Le Christ dit lui même (Mt 19, 11 s.) que le célibat en vue du
Royaume n’est pas pour tous, et même que tous ne peuvent le comprendre. Le terme d’eunuque dit assez quelque chose de singulier. « Eunuque pour le Royaume » y ajoute la notion de libre consentement sous la mouvance de la grâce.
Etre eunuque pour le Royaume, c’est donc un charisme, un
don de Dieu, qui demande à être discerné. Et c’est là que la bât blesse, à mon avis. On a ordonné prêtres sans discernement des hommes qui n’avaient pas la maturité nécessaire pour vivre la chasteté. Or la grâce (le charisme) vient perfectionner la nature, elle ne la supprime pas. Ordonner prêtre un jeune qui se masturbe ou qui a des tendances homosexuelles, comme on l’a fait trop facilement relève de l’inconscience.
J’ajoute aussi qu’au cours de mes années de formation pour devenir prêtre je n’ai JAMAIS entendu un seul mot sur la sexualité et la chasteté. Peut-être y a-t-il eu parfois une vision dangereusement abstraite (angélique) de
la personne du prêtre qui n’est pourtant pas une créature intermédiaire
entre les hommes et les anges. Il est un homme sexué, de chair et de
sang. Il est indispensable que son énergie et son affectivité se
déploient dans sa vie spirituelle, dans son ministère et sa vie de
prêtre, y compris par de saines amitiés avec des femmes. Sinon, il ne faut pas s’étonner qu’il finisse par se
porter mal.
Pour terminer, oui, on peut penser que parfois - il ne faut pas exagérer : combien de prêtres fidèles à la chasteté sacerdotale, mais ça ne fait pas de bruit ! - que parfois donc des personnalités immatures
ont été attirées par le célibat et le statut social du prêtre et que le discernement a été défaillant, voire absent. Mais si c’était une raison suffisante pour abolir la règle du célibat sacerdotal, il faudrait dans la foulée abolir la règle du mariage monogame, car combien y a-t-il d’hommes mariés infidèles (pour ne parler que des hommes...) ? Faudra-t-il dire alors que le mariage monogame est contre nature ?