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Grippe A : trop de messages contradictoires autour du vaccin
Article paru le : Mardi 13 Octobre 2009

Alexandra Capuano

Avec le refroidissement brutal de l´atmosphère, l´épidémie de grippe A(H1N1) devrait redémarrer en France, selon la Société française de médecine d´urgence (Sfmu) et le Samu de France. Dans un communiqué commun à l´issue d´une journée consacrée à cette grippe, les deux organisations estiment qu´elle devrait atteindre «  environ 20% de la population en quatre à huit semaines » mais en grande majorité sous des formes « peu sévères. »

Le timing est parfait : la livraison des doses de vaccins autorisés a commencé cette semaine et la campagne volontaire de vaccination «  pourrait débuter à partir de la deuxième quinzaine d´octobre », indique la DGS – alors que Roselyne Bachelot évoquait, dans une lettre adressée aux professionnels de santé, une mise en œuvre « fin octobre. » Toutefois, si la lutte contre le virus prend de l´ampleur, la polémique autour de la vaccination fait de même.

En effet, la population apparaît de plus en plus réticente à se faire vacciner contre une grippe perçue comme « peu grave », alors que la présence d´adjuvants dans le vaccin cristallise les angoisses. Selon une étude menée sur 1 000 personnes, si 60% des sondés avaient l´intention de se faire vacciner en juin « des estimations datant de mi-septembre suggèrent que la tendance s´est inversée », indique Michel Setbon, directeur de recherche au Cnrs. Interrogé par Le Figaro, il précise que les 20-40 ans, qui sont les plus touchés par cette grippe et ses formes graves, sont paradoxalement les plus nombreux à marquer leur opposition au vaccin.

Même son de cloche pour les professionnels de santé. Si les généralistes se montrent plus favorables à la vaccination que les spécialistes (61% contre 37%), les infirmières semblent nettement plus méfiantes, selon un sondage en ligne du Syndicat national des professionnels infirmiers (Snpi). Au 16 septembre, sur 4 107 réponses, 65% des infirmières exprimaient un refus. Ce manque d´enthousiasme se retrouve chez les personnels britanniques et américains.

Joint par Egora, le Pr. Didier Raoult, virologue à l´hôpital de la Timone (Marseille), veut calmer les esprits : « je ne crois pas aux sondages. Le propre des maladies infectieuses, c´est leur imprévisibilité : on ne sait pas à l´avance ce qui peut se passer, il faut donc jouer la prudence. » Sans entériner le taux de 20% de malades avancé par la Sfmu et le Samu, il note qu´après « une période de « plateau » depuis le 15 août, le nombre de cas potentiels observés par jour a brusquement doublé ce week-end » mais que les résultats des tests de dépistage ne sont pas encore disponibles.

Défendant la vaccination, le Pr. Raoult s´étonne que le Haut conseil de la santé publique ait prôné de procéder au vaccin contre la grippe A, trois semaines après celui contre la grippe saisonnière. « C´est une spécificité française, sans aucun fondement scientifique, qui renforce les doutes planant autour de l´innocuité de ce vaccin. » Il rappelle que l´adjuvant utilisé – le squalène – a déjà été testé à grande échelle, dans d´autres vaccins antigrippaux, sans effet secondaire grave. « Le problème n´est pas scientifique : il tient à une multiplicité de messages contradictoires, lancés par une pléthore d´acteurs, et c´est cela qui nourrit la polémique. »