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maïmonide (---.---.0.25) 17 mai 2006 13:43

Le fait est qu’ il y a une alliance entre l’Amérique et Israël dans la guerre contre l’Islam. Ils sont déterminés tous les deux à établir le contrôle d’Israël sur Jérusalem et à reconstruire le Temple où le Dôme du Rocher se trouve maintenant et où les Palestiniens sont en travers du chemin. Et juste comme les Chrétiens et les Juifs sont tout à fait consentants à sacrifier leur propre peuple à cet ordre du jour monstrueux, de même les Musulmans lèvent sans doute des terroristes pour faire autant de dégâts que possible aux « infidèles » afin de sauver leur site sacré. Mais pour saisir réellement la situation explosive, nous devons jeter la majeure partie du blâme sur le terrorisme islamique actuellement où le pouvoir a résidé très longtemps : à l’Ouest, l’Occident chrétien :

Il y a un nouveau culte religieux aux Etats-Unis ; Il n’est pas tant composé de soi-disant « cinglés » que d’Américains du courant dominant de la classe moyenne jusqu’au haut de la classe moyenne. Ils écoutent - et donnent des millions de dollars chaque semaine - aux télé-évangélistes qui expliquent les principes fondamentaux du culte. Ils lisent Hal Lindsey et Tim LaHaye. Ils ont un but : faciliter la main de Dieu pour les porter jusqu’aux cieux sans ennuis, d’où ils observeront Armageddon et la destruction de la planète Terre. Cette doctrine se répand dans les Assemblées de Dieu, Pentecôte, et autres églises charismatiques, aussi bien que la Baptiste du Sud, la Baptiste indépendante, et d’innombrables églises et méga-églises soi-disant bibliques. Au moins un Américain sur dix est un dévot de ce culte. C’est le mouvement religieux qui croît le plus rapidement dans la chrétienté aujourd’hui. — Dale Crowley Jr., reporter religieux, Washington D.C.

Le « Ravissement de l’Eglise » est une idée popularisée par John Darby, un prédicateur britannique du dix-neuvième siècle. Le mot « Ravissement » décrit la joie des croyants tandis que le reste de l’humanité fait face à la terreur apocalyptique, durant sept années, avant que le Royaume de Dieu ne soit établi sur la Terre.

Tim LaHaye - avec son écrivain-fantôme Jerry B. Jenkins - a produit une série de livres qui cherchent à rendre cette terreur réelle, à dépeindre le « Ravissement » dans le monde des jumbo-jets et des IMacs.

Les livres de LaHaye sont REELS pour les gens vivant dans des époques effrayantes. Pour le vrai croyant, les livres de LaHaye ne sont pas que des descriptions précises de la manière dont tout cela va se passer, ils fournissent aussi de manière satisfaisante des scénarios délicieux prouvant qu’ils ont RAISON. Les non-croyants sont traités dans des descriptions longues et prolongées de ce qui va leur arriver sur Terre après le Ravissement.

Un des éléments clés de la théorie du « Ravissement » est l’Antéchrist. Cet individu signe un traité de paix de sept ans avec Israël - qui inclut la reconstruction du Temple, les Juifs sont attendus à soutenir unanimement ce projet et les Musulmans seront aussi d’accord pour déplacer le Dôme du Rocher à la « Nouvelle Babylone ».

La reconstruction du Temple à Jérusalem est requis par le scénario parce que l’Antéchrist doit le profaner au milieu de la Tribulation qui est supposée inclure guerre, tremblements de terre et sauterelles. Tout ceci est espéré comme un préliminaire nécessaire à l’établissement du royaume de Dieu sur la Terre.

La théorie exige quelque chose d’autre : que les Juifs se convertiront en masse au Christianisme afin qu’ils puissent alors devenir des « témoins » ou des convertisseurs de plus de gentils. La théorie de Darby insiste que les promesses de Dieu à convertir le peuple d’Israël doivent être lues littéralement comme s’appliquant aux Juifs au sens littéral. Donc les Juifs VOUDRONT se convertir (parce que c’est dans le scénario eschatologique).

A la « Fin du Monde, » les croyants des trois fois observeront le même drame, mais avec des programmes différents dans leurs mains. Dans l’un, Jésus est fils de Dieu ; dans un autre, il est le prophète musulman. Le Messie des Juifs est décrit dans le script musulman comme le dajjal - un autre nom de l’Antéchrist, le trompeur prédit par la tradition chrétienne. Les infidèles dans un script sont les vrais croyants d’un autre. Si votre voisin annonce que la Fin est venue, vous pouvez le croire, même s’il comprend mal ce qui se passe.

C’est logique : les scénaristes de la Chrétienté ont remanié le judaïsme, et l’Islam a remanié les deux. David Cook note que depuis le début, les idées apocalyptiques font des aller-retours entre les deux religions ; le village mondial est plus vieux que ce que nous pensons. Certains des premiers porte-paroles de la pensée apocalyptique islamique étaient des Juifs et des Chrétiens convertis ; ils arrivèrent avec des histoires de l’avenir dans leurs sacoches de selle.

En outre, la fin d’une histoire est quand la vérité survient, les trompés réalisent leur erreur. Le profond grief au début du christianisme et de l’Islam est que les Juifs ont refusé la nouvelle foi - donc les Juifs doivent apparaître dans le drame de la Fin des deux religions, pour être punis ou reconnaître leur erreur.

Et l’arrangement de la Fin est aussi partagé. Les événements cruciaux ont lieu à Jérusalem ou tout près. Après tout, le script commence avec les prophètes hébreux pour lesquels Jérusalem était le centre non seulement de leur monde mais de Dieu, et tous les autres travaillaient à partir de leur matériel. L’annonce de Isaïe de la Fin des Jours vient directement après qu’il se lamente que la « cité croyante est devenue une putain. » Cela installe le contraste : A l’âge parfait, « la montagne de la maison du Seigneur sera établie comme le sommet des montagnes » et « hors de Sion sortira la loi. » La tâche du Messie est de terminer l’exil des Juifs et de rétablir le royaume de David - dans sa capitale.

Le christianisme a remanié cette vision. Jésus, dit le Nouveau Testament, n’a pas été seulement crucifié et ressuscité dans la cité, il est monté aux cieux du Mont des Oliviers - et a promis de revenir là. Sans le lien national des Juifs avec la Jérusalem actuelle, les Chrétiens pourraient allégoriser de tels versets. La Jérusalem de la fin pourrait être construite sur d’autres rivages, et d’innombrables mouvements millénaristes sont apparus ailleurs. Mais la signification littérale doit être réclamée là, particulièrement dans une époque d’adhérence aux mots, comme la nôtre.

Le plus frappant de tout est l’adoption par l’Islam du même arrangement. Pour les croyants apocalyptiques musulmans, Jérusalem est la capitale dans l’âge messianique. A la fin des temps, disent les traditions musulmanes, la Ka’Ba - le lieu de pèlerinage central à La Mecque - viendra à Jérusalem. L’implication est que dans l’Islam, parler de l’apocalypse suggère au moins Jérusalem - et une lutte pour Jérusalem fait allusion à la dernière bataille.

Curieusement, des experts académiques disent souvent que l’Islam assigne un espace limité à l’apocalypse. Dans les premiers siècles de la religion, des croyants attribuaient un vaste corps de traditions contradictoires au Prophète. Les érudits islamiques du début triaient les paraboles, établissant lesquelles étaient les plus fiables. Entre-temps, l’Islam devint la foi d’un empire, et il fut temps de parler doucement de renverser l’ordre donné. Ainsi les auteurs de livres contenant les traditions les « plus précises », le pinacle du canon, parlent peu de la Fin. Le « Haut » Islam apparaît non-apocalyptique. [Gorenberg]

Ainsi, il devient tout à fait sensible aux croyants de ce culte de promouvoir le bien-être d’Israël avec argent, armes et autres sortes de soutien, afin que le Temple puisse être reconstruit, peu importe qu’il soit profané et qu’Israël soit supposé, dans le scénario, être détruit totalement dans le processus de l’établissement du royaume de Dieu !

Quelle duperie !

J’ai écouté des cheikhs musulmans expliquer comment des versets dans le Coran prophétisent la destruction d’Israël, et les prêtres évangéliques américains qui insistent sur leur profond amour pour Israël et néanmoins attendent avidement les batailles apocalyptiques sur la terre d’Israël si terribles que les lits de rivière à sec, prédisent-ils, seront remplis de fleuves de sang. J’en suis venu à réaliser que le centre de mon histoire devait être le Mont du Temple. Ce qui arrive à cet endroit, plus que nulle part ailleurs, stimule les attentes de la Fin dans trois religions. Et à cet endroit, le danger de provoquer une catastrophe est le plus grand. [...]

Melody, la vache qui aurait pu apporter le royaume de Dieu sur la Terre, ou enflammer tout le Moyen-Orient, ou les deux, selon à qui vous demandez, a sa tête coincée entre les barres grises de l’étable et mâche du fourrage et des épis de maïs. [...]

La naissance de Melody en août 1996 semble défier la nature : Sa mère était une Holstein noire et blanche. En fait, [Gilad Jubi, laitier de l’école d’agriculture Kfar Hasidim] dit qu’il a eu du mal a faire naître la vache laitière, et a finalement importé de la semence de Suisse, pense t-il, de bœufs de boucherie de race rousse. Mais les vaches « rousses » ont normalement des taches. Une entièrement pourpre est extraordinaire : La Torah Michna, le code de la loi juive du douzième siècle de Moses Maimonides, note que seulement neuf vaches dans l’histoire ont correspondu aux exigences du Livre des Nombres pour le sacrifice en tant que « génisse rousse. » Cependant l’offrande rare était essentielle pour maintenir l’adoration dans le Temple de Jérusalem. La dixième vache, Maimonides prétend, arrivera au temps du Messie. C’est quand la tradition juive prévoit que le Troisième Temple sera construit sur le Mont du Temple. [...]

Trouver une génisse rousse est une condition préalable pour construire le Temple. Une autre, il est supposé généralement, est de retirer le Dôme du Rocher du Mont du Temple.

Le jour suivant, un journal dévoile l’histoire. [Adir Zik, un présentateur sur la station de radio pirate des colons connu pour sa rhétorique impétueuse] parlait de la génisse rousse dans son émission de radio. La folie concernant Melody avait commencé. [...] Les photographes de presse arrivèrent. Le rabbin, sans génisse, apparut à la télévision nationale. L’homme du Boston Globe créa une histoire, et d’autres correspondants suivirent. ... Une équipe de CNN fit un pèlerinage à la génisse rousse, comme le firent des équipes de ABC et CBS, et du Japon, des Pays-Bas, de la France.

Si la plupart des médias mondiaux rapportèrent sur Melody avec un ton amusé, comme une histoire sur les choses étranges que les gens croient, tout le monde ne vit pas la vache comme une plaisanterie. Sur la page d’opinion du quotidien israélien influent Ha’aretz, le chroniqueur David Landau disait que les services de sécurité devraient voir la génisse rousse comme une « bombe à quatre pattes » potentiellement plus dangereuse que tout terroriste. Landau... comprit les attentes de la construction du Temple que la vache pourrait inspirer parmi les Juifs religieux nationalistes, et son potentiel pour inciter à la guerre contre le monde islamique. « Une balle dans la tête, » il écrit, « est, selon les meilleures traditions, la solution des services de sécurité dans de tels cas... »

Trop criard ? Comme Landau l’a rappelé, les agents anonymes de la force de sécurité intérieure du Shin Bet d’Israël, pris en défaut par l’assassinat du Premier Ministre Yitzhak rabin en novembre 1995, a sous-estimé la puissance de la foi dans le passé. A Kfar Hasidim, Melody fut déplacée de l’étable à un « confinement solitaire » dans le zoo de l’école, où elle pourrait être gardée légèrement plus en sécurité des visiteurs arrivant quotidiennement. Un chien fut posté pour la garder. Il ne pouvait pas l’empêcher d’avoir des poils blancs qui poussent [Ce que Melody a eu, la disqualifiant et la sauvant du barbecue.]

Incontestablement, les réactions de Melody semblent bizarres. Mais il y a trois raisons très solides pour les peurs et les espoirs qu’elle a engendrés : le passé, le présent et plus que tout l’avenir.

Les Nombres 19 est un des chapitres les plus opaques dans les Ecritures Saintes. Une génisse rousse, « irréprochable, sans imperfection, et sur laquelle jamais ne vint un joug, » doit être abattue, et son corps brûlé entièrement en cendres. Paradoxalement, ce sacrifice doit être réalisé en dehors du Temple, cependant les cendres deviennent la clé du sanctuaire : elles peuvent nettoyer par elles-mêmes un homme ou une femme souillés par le contact avec la mort humaine.

Car, dit le texte biblique, quiconque touche un cadavre, ou un os, ou une tombe, quiconque entre dans une pièce qui contient un cadavre, est rendu impur, et ne doit pas entrer dans le Temple. Cependant la proximité de la mort est une partie inévitable de la vie, et le sacrifice était la manière dont les Juifs servaient Dieu. Donc pour libérer une personne de l’impureté, disent les Nombres, mélangez les cendres de la génisse avec de l’eau, et aspergez-la avec le mélange. De la manière dont la tradition juive lit ces versets, la génisse doit réellement être irréprochable. Deux poils blancs la disqualifierait. La bête la plus rare possible était essentielle pour purifier un prêtre qui avait assisté à l’enterrement de son propre père, ou pour permettre à tout Israélite qui avait été en présence d’un cadavre de participer au culte sacrificiel. [...]

Les dernières cendres de la dernière vache se tarirent un beau jour après que les Romains eurent rasé le Temple à Jérusalem en l’an 70. Chaque Juif devint impur en raison de contact présumé avec la mort qui, à proprement parler, n’avait pas beaucoup d’importance parce qu’il n’y avait pas de sanctuaire où entrer et le sacrifice avait cessé d’être le centre du judaïsme. La dixième génisse appartenait logiquement au temps imaginé du messie parce qu’un temple reconstruit y appartenait aussi.

Sauf qu’aujourd’hui, les cendres absentes de la génisse rousse ont une nouvelle fonction. Elles sont un facteur crucial dans l’équilibre politique et stratégique du Moyen-Orient.

Plus de mille neuf cents ans ont passé depuis la destruction du Temple, mais son emplacement - donnez ou prenez quelques mètres cruciaux - est toujours une réalité physique solide. [...] En principe, le Mont du Temple reste le site le plus sacré dans le judaïsme. [...]

Mais le Mont lui-même n’est pas en ruines. Comme Al-Haram al-Sharif, le Noble Sanctuaire, c’est le troisième site le plus sacré dans l’Islam. [...] Un coup d’œil au Mont témoigne que tout effort pour construire le Temple où il se trouvait - l’endroit même où la tradition juive dit qu’il peut être construit à nouveau - signifierait l’enlèvement de lieux saints à des centaines de millions de Musulmans, du Maroc à l’Indonésie. Une tentative pour dédier un morceau de l’enclos à la prière juive signifierait la découpe de ce morceau hors de la zone islamique.

Le 7 juin 1967, le troisième jour de la Guerre des Six Jours, les troupes israéliennes prirent Jérusalem Est, plaçant le Mont du Temple sous la loi juive pur la première fois en presque 2000 ans. Les leaders israéliens ont décidé de laisser le Mont, Al-Haram al-Sharif, aux mains des Musulmans. La décision gardait les ingrédients pour la guerre sainte à part, juste à peine. [...]

Cependant une séparation faite par le gouvernement civil n’aurait pas fonctionné sans une main des autorités religieuses juives. Depuis la Guerre des Six Jours, les rabbins dirigeants d’Israël ont décrété primordialement que les Juifs ne devraient pas passer les portes du Mont. Une des raisons les plus communément citées ... est que sous la loi religieuse, chaque Juif est présumé avoir été en contact avec les morts. Pour le manque de cendres d’une génisse rousse, il n’y a rien à faire sur ce point : pas moyen pour les Juifs de se purifier pour entrer dans la zone sacrée, pas moyen pour le Judaïsme de réclamer le mont, pas moyen de reconstruire le Temple. Les fonctionnaires du gouvernement et les chefs militaires ne pouvaient regarder l’exigence de la génisse manquante comme un coup de chance pour éviter le conflit sur le Mont. [...]

En 1984, le Shin Bet trébucha sur le complot souterrain des colons juifs pour faire exploser le Dôme du Rocher. Un des chefs de groupe expliqua que, parmi les « difficultés spirituelles » qui les empêchaient d’exécuter l’attaque, il était interdit d’entrer sur le Mont du Temple à cause de l’impureté causée par le contact avec les morts - c’est-à-dire qu’ il leur manquait les cendres d’une génisse rousse. Dans un verdict de l’affaire, un juge a écrit que si le plan avait été mené à bien, il aurait « exposé l’Etat d’Israël et le peuple Juif entier à un nouvel Holocauste. »

Le danger n’a pas disparu : Le Mont du Temple est potentiellement un détonateur d’une guerre de grande envergure, et quelques personnes essayant de forcer la Fin pourraient la déclencher. [Gorenberg]

Selon Gorenberg, entre un cinquième et un quart de tous les Américains sont des évangélistes. En Amérique Latine, le nombre de Protestants souscrivant à ces croyances a grimpé de 5 millions à la fin des années 60 à 40 millions au milieu des années 90. « Une raison de cet accroissement fut la campagne de Jean-Paul II contre la théologie gauchiste de la foi de libération. Les Catholiques d’Amérique Latine ont été plus ouverts aux espoirs catastrophiques du pré-millénarisme. »

Les Protestants de la Corée du Sud orientés vers l’apocalypse sont passés de 15 % de la population totale à 40 % durant les années 70 et 80.

La vieille image stéréotypée des croyants apocalyptiques comme des clochards aux coins des rues portant des panneaux disant « La Fin est Proche » ne tient plus. Les adhérents actuels de la théorie du Ravissement portent des costumes dans les salles de conseil et marchent dans les couloirs du pouvoir.


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