A Jean-Paul Delevoye Les assureurs reconnaissants
A JEAN PAUL DELEVOYE LES ASSUREURS RECONNAISSANTS
Tous les observateurs sérieux connaissent l’objectif de la fameuse réforme par points. Il ne s’agit pas de rétablir les comptes et d’assurer l’équilibre, le report d’âge est repoussé.
Il s’agit, comme en Suède, de réduire la portée des retraites par répartitions pour rendre nécessaire des systèmes de capitalisation pour compléter.
Y a-t-il conflit d’intérêts pour Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire aux retraites alors qu’il a « oublié » de préciser ses liens avec un institut de formation de l’assurance ? « C’est une omission par oubli », a déclaré le principal intéressé au Parisien/Aujourd’hui en France dimanche, lui qui est entré au gouvernement début septembre et qui a donc dû se soumettre à la désormais traditionnelle déclaration d’intérêts publiée sur le site de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), samedi.
Dedans, il y déclare donc tous ses revenus, de son salaire de ministre délégué à 10.135 euros brut à sa fonction de président du think-tank Parallaxe, en passant par ses pensions de retraite liées à d’anciennes fonctions. Même son poste bénévole de président d’une association des orchestres nationaux, appelée la Chartreuse de Neuville est mentionné au point 6 de sa déclaration, celle qui concerne « les fonctions bénévoles susceptibles de faire naître un conflit d’intérêts ».
Mais de son poste d’administrateur de l’Ifpass, l’Institut de formation de la profession de l’assurance depuis 2016, il n’y a pas une trace.
Les assureurs seront pourtant les seuls bénéficiaires de la réforme
En Suede la stagnation, voire la baisse de la part des retraites, combinée avec une augmentation du ratio de dépendance conduit mécaniquement à un appauvrissement relatif des retraités. Le taux de remplacement, c’est-à-dire le rapport entre la pension moyenne et le revenu d’activité moyen est programmé pour passer de 50,5% en 2016 à 32,6% en 2070.
Les cadres sont les premiers concernés, en Suède leurs retraites ne dépassent pas 2000 euros
A 84 ans, Bertil est un fan de pétanque, qu’il pratique de façon très pro, avec des amis retraités, dans un parc à deux pas du City Hall, l’imposant hôtel de ville tout en briques de Stockholm. Mais lorsque vous lui parlez de sa retraite, il voit rouge. « C’est un système bon à mettre à la poubelle », tacle cet ancien cadre dans l’industrie du parfum. D’après ses calculs, le nouveau système lui a fait perdre environ 700 euros par mois. « Heureusement, j’avais souscrit une épargne privée. Je ne m’attendais pas à ça… », lâche-t-il, en serrant son panama crème entre ses doigts épais. « Avec ma femme, nous avons revu notre train de vie. Fini, les vacances à l’autre bout du monde. Et nous avons dû revendre nos deux voitures. » A quelques mètres de là, Marita, une amie de Bertil, elle aussi retraitée, confirme le diagnostic. Pour toucher une retraite décente, elle a dû travailler jusqu’à 69 ans. Mais vu les prix de la capitale suédoise, avec ses 1.950 euros nets, les fins de mois peuvent être difficiles.
Contrairement à une image répandue, la Suède est assez mal placée du point de vue de l’égalité femmes-hommes. La Commission européenne la classe dans le même groupe que la Finlande, la Roumanie, la Bulgarie, la Pologne, la Slovénie ou la Lituanie. Il y a en Suède 2,1 millions de retraités, soit environ 20% de la population totale, et un peu plus de la moitié (52%) de ces retraités sont des femmes. Or 57% d’entre elles reçoivent le minimum vieillesse contre 16% des hommes. Le document officiel dont sont tirés ces chiffres se borne à constater que « c’est le résultat des tendances historiques du marché du travail qui font que la participation des femmes et leurs revenus du travail sont moins élevés ». Corriger ces inégalités ne fait pas partie, par essence, d’un tel système de retraites.
La Commission européenne élabore un indicateur d’exposition au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale (AROPE). En 2016, 17% des Suédois de plus de 65 ans sont exposés à ces risques, mais cette proportion est de 22% pour les femmes, contre 11% pour les hommes. A titre de comparaison, cette proportion est en France de 10% et l’écart entre hommes et femmes est plus réduit.
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