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En réponse à :


Paul Villach Paul Villach 10 octobre 2009 20:04

@ JL

Paul Villach, une théorie se renforce quand elle se frotte et résiste à l’épreuve des faits.
Que faut-il penser de ces jeux de devinettes qu’on appelle : « info, intox » ?
De la même manière que com = info, doit-on dire selon votre théorie que info et intox c’est pareil ?
Je pense qu’il faut recadrer cette question : info donnée et intox est-ce pareil ?
Je n’ai pas d’a priori sur la réponse et suis curieux de connaître votre point de vue.

Merci de m’offrir l’occasion de répondre à votre question qui mériterait que je lui consacre un article.

À l’évidence ce que les services de renseignements appellent « une intox » (ou opération d’influence) est « une information donnée » livrée pour jeter l’adversaire sur une fausse piste . 

Mais pour cela il faut user d’un leurre approprié pour faire croire qu’une information donnée - non fiable - est une information extorquée  - donc plus fiable : c’est le leurre de l’information donnée déguisée en information extorquée  ; on le retrouve dans « la fuite organisée ».

Je vous donne deux exemples d’information donnée déguisée en information extorquée employée dans une opération d’influence, ou d’ « intoxication ».

1- Le premier est l’affaire Dreyfus sur laquelle subsiste bien des zones d’ombre. Je penche quant à moi, pour l’hypothèse de Jean Doise qui a sorti en 1994 un livre sur le sujet « Un secret bien gardé » (Le Seuil).
L’erreur judiciaire qu’officiellement on retient de cette affaire, ne serait qu’un élément d’une opération d’infuence (ou d’ « intoxication ») envers l’Allemagne : il se serait agi de cacher aux Allemands les progrès de l’armée française sur le canon de 75 dont elle a appris à maîtriser le recul pour tirer sans se dépointer. Il fallait donc jeter les Allemands sur une fausse piste en faisant croire que les Français travaillaient sur le canon de 120, beaucoup plus difficile à maîtriser.
Ce sont des notes sur ce canon de 120 qu’on retrouve sur le bordereau qui sert à accuser Dreyfus. Il fallait rendre l’information fiable : un procès et une condamnation à la mesure de l’importance des informations fournies, le bagne ! Il fallait aussi s’en prendre à un innocent pour persuader les Allemands que le canal de transmission des informations (Esterhazy) restait ignoré des Français. Le leurre employé est bien ici le leurre de l’information donnée déguisée en information extorquée. Cela a marché ! En 1914, l’artillerie française comptait 82 % de canons de 75 et 0,6 % de canon de 120.

2- Le second exemple est ’l’opération Mincemeat«  en avril 1943 ( Ewen Montagu, »L’Homme qui n’existait pas« , Ditis, 1963) - relatée par Paul Watzlawick dans »La réalité de la réalité« , Le Seuil, 1978) montée par les Alliés (les Anglais) pour détourner les Nazis des plages de Sicile qui, vues d’Afrique du Nord, apparaissaient comme les plus indiquées pour un proche débarquement.
Le cadavre d’un major tenant à son poignet une serviette de documents précieux a été retrouvé par les Espagnols sur une plage de Huelva, le 30 avril 1943. Ceux-ci se sont empressés d’en informer leurs amis Nazis. Les documents de ce courrier qui avait sombré en mer, étaient destinés au commandement Allié en Afrique du Nord. Ils précisaient qu’on allait faire croire aux Nazis que les Alliés débarqueraient en Sicile, alors qu’ils allaient le faire simultanément en Sardaigne et en Grèce.

Après avoir pris connaissance des documents en veillant à ne pas abîmer les sceaux, les Espagnols les ont rendu aux Anglais. Car, s’ils ne l’avaient pas été, il ne servait à rien de tenir compte des informations obtenues : les Alliés auraient changé de stratégie...

Seulement voilà, le major échoué sur la plage était un cadavre habillé en militaire, avec en poche des papiers personnels, destiné à livrer ces informations erronées dans le cadre d’ une opération d’influence (d’intoxication) montée contre les Nazis. »En temps de guerre, disait Churchill, etc. cf. mon article)

On reconnaît toujours le même leurre : le leurre de l’information donnée déguisée en information extorquée. Un cadavre de major sur une plage est l’effet manifeste d’un accident en mer : donc les informations qu’il détient dans sa serviette sont des informations extorquées car tombées du ciel à l’insu et contre le gré des Alliés, donc fiables à 100%, sauf... quand ce cadavre n’est qu’un leurre.

Ai-je répondu à votre attente ? Paul Villach


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