• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


Bovinus Bovinus 27 mai 2011 12:08

Rienafoutiste :
encore un mouvement révolutionnaire moderne, drapé dans les oripeaux anarchistes, autogestionnaire et écoloresponsable, et qui dit moderne doit dire intelligent, et finalement les acteurs de cette conjuration timide ne veulent que ce qu’ils n’ont pas... du fric, Le Fric, la possibilité d’en faire !!! la définition pure de la révolution, un petit tour (pour engranger le pognon) et puis s’évanouis (dans un confort annesthésiant) ensuite retour au réel.
Avec une mentalité comme ça, la haute caste n’est pas prête de trembler...

En fait Rienafoutiste n’est pas un contre-révolutionnaire, c’est un déçu. Il trouve probablement que ce mouvement n’est ni assez radical, ni vraiment révolutionnaire, qu’il est trop policé, peu clair sur les revendications, et probablement trop hétéroclite. Eh bien, cette fois-ci, je vais me faire l’avocat du diable : il a bel et bien raison. Moi aussi, je suis terriblement déçu de voir toute cette médiocrité.

Le manifeste est à chier. Les « propositions » de l’ ’Assemblée générale« du 20 mai sont vagues, imprécises et hétéroclites. C’est normal. Bon nombre de ces »révolutionnaires Facebook« (expression assassine mais ô combien pertinente et juste dans ce contexte) se réduisent certainement à leur statut socio-économique, c’est à dire :
- des jeunes (autrement dit : branleurs ignorants)
- des chômeurs (catégorie hétéroclite regroupant probablement des exclus, des marginaux, des malchanceux, des aigris et des bons à rien...)
- des travailleurs (c’est à dire, des travailleurs qui ne s’estiment pas assez payés, et qui le sont probablement en effet)
- des retraités (qui rêvent d’autre chose, mais qui trompent leur ennui dans cette foire)

Il doit y avoir dans le tas un noyau dur qui anime cette masse, sachant plus ou moins ce qu’il veut mais devant gérer et tenir compte de l’opinion des autres, et contraint de négocier, des les pousser, de réviser ses textes et déclarations ; je les vois du type »trotskiste alter-machin-truc« . C’est à dire, des imbéciles dans l’air du temps.

Puisque ces gens ne s’alignent pas et qu’ils disent ne pas avoir de revendications électoralistes, ils devraient vociférer, menacer, exiger de vraies réformes, comme par exemple l’abolition du système représentatif bipartite actuel, celle du système bancaire et financier, une vraie réforme des structures économiques et un nouveau projet de société basé sur d’autres valeurs. Mais non, rien. Ils bronzent, discutent, proposent de petits aménagements et des quarts de réformes et écrivent de la merde. En fait, ils ne tiennent nullement à la mise à mort de l’ordre socio-économique et politique actuel ; au contraire, ils n’aspirent qu’à y avoir leur place, pour pouvoir jouir, consommer, s’y vautrer, en profiter tout comme les autres. Si on leur donnait à chacun un I-phone, un I-pad une Mini Cooper et une petite rente, ils s’estimeraient probablement comblés. Comme le dit Rienafoutiste, il veulent du fric. Mais aussi de la reconnaissance et du respect. Peut-être finiront-ils par obtenir le fric ; pour ce qui est du respect, je pense que c’est mort.

À ceux qui me parleront de modèle islandais ou arabe, je répondrai tout net : ce cas-là n’a rien à voir avec ni l’un, ni l’autre. Dans le cas des Islandais, on avait un groupe reposant sur un vaste consensus réunissant une large majorité du peuple islandais, parfaitement conscient des enjeux, déterminé et sachant exactement ce qu’il veut. Dans le cas de la Tunisie et de l’Égypte, la révolution a été déclenchée par les »révolutionnaires Facebook« , mais rendue possible et accomplie par les élites de l’opposition dans le premier cas, et l’institution militaire dans le deuxième. Trois cas bien différents n’ayant de commun que l’apparence.

Il n’est pas exclu néanmoins que le mouvement espagnol serve de détonateur à une véritable révolution, qui serait réalisée par un groupe social quelconque, et qui la ferait alors conformément à ses objectifs. Qui serait capable, aujourd’hui de faire une telle chose ? Existe-t-il seulement un tel groupe en Espagne aujourd’hui ? Ce ne seront pas les élites, puisque ce sont elles qui règnent actuellement sur le pays. L’armée, j’en doute. Peut-être le clergé catholique espagnol, secondé par une éventuelle chouannerie paysanne. Ou bien, un prolétariat animé d’une réelle »conscience de classe", d’après la vision marxiste. Mais ça reste tout de peu plausible. Enfin, on peut toujours rêver.

En attendant, l’oligarchie financière apatride peut dormir sur ses deux oreilles. En conclusion de tout ce sermon, mon message aux jeunes révolutionnaires de notre temps, pourrait se résumer à ceci : pour renverser la clique des banquiers apatrides, il va falloir faire autre chose que se branler les couilles sur l’agora comme un troupeau de moutons. Il va falloir apprendre à penser juste, et pour cela, il n’y a pas trente-six solutions : il va falloir lâcher la télé et l’ordinateur, et vous gaver de bouquins sérieux et de culture. Sans culture, on ne pense pas, et sans pensée, on ne peut agir. Vous êtes de la volaille à la merci des rapaces et des prédateurs qui commandent l’Occident et qui doivent bien se marrer à vous observer en ce moment. Ce sont de vieux salauds extrêmement cyniques et malveillants qui s’ennuient ; pour le moment, vous n’êtes pas de taille, alors grandissez, mais ne devenez pas comme eux. Rejetez leurs valeurs mercantiles et tout ce par quoi ils vous tiennent et vous manipulent. Cessez d’être leurs esclaves. N’ayez foi et confiance qu’en vous même, c’est à dire, en votre conscience.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès