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Internaute Internaute 7 mars 2010 10:00

Le mécanisme des CDS ne serait qu’une vulgaire assurance si on le prenait au premier degré. Malheureusement on est passé en masse du premier au second et au n-ième degré, ce dont l’article ne parle pas et que Muhadib évoque sans précision en parlant de CDS à « découvert ».

Le scénario est le suivant :
Comme le dit Muhadib, A est propriétaire d’une maison (ou d’un paquet d’obligations de la société Michelin, peu importe) et il craint que sa maison brûle ou que Michelin fasse faillite. Il va voir son banquier et lui demande de l’assurer pour l’année qui vient contre la perte en capital qui résulterait d’un tel sinistre. Le banquier, jugeant que le risque est faible (c’est peut-être là qu’interviennent des modèles mathématiques pas trés au point) propose l’assurance pour une prime que le client considère tout à fait abordable.

En fait, quand on dit « le banquier », c’est M. le Directeur de la Section des Investissements Créatifs Double-Action, Monsieur Bonus.

Ensuite, vient B, propriétaire de rien du tout, qui va voir M. Bonus et lui demande de l’assurer du risque pris par A. Notez que si la maison de A brule, la banque paiera une nouvelle maison à A et à B. Pour l’instant, M. Bonus encaisse la prime payée par B.

Ensuite vient C, propriétaire de rien du tout, qui va voir M. Bonus et lui demande de l’assurer du risque pris par A. Notez que si la maison de A brule, la banque paiera une nouvelle maison à A et à B et à C. Pour l’instant, M. Bonus encaisse la prime payée par C.

...et ainsi de suite, que la fête continue, que tourne le manège. On notera que si le CDS est une assurance pour A au sens usuel du terme, il ne l’est plus à partir de B puisque B ne possède rien à assurer.

L’année, passe, rien ne se passe, la section des Investissements Créatifs Double-Actions a vendu une quantité astronomique de primes qui équilibre et redore les comptes de la banque déficitaire dans d’autres domaines et M. Bonus touche un super-gros-jackpot qui faire pleurer Pujadas et Lagarde.

L’année suivante, le jeu continue et A voit le soir tourner autour de sa maison de plus en plus de limousines noires avec des mines patibulaires à l’intérieur, chacune attendant le moment de mettre le feu à sa jolie maison. Plus discètement, Michelin est victime d’une pression de ventes à termes de ses actions qui font baisser ses cours, lui rendant plus difficile l’accès au crédit (souvent garanti par les actions détenues par la société) et qui le pousse à la faillite.

Le CDS est un pousse au crime. Pour finir, Lehman Brothers contre qui Goldman Sachs spéculait à la baisse fait faillite. AIG dont la direction n’a jamais été trés regardante sur les agissement de M. Bonus tant que cela lui rapportait gros doit faire face à des remboursements largement supérieurs aux biens assurés et on appelle au secours le contribuable pour payer la note.

Une première réforme serait déjà de limiter (au G20 par exemple) la vente des CDS à ceux qui possèdent le bien assuré et pas aux autres.


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