• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


yvesduc 16 août 2011 22:57
J’ai des souvenirs précis de la BD, qui m’avait fortement marqué dans ma jeunesse, et moins précis du film, qui m’a marqué aussi mais dont le contenu est légèrement différent.

Il est curieux qu’en tant que communiste, vous n’ayez pas remarqué le point suivant : ce que la BD montre peut-être mieux que le film, est que le « Super-Héros » PEUT ÊTRE N’IMPORTE QUI. Certes, à l’origine il y a une expérience de laboratoire mais cela confère surtout au personnage une RAGE, qu’il transmet à son successeur qui, lui, ne sort d’aucune expérience. Et ainsi de suite. Cette idée que la Résistance est portée par chacun de nous est extrêmement puissante et, encore une fois, en tant que communiste vous devriez l’apprécier.

L’autre élément extrêmement puissant du film se situe à l’opposé de la dictature des années « 30-40 » que vous décrivez. La propagande nazie fabriquait des ennemis en trompant les gens sur des faits divers, l’économie ou en fabriquant des attaques sous fausse bannière. Comme aujourd’hui. Mais la différence est, et là encore cela devrait vous plaire, que de la même façon que les riches ont compris qu’ils avaient plus intérêt à attaquer ensemble les pauvres, qu’à lutter entre eux, les pays riches ont compris qu’ils avaient intérêt à combattre ensemble les pays pauvres (où se trouvent les richesses convoitées), que de s’attaquer entre riches. Du fait de cette guerre asymétrique, exportée dans les pays pauvres, les citoyens des pays riches ne voient plus la guerre (contrairement aux ouvriers allemands qui voyaient les bombes tomber sur leur usine et aux paysans allemands qui voyaient leurs proches revenir dans des cercueils) et ne voient ces régions lointaines qu’au travers des médias complices, médias qui dès lors ont toute latitude pour créer une réalité entièrement factice. C’est ce concept extrêmement puissant de réalité fabriquée, rendue possible par la guerre asymétrique et lointaine, que le film montre au travers de ces habitants acceptant les lois autoritaires, la réalité de la menace (asymétrique) étant admise.
Autant les allemands se rendaient compte qu’ils étaient en dictature (lire à ce sujet « L’opinion allemande sous le nazisme », d’Ian Kershaw), autant la propagande actuelle est infiniment plus subtile et berne y compris la classe moyenne, comme on le voit avec le 11 septembre 2001, et plus généralement avec l’actuel terrorisme d’État sous fausse bannière islamiste (justifiant les guerres contre les pauvres, détenteurs de ressources). En Allemagne nazie les classes populaires déprimaient sévèrement et espéraient de plus en plus vivement le départ du Führer, et la fin de la guerre... Le film, plus encore que la BD (forcément, puisqu’elle date d’avant le 11 septembre), est donc au contraire d’une actualité toute fraîche, décrivant cette propagande plus subtile reposant sur une menace asymétrique justifiant les mesures autoritaires ici.

Enfin, vous avez raison de dire que la solitude du héros est l’élément le moins vraisemblable du film et que, dans la réalité, il ne pourrait pas réussir. Néanmoins, nous sommes là dans une histoire et cette asymétrie numérique sublime au contraire les victoires que remporte le héros, et révèle les ressources extraordinaires qu’il ne soupçonnait pas en lui. Une ode au militantisme et à la Résistance qui devrait, là encore, vous plaire !

Commencez-vous à regretter votre « critique rabat-joie » ?

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès