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BA 28 mai 2011 11:12
La révolte de gamins.

Le couvercle du ras-le-bol a sauté en Espagne. Ce bouillonnement est tout proche de nous, audible dans ses slogans, partagé dans son exaspération. Jusqu’à nous faire imaginer que vérité au-delà des Pyrénées puisse devenir réalité en deçà. Instruits de la puissance des printemps arabes, les jeunesses inquiètes peuvent twitter l’Europe en une agora contestataire qui ferait siennes les revendications espagnoles. 

Seul manque une étincelle pour que la contagion de ce mal d’espoir se propage de la Puerta del Sol à la place de la Bastille, du Campo di fiori de Rome au Rossio de Lisbonne, ou au Temple Bar de Dublin, transformant notre fin de mai en une version revisitée de la lutte des places.

Car l’ibèrespace n’est pas clos et, à la vitesse de la colère électronique, le malaise circule, s’enfle, balaye d’un revers de dédain les élections espagnoles et nos indulgences machistes. La révolte madrilène n’a pas l’odeur du jasmin. Elle a le goût amer du chômage, de la richesse injustement partagée et de l’avenir bouché entre intérim et CDD. 

Les jeunesses d’Europe ne craignent ni les dictatures ni la mondialisation, elles craignent la précarité de leur avenir professionnel illisible et l’angoisse du premier logement inaccessible.

Entre dette et austérité, les jeunes ont épuisé leurs capacités d’espérance et ne veulent plus voir que les ségrégations dans la solidarité. La réforme des retraites ou la loi sur la dépendance ne font qu’accroître le fossé avec les générations aînées et prospérer le populisme sur les faiblesses d’une démocratie qui ne répond plus à leurs attentes. 

En Espagne plus vite qu’ailleurs, l’explosion de la bulle immobilière a exacerbé le malaise de la jeunesse, mais la comparaison des indicateurs montre que les autres pays des rives de la Méditerranée ne sont guère mieux lotis.

Dans une Europe qui impose la rigueur pour sauver les banques, la jeunesse ne se suffira pas longtemps d’être assistée. Ce n’est pas un hasard si son avenir apparaît déjà comme une priorité de la prochaine campagne présidentielle. Les candidats seraient inspirés d’être concrets, de convaincre les jeunes et leurs parents, et de tenir ensuite leurs promesses s’ils veulent contenir une dangereuse révolte de gamins.

DANIEL RUIZ.

http://www.lamontagne.fr/france_monde/edito/[email protected]

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