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Charles Martel Charles Martel 23 janvier 2010 16:04

je voudrai réagir sur cet argument d’autorité irrecevable :

1- La première est qu’on ne s’est jamais rendu à l’argument, illustré par Marcel Duchamp, selon lequel c’est sa présence dans un musée qui fait une œuvre d’art de l’objet qui en est le plus éloigné, comme un urinoir. L’argument d’autorité du musée est certes puissant, mais on ne s’y laisse plus prendre. Un tableau blanc ou noir, même dans un musée, reste une imposture. Cette fripe a beau être accueillie sous les voûtes sublimes du Grand Palais, la ferraille ne se transforme pas en or.

Pour information l’oeuvre « fontaine » ou « boudha assis dans la salle de bain » a été proposée à l’exposition des artistes indépendants de 1917, signée Rutt. Elle a été refusée. Duchamp a surtout illustré deux choses :
1- Que quand un auteur est inconnu, le jury doute forcément de sa sincérité.
2- Que le salon des refusés tend à devenir un art officiel aussi et utilise les mêmes techniques que l’art officiel qu’il combattait : le refus des œuvres non comprises ou non appréciées.

Aussi cet objet deviendra peut être la seule œuvre refusée par un salon des refusés. Cette œuvre sera perdue par la suite, mais auparavant, Duchamp en fera un portait devant un tableau « the warriors ».
Fin de l’urinoir.

Car la suite est plus savoureuse : L’œuvre étant a posteriori attribuée finalement à Duchamp, elle intéresse les musées qui demanderont des répliques à trois artistes contemporains dans els années 1950 -1960 (soit 40 ans après le refus de la pièce originale, à partir de la photogaphie) . Ce sont ces répliques (avec accord de Duchamp) qui sont exposées actuellement. Il faut noter également qu’elles restent signées Rutt car ce qui fait l’œuvre ce n’est pas l’objet (qui n’est même pas fabriqué par Duchamp) mais l’idée qu’il a pu signifier ce qui intéresse forcément les musées comme point de départ d’un mode de pensé artistique quelques dizaines d’années avant. Il s’agit donc d’une sorte de photographie en trois dimension d’un événement qui bouleversa les repères de l’art. De plus certaines de ces pièces ne sont pas des urinoirs mais des sculptures représentant un urinoir. On frôle Magritte sur la relation objet-représentation de l’objet-idée...etc...
Ce qui est exposé n’est donc pas une œuvre d’art mais un témoin de l’histoire de l’art.

Au final il ne faudrait pas croire que Duchamp a forcé la main aux musées en disant « ceci est un œuvre d’art, prenez là ». La démarche de Duchamp a été vis à vis d’une exposition et d’un questionnement. Ce faisant, l’objet du scandale est devenu une pièce maîtresse de l’histoire de l’art ; à ce titre, voulue par les musées. En elles-mêmes les copies qui sont exposées n’ont aucune valeur intrinsèque* (elle ne sont pas originales, ni de l’artiste, et en plusieurs exemplaires) autre que celle d’expliquer un pan entier et contemporain de l’histoire de l’art.

Les musées se sont donc piégés tous seuls. A ce titre là, Duchamp (qu’on aime ou pas) a été un précurseur.

Pour finir avec ce que dit l’auteur, la Monumenta : il ne s’agit pas d’un musée, mais d’une exposition. L’argument d’autorité en est largement amoindri.

 *ceci a été « confirmé » en 2007 par la cours d’appel de paris qui a refusé l’indemnisation de 2,7millions d’euros demandé par Beaubourg pour la dégradation de sa pièce explosée.


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