter les déportations : la seule
arme possible pour les atténuer reposait sur l’arme d’un formalisme
administratif auquel les Allemands restaient relativement sensibles. Comme nous
le verrons au chapitre suivant, plus de 150 personnes purent être ainsi rayées
du fichier des Juifs et une cinquantaine de demande de libérations furent
demandées à la Gestapo : plusieurs avec succès (voir
en particulier le cas d’Alice Slitinsky au chapitre VI ).
(1) Le rapport des experts, demandé par la Cour de Bordeaux en 1984 et remis
en 1985, fut annulé en 1987 : aucun nouveau rapport ne fut établi. (voir
chapitre VI : rappel des procédures).