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En réponse à :


Daniel Arnaud Daniel Arnaud 26 septembre 2009 20:50

@ Didier Lescaudron

Votre réaction, comme vos articles, s’appuient sur une série de présupposés douteux et de paralogismes. Par exemple, vous écrivez :

« Vous oubliez aussi avec le cas présenté dans votre article, que si une classe surexcitée en arrive à contester la parole d’un prof, alors cette même classe n’est pas très loin de contester tous les professeurs et tout le fonctionnement de l’établissement. La hiérarchie et ses équipes de terrain ont donc plutôt intérêt à se serrer les coudes et à faire front face à cette dégradation des comportements et des paroles juvéniles. »

Justement non, pas forcément. Dans un établissement où, depuis longtemps, les professeurs ont renoncé et adopté une sorte de « loi du silence » (voir le fameux rapport Obin, ainsi que les travaux de la HALDE...), la plupart d’entre eux peuvent « acheter la paix sociale » avec leurs élèves, en se bornant à leur dire ce qu’ils veulent entendre. Ils auront alors toutes les bonnes raisons de se désolidariser de leur collègue qui essaie encore de faire son travail, et de le prendre comme bouc-émissaire :

« Le processus de déstabilisation est souvent le même : on fait retomber sur le professeur visé, surtout s’il est »en surplus« , toutes les difficultés disciplinaires et pédagogiques de l’établissement. » (Marie-France Hirigoyen, « Le Harcèlement moral dans la vie professionnelle », Paris, Syros, p. 175.)

Le film « La Journée de la jupe », avec Isabelle Adjani, diffusé sur Arte l’année dernière, est à cet égard éloquent. Quant à la hiérarchie (quelques soient les contre-exemples, il y en a toujours), son principal souci est de « ne pas faire de vague », de soigner l’image et les statistiques de l’institution. Son intérêt (qui n’est nullement celui de l’élève) n’est donc pas de soutenir les professeurs dans leur travail, mais de s’assurer leur docilité en les cassant si nécessaire, afin qu’il ne viennent pas contredire les beaux discours officiels autour des 80 % de réussite au Bac (voilà un chiffre vraiment soviétique). Sur ces différents points, voir :

Jean-Paul Brighelli, « La Fabrique du crétin », Jean-Claude Gawsewitch, 2006.
Maurice T. Maschino, « L’Ecole de la lâcheté », Jean-Claude Gawsewitch, 2007.
Véronique Bouzou, « Ces profs qu’on assassine », Jean-Claude Gawsewitch, 2009.

Il reste enfin un moyen de vérifier si le discours de ces auteurs, et le mien, est « outrancier » : exiger de l’Education nationale la levée du « devoir de réserve », ce qui permettrait aux enseignants de témoigner librement de leurs conditions de travail sur le terrain. Voilà une révolution qui équivaudrait à l’échelle de ce totalitarisme à la chute d’un certain... mur de Berlin.


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