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FolkenNox 8 août 2011 10:34

Bonjour,

Il est intéressant de relier des éléments entre eux plutôt que de faire une analyse morcelée ; toutefois, cette fragmentation peut rendre le propos plus difficile à suivre et à commenter.

En préambule, je tiens à dire que je suis parfaitement d’accord pour préserver l’anonymat au maximum. Cet anonymat est un droit, mais comme tout droit, il ne doit pas dégénérer en abus.

Les comptes certifiés que vous évoquez sont réservés aux « stars » et « people » de tous horizons. La raison est simple : de nombreuses personnes créent des comptes au nom de personnalités, pour se faire passer pour eux, les ridiculiser, etc. C’est ainsi qu’on se retrouve avec 5 Mark Zuckerberg inscrits sur un même réseau social. Outre les problèmes de visibilité, il s’agit d’une pure et simple usurpation d’identité. Et les personnes dont l’identité est usurpée ont parfois la plainte facile... Afin d’éviter de se retrouver en procès, Google et Facebook prennent les devants, et n’autorisent ce genre de comptes qu’après une vérification en bonne et due forme. Il ne s’agit là que d’éviter de se faire taper sur les doigts pour cybersquatting.

Quand ces ténors du net parlent de virer les trolls, il est question d’éviter les hackers et les spammeurs, pas les personnes ayant des opinions « qui dérangent ».
Internet n’est pas un lieu de non-droit : l’incitation à la haine raciale, l’assistance au suicide, les menaces de mort ou la diffamation sont des crimes, et ce n’est pas parce qu’ils sont commis sur le réseau que leurs auteurs doivent échapper à des condamnations. Il est normal qu’une identification judiciaire soit possible. (Et pourtant, avec un minimum de méthode et de connaissance des réseaux, il est très facile de falsifier son identité)

Quel serait l’intérêt de Google de lever l’anonymat de ses utilisateurs ?
Offrir des publicités encore plus ciblées ? Quel besoin de votre nom pour cela, alors que vos données de connexion sont très faciles à recueillir et bien plus efficaces ? D’autre part, il est possible de désactiver le traçage dans les options de confidentialité.
J’ai dû rater un élément dans votre lien, mais je ne vois nul par que Google vende des données nominatives sur ses utilisateurs à des régies publicitaires : une telle pratique serait contraire au droit français, et la CNIL veille au grain. Google est déjà dans le colimateur de nombreux organismes, et au coeur d’un nombre incroyable de procès pour ses différents services (et en tant que juriste, je ne peux que déplorer les fondements souvent totalement hors de propos et des décisions extravagantes des juridictions inférieures, trop contentes « de se payer Google » alors que le droit leur donne tort... Heureusement que la cour de cassation et la CJUE montrent plus de rigueur).

Je ne perçois pas dans quel dessin Google nous fliquerait (alors qu’un tel flicage est en revanche opéré par les FAI). Sommes-nous donc si importants ? Nos recherches sont-elles les piliers qui permettront à Google de prendre le contrôle du monde ? Je ne vois pas. Les Etats auraient bien plus intérêt à le faire, et ne s’en privent d’ailleurs pas. Et ils n’ont pas attendu l’avènement du net pour le faire.

Il me semble que vous évoquiez dans un de vos articles des chefs d’entreprise qui avaient interdit à leurs employés d’utiliser Google pour les communications sensibles. S’il est raisonnable de vouloir limiter les risques, Google n’en présente pas plus que n’importe quel service de messagerie, gratuit ou payant. Et il y a bien plus à craindre des hackers (qui l’ont prouvé ces derniers mois, sont capables de s’en prendre à la CIA ou au Pentagône) que des employés de Google. J’ai travaillé quelques temps dans une administration publique chargée d’aider des entreprises : même dans ce contexte, j’ai vu des patrons refuser de communiquer avec nous des données pourtant totalement inoffensives, à cause d’une réelle paranoïa totalement injustifiée. Je ne suis pas loin de penser que ces mêmes chefs d’entreprises pourraient interdire à leurs employés l’utilisation de Gmail, parce qu’ils n’ont pas confiance, sans se baser sur la moindre raison rationnelle.

Si la prudence est de mise, demander d’utiliser des noms « réels » (ou qui le semblent) pour faciliter la communication ne me semble pas alarmant. D’une part, parce qu’une crédibilité de façade suffit amplement aux Facebook et Google pour remplir leurs missions et leurs caisses. D’autre part, parce que ces mêmes services ont au contraire plutôt intérêt à multiplier les profils et les inscrits pour se vendre : est-ce bien grave que deux profils appartiennent à une même personne, quand en contrepartie on peut revendiquer 25 millions ou 700 millions d’utilisateurs ? La course au chiffre ne serait que freinée par une politique restrictive d’identité réelle systématique. Et enfin, la preuve d’une identité est totalement impossible : une carte d’identité ? Qui garantit que je suis bien le titulaire et que je n’ai pas scanné la carte de quelqu’un d’autre, ou modifié sous Photoshop ? L’analyse sémantique ? Il suffit d’introduire des fautes volontaires correspondant à une identité et de la systématiser (je l’ai déjà fait, c’est très simple, ne serait-ce qu’en faisant des fautes de syntaxe), et de modifier son style (je sais que j’utilise beaucoup d’adverbes en temps normal, il me suffit d’en enlever si je veux altérer mon identité). Le cerveau humain parviendra toujours à trouver des parades à des systèmes automatiques, et une analyse manuelle serait un véritable gouffre financier et temporel.

Je vous rejoins sur le thème de la prudence. Mais comme je l’avais écrit en réponse à un de vos autres articles, il ne faut pas céder à la paranoïa. Si vous ne voulez pas que quelque chose se sache, il faut faire comme dans la vraie vie, et ne pas le mettre sur Internet. Si on veut malgré tout mettre une information, il suffit de dissocier ses profils et de créer des identités crédibles qui répondent à des facettes particulières. Votre analyse, quoique intéressante, semble omettre un aspect essentiel : l’intérêt financier de Facebook et Google va à l’encontre d’une vérification systématique, au demeurant impossible (les profils vérifiés sont des exceptions, qui leur permettent d’éviter des procès, mais cela n’est rentable qu’à la marge et non en pratique généralisée). Et si l’intérêt financier ne suit pas, pourquoi une entreprise privée se donnerait-elle la peine de prendre une telle mesure, au demeurant impopulaire ?


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