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64 et 14 : les chiffres néolibéraux pour l’homo-capitalium pur

Emmanuel Macron qui, en bon mâle dominant, envoie madame au casse-pipe a défini deux lignes rouges :

— reculer l’âge de départ à 64 ans

— plafonner la part des retraites dans le PIB à 14 %

 

Sous couvert d’une analyse économique qui ne pourrait être remise en question puisqu’elle serait juste, ce projet de réforme n’est que l’application du projet néolibéral aux vieux. Notre président qui ne recule devant aucun mépris à distiller nous prend littéralement pour des imbéciles. Accordons-lui le mérite d’avoir été tellement pervers avec le peuple français, que celui-ci, avec les confinements, s’est mis à être curieux de la chose politique. Il pensait avoir éteint, anesthésié le peuple qu’il n’a même pas pris le soin de prévoir avec le préfet de Paris, un trajet suffisamment long pour recevoir la première manifestation du 19 janvier. Et, oh surprise, le peuple était là au rendez-vous, et le nombre des manifestants et des mécontents a gonflé en une semaine tandis que Jupiter dégringole de son piédestal. Non, l’économie n’est pas une science dure, mais une science molle qui dépend, pour ses solutions, de choix politiques. Maintenant tout le monde l’a compris. Or, Macron a décidé 64 et 14 alors que le peuple veut 60 et le maintien du montant des pensions.

Reculer l’âge de départ à 64 ans

Tout a été dit sur ce que va provoquer ce recul du départ à la retraite. Ce qui a été moins dit ou moins entendu, c’est que ce recul sous le prétexte que tous nos voisins le font correspond au postulat du néolibéralisme défini par Walter Lippmann dans la première partie du XXe siècle, selon lequel l’humain doit s’adapter au libéralisme et non le contraire et qu’il devait répondre aux besoins du marché. Autrement dit, l’anthropologie néolibérale a inventé l’homo-oeconomicus. Nous ne sommes plus des homo-sapiens, mais de manière plus précise, des homo-capitalium. Or, un homo -capitalium, cherche toujours et doit toujours penser et agir pour les marchés, c’est-à-dire travailler et consommer. Le développement personnel néolibéral est tourné vers l’esprit concurrentiel, l’adaptation aux caprices du marché, à savoir être compétitif et choisir parmi des milliers de produits qui lui sont proposés chaque jour, etc. Alors pourquoi donc, l’homo-capitalium se mettrait-il en retraite ? Car le meilleur moyen d’être adapté au marché, c’est de coupler les activités de produire et consommer. Or, à la retraite on ne produit plus. Et non seulement on ne produit plus, mais on va bénévolement nous occuper de nos petits-enfants et ainsi déposséder le marché de l’activité lucrative de l’assistanat maternel. Donc, le mieux qu’a à faire un homo-capitalium qui ne travaille plus, c’est de mourir, car il est comme une voiture sans accélérateur qui ne sert plus à rien et qu’on met à la casse.

À l’âge de 62 ans, 25 % des actifs sont déjà morts. L’objectif est donc 50 % en reculant encore l’âge de départ à la retraite comme nos voisins ou le cumul emploi-retraite pour les survivants. Au Japon c’est 70 ans avec des pensions tellement misérables qu’ils continuent en cumul emploi-retraite. Donc c’est un objectif réalisable…

Plafonner la part des retraites dans le PIB à 14 %

Plafonner la part des retraites dans le PIB lorsqu’on sait que le nombre de retraités va augmenter tandis que le nombre d’actifs va diminuer, c’est ni plus ni moins, baisser les pensions. Posons-nous la question de l’intérêt de faire baisser les pensions. Bien entendu, on dira immédiatement : « c’est pour faire des économies ». La réponse est un peu courte et au lieu de cela on aurait pu dire :

Pratique : c’est pour nous obliger à faire du cumul-emploi

Lucratif : c’est pour nous obliger à placer nos économies dans les assurances et fonds de pension

Médical : c’est pour affaiblir notre santé et disparaître plus tôt

Économique : c’est pour alléger les entreprises des charges sociales

Réformateur : c’est pour tuer le système de solidarité intergénérationnel sous prétexte que le système ne fonctionne plus et le remplacer par le système à point

Libéral : c’est pour se débarrasser d’un service public et limiter l’action de l’État sur les marchés

Un peu d’humour ne fait pas de mal. Mais est-ce vraiment de l’humour ? Aux violences institutionnelles et policières, la start-up Macron nous sert les mensonges, les confinements, les politiciens aux casseroles plus grandes que ça tu meurs, l’austérité des salaires qui n’augmentent pas et maintenant le cynisme, car pendant ce temps-là, la convention citoyenne planche sur la fin de vie. Comme par hasard…

Au « vivre pour travailler » de Macron, le peuple veut juste « travailler pour vivre ».

Résistons !

 

 

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