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jcm - Freemen (---.---.0.12) 22 avril 2006 08:31

Ne rêvons pas, la biomasse produite sur le territoire national ne sera jamais capable de remplacer intégralement le pétrole que nous utilisons aujourd’hui, pour plusieurs raisons.

D’abord on peut fabriquer à partir du pétrole un grand nombre de produits que nous ne pourrions pas obtenir (impossibilité technique), ou pas obtenir à des coûts satisfaisants, à partir de la biomasse.

Ensuite pour le pétrole carburant notre niveau de consommation exigerait que nous cultivions, d’après les calculs de JM Jancovici entre 104 (Tournesol) et 120% (Betterave) de la surface du territoire français, ce qui ne concernerait pas les usages du pétrole hors carburants (chauffage exclu, par exemple) : mêmeen rasant villes et montagnes nous ne dépasserons pas 100% à ce qu’il semble...

Dans le meilleur des cas nous ne produirions donc que quelques pourcents de nos besoins en carburants, et la France ne semble pas avoir choisi ce « meilleur des cas » dans ses options sur les biocarburants (voir lien en bas de message).

Notamment l’impact de la culture de plantes destinées à la production de Diester et d’Ethanol sur la pollution d’origine agricole sera fort, notamment lorsqu’il s’agit de la betterave qui doit subir un grand nombre de traitements alors que le tournesol s’avère à la fois beaucoup plus rustique et d’un meilleur rendement global s’il est utilisé en Huile Végétale Pure (HVP) dans les moteurs diesel, ce que la France interdit en contravention avec la loi européenne.

Il faut donc replacer l’espoir que nous pouvons mettre dans les énergies renouvelables dans un cadre réaliste, celui des limites du territoire (surfaces pouvant être affectées à certaines cultures), celui des choix effectués à un moment donné, qui conditionneront nos possibilités réelles pendant un certain temps, et celui du temps de développement et de mise en oeuvre de solutions plus efficaces.

Produire du Diester n’est aujourd’hui pas rentable et génère un sous produit, la glycérine, de faible valeur dont nous ne saurons que faire tandis que la production d’HVP serait dès maintenant rentable dans le cadre de productions très localisées distribuées localement : la production de Diester s’appuiera donc pour un certain temps sur des subventions payées par le contribuable, le temps que la rentabilité survienne, c’est à dire que le prix du baril de pétrole atteigne les 100 US$ environ, avec de toutes façons un rendement thermodynamique inférieur à celui de l’HVP et un rendement social (emplois, renforcement du tissu local, création de petites entreprises...) très largement inférieur.

Mais alors le coût de production de ce Diester augmentera, ainsi que nos besoins en pétrole, car on ne saura pas le produire sans le secours du pétrole pour encore un certain temps...

Il semble donc que la question des biocarburants et autres éventuels substituts au pétrole est le lieu où se mêlent espoirs peu raisonnés et calculs thérmodynamiques et financiers douteux...

Souvenons-nous au passage que si le prix du pétrole augmente le prix de TOUTES les énergies augmentera dans la foulée, par le phénomène de reconversion qui ne manquera pas de s’opérer et s’observe déjà : ce que nous ne pourrons plus faire avec le pétrole nous tenterons de l’obtenir avec du bois, de la paille...

Il n’y aura donc pas de niche énergétique dans laquelle se réfugier hormis pour ceux qui pourront bénéficier de chauffage et eau sanitaire solaire dans une maison mieux isolée que ce qu’exige le concept HQE pour ce qui est de l’habitat.

Moralité si vous construisez aujourd’hui, faites une maison en paille, en terre, en bois cordé... soigneusement orientée, avec assez de panneaux solaires pour vous mettre pour de longues années, de façon assez gratuite en fait (une maison en paille peut coûter beaucoup moins cher qu’un pavillon traditionnel), à l’abri des grosses chaleurs estivales et des froidures de l’hiver.

C’est ce que l’on nomme une construction bioclimatque (Le chaud et le froid).

Ceci pour suggérer qu’un des facteurs essentiels du problème énergétique dépend de la prise en main que chacun de nous pourra effectuer en allant bien au delà du choix entre l’ampoule à incandescence contre la lampe basse consommation, choix certes utile mais ridiculement inefficace au delà de la marge, face à l’ampleur des problèmes énergétiques probablement à venir...

L’insécurité la plus grave qui nous guette aujourd’hui n’a rien à voir avec le terrorisme ou l’immigration : elle est énergétique et pourrait même compromettre à terme notre indépendance alimentaire (il y a des incertitudes sur l’évolution du climat).

Juguler cette insécurité à venir nécessiterait d’agir très différemment de ce que nous faisons, d’interdire l’installation de chauffages au fuel par exemple, de multiplier les transports en commun plus efficaces notamment en milieu rural... etc... et ceci très vite car il nous faudra de longues années avant d’avoir généralisé des infrastructures et des solutions qui nous permettraient de vivre correctement avec juste « un peu moins » de pétrole.

Mais il ne semble pas qu’un trop grand nombre de politiques fassent grand cas de ces problèmes...


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