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easy easy 14 juillet 2011 20:06

Je vais être assez proche de Grau

Il y a une très grande part d’influence culturelle dans ce qui fait notre ego.

La France fait partie des pays où l’individu s’exprime le plus en Je.

Ici, le Je tombe sous le sens et on ne perçoit pas bien, même quand on me lit à l’instant, qu’il puisse exister d’autres manières de dire « je »

Et pourtant il en existe.

Au Vietnam, on indique d’abord son nom de famille et ensuite seulement le prénom que notre famille nous a donné. 
Ca donne en permanence à chacun des Viets qu’une personne est d’abord définie par sa famille. 
Au point qu’un Viet, e un mal fou à comprendre le Je français. 

Dans le nom de famille des Viets, il y a d’abord le nom d’une dynastie ou d’une très ancienne famille. ensuite peut venir un second Nom plus rare.
Ce qui fait que beaucoup de Viets portent le même nom.
Les Viets se regardent donc mutuellement comme porteurs d’une grande histoire.

L’HISTOIRE.

Oui, l’histoire, douce, triste, dure, d’une dynastie, est donc inclue dans l’identité des gens. Chacun porte beacoup d’historicité dans son sens du Je

On y pratrique le culte des ancêtres.
Dans les maisons des aînés, il y a un autel et des photos, les seules de la maison souvent, des morts de la famille. On part le matin en s’adressant à eux, on rentre le soir en leur disant un mot en leur offrant une mangue, un bâton d’encens. Et ce dialogue avec les morts se faisant devant les autres, chacun trouve très normal de papoter avec les morts invisibles.
Au fond, les gens, quand ils partent au travail, ne se trimbalent peut-être pas trop leurs morts avec eux. Les morts étant à se reposer sur l’autel. Posons qu’on ne compte pas sur eux pour nous trouver le loto.
Au moins pendant qu’on est à la maison, tout ce qu’on fait et dit, se fait donc sous le regard le plus vivant possible des morts. Et cela en messe familiale puisque chacun participe à faire vivre l’âme des morts.
Au total, il se crée une véritable spiritualité, à partir non d’un dieu, mais de la famille.

Nul ne peut agir, en tous cas dans la sphère privée, en choquant les morts. Ce n’est pas possible.




Ensuite, lorsqu’une mère appelle un de ses trois fils, elle ne l’appelle pas uniquement par son prénom. Elle ajoute des mots qui indiquent sa position familiale, au moins son rang.

Au point que trois copains, au bar, vont s’appeler entre eux en utilisant les caractéristiques familiales de chacun. Genre frère trois, frère quatre
Et comme il peut y avoir confusion car deux copains peuvent être chez eux des numéro trois, on trouve une indication supplémentaire, éventuellement le prénom pour s’y retrouver.
Du coup, sur le marché, quand on demande du poisson à une vieille dame, on lui dit un mot évoquant l’idée qu’elle pourrait être notre mère.
Et quand on s’adresse à un femme plus jeune que soi, on lui dit petite soeur.



je m’arrête là mais il faut comprendre qu’à partir du moment où ces deux points fonctionnent en société, il se produit une mécanique d’amplification de de sens familial ;
Ainsi, l’ego d’un viet, tel qu’il se le représente, finit par ne même plus comprendre de partie vraiment individuelle.


Alors il ne parle pas en son seul nom, alors il n’agit pas que dans son seul intérêt, etc.



Ici, un orphelin, quand il est dans la rue, les gens lui donnent du Jean, du Paul et le gamin se sent isolé.
Au Vietnam, tout le monde l’appellera fils ou neveu et il appellera tout le monde frère, soeur, père, mère, oncle....



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