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tikhomir 11 juin 2011 14:07
« La question que je pose est celle-ci : la condition sine qua non de cet anéantissement de soi qui marque la venue à la « présence » à l’univers au sens où nous nous y abandonnons sans réserve et en toute con-fiance, est-elle l’aban-don ad vitam aeternam à l’autre ? »

Attention, le mariage, c’est pour la vie ici et non pour l’éternité. Jésus le dit : « Jésus leur dit : « Les enfants de ce siècle épousent et sont épousés ; mais ceux qui ont été jugés dignes de parvenir au siècle à venir et à la résurrection des morts n’épousent pas et ne sont pas épousés ; aussi bien ne peuvent-ils plus mourir : ils sont en effet semblables aux anges, et ils sont enfants de Dieu, étant enfants de la résurrection. » Lc 20:34-36

Saint Paul sur cette base : « La femme est liée aussi longtemps que vit son mari ; si le mari vient à mourir, elle est libre de se remarier à qui elle voudra ; seulement que ce soit dans le Seigneur. » 1 Co 7:39 (et inversement avec le mari).

Pour le mariage des mystiques, même s’il y en a, c’est vrai que c’est rare. Pourquoi ? Simplement parce qu’ils expérimentent par avance l’amour Divin, le plus haut degré d’amour. 

A la résurrection, nous serons comblés de l’amour Divin, le plein amour.

Le mariage, c’est un chemin de sainteté, un parmi d’autres. On pourrait développer encore, exégèse, théologie, mais je pense que vous avez compris.

Pour la question du sacrifice, attention, il ne faut pas l’entendre dans un sens mauvais comme on le fait souvent aujourd’hui, il s’agit de sacer facere (Latin) « rendre sacré ». Cette union est rendue sacrée parce qu’elle est amour Divin, tout du moins elle en est une image ici bas, par avance. Ce genre d’union d’amour est communion dans l’Esprit Saint et donc amour Divin.

Le mystique expérimente l’amour Divin d’une autre façon, la façon mystique.

Ainsi, lorsque l’on se marie, on ne perd pas sa liberté, on ne l’abandonne pas : nous la gagnons. Nous la gagnons parce que l’amour est libre.

Pour le cas où vous parlez d’une union avec une personne horrible, c’est un cas différent dans le sens où les deux ne sont pas en communion. Vous pourriez rapprocher ça de « l’amour des ennemis », chose qui, à mon sens en tout cas est impossible à l’Homme, mais possible par la grâce de l’Esprit. Amour Divin aussi ici. Mais pour que cela fonctionne, il faut y consentir, tout aussi librement.

« Si je pose la question ainsi, vous l’aurez compris, c’est que de manière générale, une personne qui se donne à nous, cela nous fait fuir pour la bonne raison que, la norme de réciprocité étant ce qu’elle est, nous savons très bien qu’elle le fait avec le secret espoir que nous ferons de même tôt ou tard. »

Exact, mais ceci n’est pas de l’amour, l’amour est don libre et gratuit. Ce n’est pas un échange de bons procédés ou un marchandage type « je me donne si tu te donnes ».

« Malgré tout, même si cette dynamique d’aban-don réciproque ad vitam aeternam peut être si facilement dévoyée ou corrompue comme elle l’est majoritairement par les représentations sociales dominantes »

Eh oui, malheureusement... Mais c’est toute l’Histoire de l’humanité : le manque d’amour qui amène tout cela.

« Je suis même disposé à admettre qu’elle peut représenter une forme d’absolu dont l’extrémité supérieure serait marquée par le fait que l’un serait toujours prêt à donner sa vie pour l’autre. »

Pas « toujours prêt » : elle est déjà donnée au mariage.

Pour le reste, vous êtes parti du principe d’éternité, ce qui n’est pas mon cas. Je ne parlais ici que de sens chrétien. Pour les histoires de décadence, les gens sont libres de l’être... Tout comme ils sont libres d’être des saints.

« Deux millénaires ont suivi qui, tout en faisant des nations chrétiennes les plus violentes, les plus génocidaires que la terre ait portées »

Violentes oui, à divers degrés suivant l’époque, mais les plus grands génocides n’ont que peu à voir avec le christianisme ou les civilisations chrétiennes ou autres empires. Je trouve cela une mauvaise lecture de l’histoire. Après, pour la question de violence, tout le monde ne choisi pas d’être saint. Même la société déchristianisée actuelle est très violente. Le problème, mais c’est commun à toute religion, foi, etc., c’est qu’au bout d’un temps, cela devient comme jusqu’à récemment et encore un peu maintenant en France, une foi sociétale. Ce n’est plus la vraie foi. On a la foi parce que c’est traditionnel ou « de famille », parce que « ça fait bien », etc.. Mais déjà, on a beau se dire chrétien, on est sorti de l’Evangile et tout est possible, surtout le pire car on se fait ses petits arrangements avec la foi.

Ensuite, je lis bien votre histoire de sacrifice, mais cela a un sens négatif alors que le vrai sacrifice, c’est simplement le fait de « rendre sacré ». Dans le mariage, il n’est pas question du sacrifice au sens où vous l’entendez et heureusement, sinon plus personne ne voudrait se marier ! D’ailleurs, c’est ce qu’il se passe : de moins en moins de gens se marient et n’arrivent pas à se marier, donc se séparent. Même moi, je ne voudrais pas de cette horrible vision du mariage et vous avez raison de vouloir changer cela.

« J’accepte de mourir dans le regard de l’autre, j’accepte qu’elle se détourne de moi à tout moment, parce que sa liberté fait la valeur de sa présence. Ce qui compte c’est la vérité de la rencontre, pas sa durée. »

Mais c’est aussi ça le mariage. D’ailleurs, j’aime beaucoup Saint Jean qui dit : « Il n’y a point de crainte dans l’amour ; mais l’amour parfait bannit la crainte, car la crainte suppose un châtiment ; celui qui craint n’est pas parfait dans l’amour. » 1 Jn 4:18

Nul besoin de craindre l’autre, de craindre qu’il parte ou se détourne. Quelle personne saine voudrait se détourner de l’amour ? Celui qui craint manque déjà d’amour lui-même et ne peut pas s’étonner que l’autre se détourne : réaction normale car l’autre pourra chercher un « meilleur » ou « plus grand » ou « plus » ou « plus fort » ou « plus vivant » amour là où il y en a (cas typique qui conduit à l’adultère, l’autre peut être amené à pécher parce que nous même avons péché le premier en manquant d’amour par exemple). Celui qui aime pleinement ne craint pas et c’est valable pour l’autre partie du couple.

Il ne faut pas oublier la dynamique du couple, et quand l’autre fait quelque chose qui semble inconvenant : le mieux, c’est de lui demander ce qui ne va pas chez nous. Mais ici encore, c’est communion, écoute, respect, patience, charité, miséricorde, générosité, liberté, etc.. Dans le cas de personnes qui ont réussi à se marier, qui s’aiment, ceci va dans les deux sens et c’est dynamique, toujours attentif.

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