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Mmarvinbear Mmarvinbear 21 juillet 2010 11:26

Je ne vois pas en quoi le livre électronique serait une menace pour le livre, à quelque niveau que ce soit.

Il faut savoir en premier lieu qu’il y aurait toujours des conservateurs. Quand les caractères mobiles se sont répandus, il y a eu des rétrogrades qui ne juraient que par la recopie et l’enluminure à la main, et qui s’inquiétaient de la corporation des tailleurs de plumes d’oie... Cette critique avait une base plus fondée : la copie à la main permettait de limiter la diffusion des ouvrages pernicieux et critiques envers la religion et le pouvoir royal, chose plus difficile à faire si tout le monde pouvait ouvrir une imprimerie...

Donc que de grands penseurs se mettent à gémir sur le devenir de la profession d’imprimeur ou d’éditeur, cela ne m’étonne pas...

Le plaisir de lire sur papier, lui, est tout relatif. Le papier peut être de qualités différentes et celui qui appréciera celui à grains ne sera peut-être pas suivi par son voisin, qui lui préfère un grammage moins prononcé.

Livre papier ou électronique ont chacun leurs avantages et inconvénients. Le papier n’est d’aucune utilité la nuit quand vos fusibles vous ont laché ou que votre conjoint, par son regard insistant, vous signale qu’il est plus que temps d’éteindre la lumière car lui (ou elle) se lève dès potron-minet... La version électronique est elle assujetie à une batterie qui vous livre un bel écran noir si vous avez eu l’inconscience d’oublier de surveiller sa charge, ou si vous avez oublié d’emporter le chargeur...

Pour les personnes qui ont des difficultés pour lire, l’électronique, qui permet d’adapter la taille des caractères, est clairement un immense progrès.

Certes, le modèle économique du secteur va changer, mais est-ce une si mauvaise chose ?

L’industrie du disque a été victime de piratage massif pour deux raisons :

- les éditeurs ont longtemps refusé de diffuser la vente de leurs produits en ligne, ce qui a poussé les consommateurs à télécharger illégalement en signe de protestation ( et aussi pour certains, pour ne rien payer...)

- les maisons d’éditions ne voulaient pas perdre leur poule aux oeufs d’or. L’avènement du CD a obligé le public à renouveler leur collection et les compagnies en ont profité : plus de 20 euros la nouveauté, les compilations vendues plus de 15 euros alors que les frais étaient largement amortis alors que l’album est désormais vendu entre 10 et 15 euros (hors promotions ponctuelles).

Aujourd’hui, les grosses compagnies sont toujours en place. Elles ont perdu en chiffre d’affaire et en influence car le Net favorise l’émergence de micro-éditeurs mais vu la vague de merdes commerciales qu’elles nous ont sorties ces quinze dernières années, personne n’ira les plaindre de ce régime imposé...

Les éditeurs français sont en train de faire la même connerie que les industriels du disque au début de l’ Internet : les livres y sont souvent vendus au même prix que l’édition papier ! Alors qu’il n’ont ni frais d’impression, de distribution et de stockage à débourser ! Inutile de dire qu’une arnaque de ce genre ne pousse pas à la légalité !

Un tel système pousse plus au crime, ou a se contenter des livres du domaine public, qui sont diffusés gratuitement sur le Net : on peut enfin découvrir les grandes oeuvres sans avoir peur d’investir une somme dans un bouquin qui vous tombera peut-être des mains au bout de cinquante pages... Autant j’ai apprécié le Dracula de Bram Stocker, autant le Frankenstein de Mary Shelley m’a emmerdé ! Le Don Quichotte de Cervantès m’ a apporté bien plus de plaisir que la Princesse de Clèves ! Ca m’emmerde de le dire, mais NS a raison sur ce point...

En fait, selon moi, s’il y a une collection qui risque de morfler, c’est le Livre de Poche...

Je vois mal le bibliophile jeter ses éditions reliés plein cuir de la Pléiade lors de l’achat d’ un ipad. En revanche, il pourra emporter une version électronique de sa bibliothèque en vacances sans surcharger sa valise des éditions poche bon marché pour préserver ses ouvrages du sable et du soleil...

Livre et livre électronique peuvent facilement cohabiter. Selon moi, la qualité papier et esthétique devrait en être renforcée de l’arrivée du numérique. Ce ne sera pas un mal d’être enfin débarrassés de ces immondes ouvrages brochés qui perdent leurs pages dès que leur colle commence à se craqueler au bout de trois-cinq ans...

Après tout, malgré les Cassandre, le cinéma n’a pas tué le théatre, et la télé n’a pas tué le cinéma...


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