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Krokodilo Krokodilo 31 mars 2010 14:17

Beaucoup de questions, peu de réponses !
D’accord sur l’absurdité d’une certaine francophonie, absurde quand elle accepte l’Egypte, mondaine et inactive devant le déclin du français dans l’UE et dans le monde, alors que de nombreuses mesures seraient possibles, à condition d’agir ensemble, comme le soutien à l’édition scientifique francophone, voire son obligation.

« Pourtant, la langue arabe ne peut pas être considérée comme une langue « rare » puisqu’elle est parlée par plus de 250 millions d’individus dans le monde et qu’elle est la langue officielle de plus de vingt pays. »
A ma connaissance, ces pays ne parlent pas la même langue, le marocain n’est pas le tunisien. Mes connaissances sont nulles à ce sujet, mais je trouve qu’un article sur les différences réelles entre les dialectes arabes et l’arabe dit littéraire serait très intéressant et utile pour clarifier le sujet.

« De plus, scientifiquement parlant, personne ne publie en arabe. L’âge d’or de la langue arabe c’est aussi l’âge d’or de la science et de la technologie musulmanes dont les plus grands auteurs étaient arabophones sans être arabes »
Je crois nénamoins qu’il y a un mouvement de modernisation de la langue arabe, afin qu’elle mette son vocabulaire technique à niveau, et permette l’expression scientifique.
Quelques liens sur le sujet :
http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Roubaix/actualite/Secteur_Roubaix/2010/0 3/24/article_apprendre-la-langue-arabe-un-enjeu-strat.shtml
Ici, un sommet au Maroc :
« Cette Académie est chargée, en vertu des dispositions de la Charte nationale d’éducation et de formation, d’élaborer un projet linguistique et éducatif prospectif et ambitieux visant la promotion de la langue arabe dans le but de la promouvoir et de consolider son rôle dans l’enseignement, la culture, les sciences et la vie courante. »
http://www.emarrakech.info/La-promotion-de-la-langue-arabe-au-Maroc-est-tributaire-de-la-creation-d-institutions-specialisees_a33670.html

Car le vrai débat n’est-il pas le conflit entre les langues issues de la colonisation et la langue locale ? Il y a d’ailleurs un parallèle entre la russification imposée de l’enseignement supérieur en Ukraine, quelques années après l’éclatement de l’URSS - au détriment du russe pourtant langue natale d’une partie de la population et majoritaire parmi les professeurs - et la volonté de certains de promouvoir l’arabisation de l’enseignement supérieur en Algérie.

Il en est de même dans de nombreux pays africains, et le fait de recevoir un enseignement dans sa langue natale commence à être considéré comme un droit, mais ça d’énormes problèmes logistiques ; le multilinguisme officiel national est un terrible casse-tête social et logistique, ce n’est pas la Belgique ou la Suisse qui diront le contraire...
C’est une question qui dépasse le cadre de la seule francophonie.
http://fr.rian.ru/ex_urss/20100226/186137063.html

Par ailleurs, la Chine aussi devra se défendre contre l’excès d’anglicismes :
http://inttranews.inttra.net/cgi-bin/news.cgi?action=aff_art&art_id=50716

« Un an après les Assises de la langue arabe les mesures annoncées tardent à se concrétiser (1) (...) Pourtant, elle n’est pas enseignée à l’école primaire, elle est marginalisée au lycée, elle est réservée à une élite à l’université. L’arabe en France est la langue des sous-scolarisés et des savants. »

Je ne crois pas que l’avenir passe par une imposition de l’arabe à l’école primaire ou son renforcement au collège. Je crois qu’il faut abandonner cette vision d’une planification des langues, car le premier facteur pour l’apprentissage d’une langue, c’est la motivation. Toute mesure de ce genre susciterait des débats sans fin sur les conflits de civilisation, on l’a vu avec le récent débat sur l’identité nationale... sans oublier que cela réactiverait les revendications des langues régionales, sujet lui-même difficile et insoluble à mon avis.

Il y a beaucoup plus simple, demander la liberté totale du choix des deux langues étrangères à l’école, parmi toutes les langues vivantes ou mortes, ce qui revaloriserait ipso facto aussi bien les langues régionales que les langues autres que le français, maternelles, d’immigration, et les langues mortes autrefois prestigieuses quand on les appelait « humanités ».
Au primaire, en rester à une modeste et réaliste initiation, par exemple un choix entre quatre options (1. initiation polyvalente à différents alphabets et langues européennes type projet Evlang, 2. anglais ou autre grande langue selon disponibilités, 3. langue régionale , 4. espéranto). Puis, au collège liberté totale de choix de deux langues à valider, par complémentarité entre l’école et les langues qu’elle peut proposer, les Instituts nationaux (type British Council, Confucius), les familles, les associations parentales et les boîtes privées.
Les examens demeureraient l’apanage de l’Education nationale. Pour les langues rares (donc choisies par une minorité d’élèves), l’examen pourrait être mené par un examinateur régional grâce aux TICE (technologies informatiques de la communcation), voire par un examinateur européen unique pour les langues rarissimes (choisies par très peu d’élèves).
Ce serait là une vraie revalorisation de la langue arabe, comme des autres langues actuellement délaissées (l’allemand, l’espagnol), sans blabla et sans réveiller un conflit social latent, que les extrémistes se tiennent prêts à enflammer.
Une réforme simple, à prix coûtant (on investit actuellement des sommes inouies dans l’anglais, dans la certification du niveau, dans l’importation d’assistants natifs), simple mais necessitant un changement complet de perspective : passer de la planification au libre choix des langues étrangères, de la coercition à la liberté...


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