Part 2
Issu d’une famille aisée de
gauche, « DSK » a été élevé au Maroc, puis à Monaco. Il reçoit une
éducation juive —plus séfarade qu’ashkénaze—, à laquelle il accorde plus
d’importance au plan culturel que religieux. Il est diplômé de Sciences-Po
Paris, ancien élève d’HEC,
licencié en droit et agrégé de sciences économiques. Il se destine à être
avocat d’affaires.
Il entre en 1976 au Parti
socialiste où il milite au Cères, le courant social-étatiste animé par
Jean-Pierre Chevènement. Il ne tarde pas à s’en séparer pour se rapprocher de
Lionel Jospin et Jean-Christophe Cambadélis, les deux meilleurs élèves français
d’Irving Brown, l’agent de liaison de la CIA
avec la gauche ouest-européenne [1]. Jospin et Cambadelis sont issus d’un petit
parti trotskiste (les « Lambertistes ») traditionnellement lié à la CIA. Avec une centaine de camarades, ils ont
infiltré le PS et ont réussi à prendre les renes.
Il entre en 1986 à l’Assemblée
nationale à la faveur du scrutin proportionnel alors brièvement mis en place. Il
choisit de s’implanter, en 1988, dans une circonscription du Val-d’Oise, à
Sarcelles, qui abrite une forte communauté juive. Il s’y fait élire en faisant
jouer le réflexe identitaire. Il devient président de la Commission des
finances de l’Assemblée, puis, en 1991, ministre délégué à l’Industrie et au
Commerce extérieur auprès du ministre de l’Économie Pierre Bérégovoy. Tout
oppose les deux hommes : « DSK » est un brillant dilettante
vivant au milieu des grandes fortunes comme un poisson dans l’eau, tandis que « Béré » est un pénible tâcheron partagé entre ses idéaux ouvriers et
son besoin de reconnaissance personnelle par le monde de la finance. « DSK »
s’amuse de se dire socialiste tout en faisant le contraire, tandis que « Béré » a des états d’âme.
Alors qu’il est ministre
délégué à l’Industrie, il a connaissance des problèmes rencontrés par son ami
Jean Peyrelevade à la tête du Crédit Lyonnais. Il intervient personnellement
pour favoriser diverses opérations hasardeuses réalisées en faveur de son ami
Franck Ullman-Hamon. Cet homme d’affaires est connu pour avoir par ailleurs
réalisé diverses interventions en Amérique latine pour le compte d’Israël et
pour être actionnaire-fondateur du magazine Marianne de Jean-François Kahn. Les
montages de M. Ullman-Hamon avec les filiales du Crédit lyonnais coûteront
plusieurs dizaines de millions de francs au contribuable français.
À la même époque, Dominique
Strauss-Kahn épouse à la synagogue —en troisièmes noces— une star d’une rare
beauté, Anne Sinclair, la journaliste préférée des Français. Le couple choisit
de tenir la presse à l’écart de la cérémonie, mais de donner de l’éclat à la
fête au sein de la communauté juive, où ils s’affirment comme des personnalités
brillantes. Leurs deux témoins de mariage sont le professeur de philosophie
Élisabeth Badinter (héritière du Groupe Publicis et épouse du Garde des Sceaux
Robert Badinter) et la journaliste Rachel Assouline (épouse du patron de presse
Jean-François Kahn).
En 1987, il se démarque de
François Mitterrand, il conduit une délégation du Parti socialiste en Israël et
se rend à la mairie de Jérusalem qu’il considère comme capitale de l’État
hébreu. En 1991, il participe à un voyage de solidarité en Israël, organisé par
le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) en pleine
Guerre du Golfe.