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easy easy 30 mars 2011 11:41


Après le drame du Titanic, le Blanc avait certes à faire de deuil de son arrogance. Et comme ce n’était pas une pirogue qui avait défoncé sa Machine, il ne lui était pas possible de déverser sa colère sur un quelconque bouc. « M’enfin kicékia laissé traîné des icebergs en plein milieu du couloir ? » ne pouvait pas passer.
 
Du coup, il fallut trouver en interne une réparation à cette humiliation. Comme il n’y avait aucun principe de secret dans cette histoire de technique navale, chacun a pu y aller de son bon sens, de ses trouvailles et astuces. De cette situation claire est né un dispositif de secours soudainement beaucoup plus sûr et fondé sur un concept inédit qui affirme que la perte de contrôle d’une machine peut se produire et qu’à défaut de sauver les ogueils, il faut au moins sauver les vies, les vies de tous, pas seulement les premières classes. 

Ce principe qui reconnut l’hystérie et la catastrophe cybernétique, a conduit à ce qu’aujourd’hui chaque embarcation comporte tout ce qu’il faut au cas PROBABLE où un naufrage se produirait.
Parce que dans l’automobile, il n’y a jamais eu de catastrophe ponctuelle et donc spectaculaire, parce qu’il a fallu attendre les regroupements des actuaires pour découvrir que les accidents épars représentaient des milliers de morts par an, le concept de la perte de contrôle a mis plus de temps à s’installer. Mais ça fait tout de même 30 ans qu’il est admis qu’un voyage en voiture peut virer à l’accident total et qu’il y est imposé une panoplie de dispositifs de sauvetage. 


Pour un tanker, une raffinerie, une plateforme pétrolière, un avion, on considère aussi qu’une hystérie cybernétique peut se produire mais les parades sont alors beaucoup plus difficiles à trouver.

Quand on veut faire valoir ce principe de la perte de contrôle probable pour une usine Sévéso, on ne voit pas comment sauver la population alentour. Une tenue NBC dans chaque maison, au-dessus de chaque lit, dans chaque sac à dos, c’est encore possible. Mais quid de centaines de km² de terres polluées et qu’il faudra déserter comme à Tchernobyl et comme il faudrait faire à Bhopal.
A force de condamner des surfaces de Planète, il y aura plus de trous que de gruyère.



Rien qu’un bête tanker même hyper blindé peut casser et perdre sa cargaison. Et bien on ne sait toujours pas comment faire pour sauver le littoral. Du reste, on ne saurait toujours pas sauver les gens une immense tour en feu. 

Alors que sur un navire on a su trouver des solutions vraiment efficaces, il y a plein de domaines où l’on ne dispose pas de solution de sauvetage. 

Puisqu’il y a donc des accidents cybernétiques sans solution de sauvetage, il apparaît une problématique inédite dans l’Histoire : doit-on accepter de prendre des risques cybernétiques sans solution de sauvetage ? De cette question il ressort une catégorisation en deux groupes. Les accidents qui ne tuent que ceux qui en ont accepté l’augure et les accidents qui tuent aussi les autres, voire parfois uniquement les autres (Le PDG d’Union Carbide, Bophal, coule des jours heureux aux EU)

Moi, je veux bien accepter des risques sans solution de secours pour ma propre carcasse. C’est ma vie qui est en jeu, j’en fais ce que je veux. Je veux pouvoir disposer d’une piscine chauffée, d’un avion privé, rouler à 300 à l’heure, acheter mes mignardises à New-York et en crever s’il le faut. Mais ce que n’accepte pas, c’est d’hypothéquer les horizons, la santé et la vie des autres, de ceux qui n’ont pas fait les mêmes choix que les miens. Les Dogons, les Karens et autres marsupiaux, qui vivent aujourd’hui ainsi que ceux et celles des générations à venir, n’ont pas à subir mes priorités et lubricités. 

Il y a 1000 ans, la question ne me serait jamais venue à l’idée mais en 2000, c’est clair, je ne dois accepter de risques que parmi ceux qui n’hypothèquent que ma propre vie, avec le souci de la survie de la Planète entière.
 
En fronton de chaque usine à gaz, de chaque tanker, il devrait y avoir un panneau indiquant « Je représente un risque sanitaire certain pour des gens qui ne m’ont pas choisi » 

On ne doit pas profiter de notre affairement autour d’un blindage de centrale pour focaliser les attentions sur ce prométhéisme de plus et enterrer le fait qu’elle peut toujours passer hors contrôle en hypothéquant alors l’avenir de milliards d’êtres vivants complètement étrangers à notre jeu.


Alors l’ingérence, entre nous, les jet-seteurs ? 
Le compte n’y serait pas, il y aurait collusion d’intérêts (la taxe carbone est une tartufferie entre carboproducteurs)

Il faut une ingérence allant non pas de l’archange vers le Guarani mais du Guarani vers l’archange.

Vu précisément l’écart des puissances entre l’archange équipé d’épée chromée, d’armure flamboyante, d’ailes de sept lieues et le Guarani en pagne, c’est paradoxalement au lion de plaider pour le zèbre.

Ce que fait Greenpeace qui se met le plus possible à la place des méduses pour interpeller les hommes les plus fous.


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