• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


Carlo Revelli Carlo Revelli 2 mai 2006 12:36

S’il y a un économiste qui m’a véritablement impressionné pendant ma jeunesse, c’est bien John Kenneth Galbraith surtout pour son charisme et sa modestie même si je ne partage pas toutes ses positions. Dés les temps du lycée j’étais très intrigué par son idée de technostructure selon laquelle "les individus qui prennent effectivement les décisions des entreprises n’appartiennent plus à la classe des détenteurs de capitaux mais à une catégorie nouvelle, qui se distingue et s’impose par ses connaissances technologiques et organisationnelles". Il s’agit là d’un concept assez révolutionnaire pour le milieu des années... ’60 !

Mais Galbraith m’a aussi marqué pour son incroyable gentillesse et disponibilité. En 1991, j’avais à peine 22 ans, je décide de lui écrire par fax directement à Harvard pour avoir des conseils sur mon mémoire de fin d’études. Avec mon grand étonnement, il me répond directement quelques jours plus tard. Nous échangeons un peu et puis j’apprends qu’il allait venir en Italie pour une conférence. C’était en Toscane. Je décide de prendre le train et de m’y rendre sans hésiter. Dans ma naïveté je pensais que j’aurais pu l’approcher facilement et discuter avec lui. C’était sans compter avec un horde de journalistes, photographes, industriels, cadres, étudiants et simple curieux comme moi.

Impossible de l’approcher avant le début de la conférence. Et vu que de plus en plus de personnes affluaient, j’ai vite compris que je n’aurais aucune chance de l’approcher même à la fin.... Mais soudainement, pendant qu’un autre conférencier prend la parole je vois qu’il se lève, s’éloigne du parloir et se dirige vers les toilettes pour une petite pause... Je ne sais pas ce qui m’a pris mais après avoir attendu quelques secondes, je le suis et je rentre aussi dans les toilettes. Il est train de se laver les mains. Très embarrassé, je cafouille quelques phrases avec un anglais fort approximatif pour me présenter. Il a l’air de se souvenir de nos échanges par fax. J’en profite pour lui remettre un document avec une théorie farfelue que j’avais élaboré après avoir lu son roman « A tenured professor ». Il prend mon manuscrit, me remercie et me signe un autographe sur son livre que j’avais avec moi. Et puis nous sortons ensemble tous les deux des toilettes... Scène surréaliste que je n’oublierais jamais et qui a du le déstabiliser un peu... En effet, en signant le livre il se trompe d’un an (1990 au lieu de 1991)... smiley

Pour lui rendre un petit hommage, grâce aux superbes nouvelles archives de l’INA j’ai pu découvrir un débat passionnant dans le cadre de la célèbre émission Apostrophe (Bernard Pivot) de 1982 entre Galbraith et Raymond Aron (cliquer sur la première vidéo, ensuite sur l’image à droite et attendre un peu... nécessite quicktime).


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès