Effectivement, j’avais mal compris (peut-être par manque de clarté de votre part ?), et avais bien fait de vous accorder le bénéfice du doute (dans le sens où ma première impression était la bonne : vous pouvez être très raisonnable  ) . Tant mieux.

« tout mettre en œuvre pour s’affranchir progressivement de toute forme de dépendance à l’égard du tiers monde » :

S’affranchir de toute forme de dépendance tout court. Autant à l’égard des « pays sous-développés » que des « grandes puissances ». C’est le simple bon sens : toute dépendance est par nature aliénante ; des rapports sains et équilibrés ne peuvent s’établir que dans un dialogue d’égal à égal (c’est à dire, ni un rapport de « puissant » à « faible », ni un rapport de « vassal » à « suzerain »). Quant au « vis pacem para bellum », c’est un principe de base de la géopolitique, mais qui peut trop facilement être dévoyé. Aucune alternative solide ne semble avoir été trouvée jusque-là, mais il faudra bien y venir un jour, car à l’heure actuelle, certains sont beaucoup trop bien « préparés » par rapport à d’autres, ce qui les conduit systématiquement à en abuser. Je ne prétends pas toutefois détenir la réponse à ce problème-là. Peut-être avez-vous une idée ?

« D’ici un siècle, de très grands pas pourraient être faits dans la bonne direction. »

Pourquoi pas tout de suite ?

« Pour ce qui est des besoins en main-d’œuvre sous-qualifiée, nous pourrions très vite mettre sur pied des accords internationaux de « saisonnariat » avantageux tant pour les pays d’accueil que pour des travailleurs immigrés temporaires. »

Dur de se défaire des vieux réflexes, hein ? Cette idée est tout simplement non avenue, dans le sens où ce type de besoin, n’est pas d’une ampleur telle qu’il ne puisse être satisfait par nous-mêmes. Il y a des tas de chômeurs chez nous qui ne rêvent que d’avoir un emploi. Si vous pensez que nous sommes « surqualifiés », vous faites erreur : en décrétant la démocratisation des études supérieures, nous n’avons fait que démolir notre système éducatif en distribuant nos diplômes au premier venu (à commencer par le bac). Le résultat, c’est qu’aujourd’hui, un titulaire de master vaut à peine un bachelier des années 70. Pour ce qui est de nos doctorants, je n’en parle même pas. Au final, on n’a réussi qu’à dévaloriser le travail manuel, brader nos capacités industrielles, et créer toute une classe de médiocres diplômés, bons à à peu près rien. Notre Président de la République en est d’ailleurs le représentant le plus parfait, c’est même le parangon de la médiocrité.

« Nous voici donc très loin d’un militarisme utilisé pour dominer des peuples prétendument inférieurs,... »

Ça, c’est la situation actuelle.

« Ce que vous allez pouvoir vérifier avec la stagnation qui caractérisera l’avenir proche et plus lointain des pays « libérés » d’Afrique du Nord... »

Toute civilisation ou culture ne tient pas forcément le matérialisme ou le « progrès » pour des valeurs-phare. Le Moyen-Orient a jadis été un endroit florissant. En ce temps-là, nous croupissions dans les ténèbres du Moyen-Âge.

« Il s’agit pour l’Europe et notre civilisation de se sauver,... »

En effet. Avant tout, de nous-mêmes. « Les institutions sont filles de l’âme des peuples » (G. Le Bon). Notre âme est malade, rien d’étonnant à ce que nous institutions foutent le camp. Elles ont été bâties sur d’autres valeurs que l’hédonisme « néo-libéral ». Ce qu’il nous faut, c’est une rédemption, nous devons réinventer une nouvelle façon de vivre et trouver d’autres buts à poursuivre. On a besoin d’un grand rêve. A partir de là, tout le reste viendra tout seul.

Sortir de la mondialisation, et là je suis totalement d’accord avec vous, est une première étape indispensable. J’espère vivre assez vieux pour le voir.