• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


beubeuh 14 janvier 2010 15:03

Je suppose que selon vous les petits épargnants anglais devraient se faire rembourser par les petits épargnants islandais ?

Je n’ai absolument pas dit ça, mais je m’élève contre la vision simpliste de cettte affaire (voire les posts ci-dessus) présentant les Anglais comme d’affreux capitalistes boursicoteurs qui l’ont bien cherché alors que les Islandais représenteraient le village gaulois encerclé auquel on s’en prend injustement. Alors encore une fois : Icesave utilisait les comptes ouverts en Angleterre d’une banque Islandaise. Les profits réalisés par cette banque ont donc été transférés directement en Islande, mais il faudrait que les pertes soient assumées par les anglais ? Pas très moral non plus.
Je fais un même sort à ceux pour qui le méchant de l’affaire est l’Union Européenne affreusement technocratique qui se paye sur la petite Islande isolée. Pour rappel si l’Islande n’est pas membre de l’UE c’est pour éviter d’avoir à se soumettre à toute sortes de règlementations financières et se livrer à une économie de spéculation qui a fait la fortune du pays pendant des années.

Mon propos de base, c’est que (cela a été souligné par d’autres commentateurs) il est totalement vain d’essayer d’émettre un jugement moral dans cette affaire. Les principaux protagonistes sont en effet des participants totalement volontaires à un jeu de bonneteau dont la triche est la seule règle. Après avoir beaucoup gagné puis beaucoup perdu, vient l’heure des comptes pour tous ces gens et maintenant c’est la loi du plus fort : on s’engouffre dans les zones d’ombre du droit et essaye de s’y imposer. Et à ce jeu c’est les plus faibles (le petit épargnant britannique et le petit contribuable Islandais) qui perdent.

Vous posez la question : Comment justifier qu’une affaire privée se transforme en affaire d’état ? .
La réponse très simple : les deux pays ont nationalisé leurs banques pour les sauver. L’Etat Islandais n’avait qu’à laisser couler son secteur bancaire et laisser se démerder les gens avec leurs problèmes privés, comme le veut la théorie libérale (avantage : le contribuable n’est responsable de rien ; inconvénient les Islandais n’ont plus du tout d’argent et leur pays peut être racheté par n’importe quel fond de pension). Ou alors faire comme le suggérait Peachy, à savoir exproprier les banques et envoyer chier tout le monde, comme le veut la morale socialiste (avantage on est maître chez soi ; inconvénient on est quand même à poil vu que ces banques ne servent plus à rien, leur cœur d’activité consistant à spéculer sur les marchés financiers internationaux).
Et bien les Islandais ont fait comme tout le monde et ils ont cherché une solution médiane, qui n’est évidemment pas non plus satisfaisante. Pour ma part j’estime qu’être très endettés n’est pas si grave que cela, c’est un peu notre lot à tous et les Islandais ne sont pas les plus à plaindre (parlons plutôt de la dette d’Haïti, c’est d’actualité et carrément plus immoral). De plus, une intégration dans la zone euro serait une bonne solution de long terme pour peu que les Européens fassent quelques concessions, la crise étant largement monétaire. Là du coup ce serait l’ensemble des Européens qui paieraient pour l’Islande, mais diluer la dette de 300 000 habitants dans un ensemble de 400 millions est loin d’être insurmontable.

J’en profite pour faire remarquer que ce sont souvent les pays qui ont la joué le plus perso avant la crise (UK, Irlande, Islande, Grèce...) qui sont aujourd’hui le plus dans la merde. Cette réflexion s’adresse à ceux qui hurlent à la dictature chaque fois que la BCE et la Commission prétendent jouer les gendarmes.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès