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Analis 24 février 2011 16:15

J’apporterai une très grosse nuance à cet article : pour affirmer que le discours sur l’aliénation ne serait pas pertinent, il présuppose un peu facilement que les gens seraient mieux éduqués et informés maintenant qu’à l’époque de Marx.

Ce n’est pas exact. Il ne tient pas compte du fait que la société est beaucoup plus atomisée maintenant. Les gens ont une culture et une conscience politique beaucoup plus faible. Ils sont gavés de télévision, de culture jetable, d’information à la minute... Beaucoup plus de quantité, mais une qualité en chute libre. La conscience de lutte des classes induisait certes une perception bipolaire et partiale, mais en favorisant une culture de la confrontation, elle apprenait à se méfier de la propagande officielle dans nos bons pays occidentaux. Les gens, actuellement, sont devenus beaucoup plus vulnérables à celle-ci, et ne font plus l’effort de discerner le vrai du faux dans ce que leur servent les médias et les politiques.

Votre article, en fait, loin de réfuter son existence, met encore mieux en évidence l’existence de l’aliénation. Les pauvres obéissent en effet souvent à des mécanismes qui les mènent à agir contre leur intérêt bien compris. Là où il se distingue, par contre, c’est qu’il décrit justement ces mécanismes par lesquels elle se met en place. Et la réponse ne plaît pas au discours gauchiste traditionnel. Ce qui explique les réactions outrancières lues ici. Mais faire l’autruche et refuser de regarder la vérité en face ne sert à rien.

C’est que pour la gauche, les humains sont identiques et interchangeables. Elle espérait donc qu’une meilleure éducation et de meilleures conditions de vie les amènerait automatiquement à se comporter de façon éclairée. Ce n’est pas le cas. Les gens ne sont pas égaux en caractères et capacités. Une majorité a tendance à se montrer conformistes et soumis à l’autorité. Ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Ils sont donc prêts à toutes les compromissions juste pour leur confort personnel.

Dans les mouvements sociaux d’avant, c’était moins visible. La forte mobilisation et identité militante des travailleurs, comme on disait, faisait que ces différences étaient en partie aplanies, nivelées. Mais elles étaient toujours là. Ces mouvements sociaux avaient leurs meneurs et leurs suiveurs. Cette vérité a été durablement rappelée par les faits dans les régimes communistes.

Alors, effectivement, pour le gauchiste, il est frustrant de voir que le patriarcat et le machisme sont des systèmes efficaces d’un point de vue darwinien (et que les femmes les défendent souvent, peut-être encore plus que les hommes). Ils sont déçus de constater que les êtres humains ne se comportent pas comme eux aimeraient qu’ils le fassent, avec raison et sagesse.

La réplique de Mélanchon est donc simpliste, en effet. La manipulation des médias et de l’éducation ne suffit pas à tout expliquer. Mais est-ce à dire qu’elle n’a aucune pertinence ? Non, parce que justement, l’instruction (à laquelle se rattache l’information) est la seule chose qui puisse aider à compenser cet état de fait. Le véritable lavage de cerveau auquel le public est soumis aggrave indiscutablement la propension des pauvres en particulier, et du public en général, à ne pas voir plus loin que le bout de leur nez.


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