AJ+ : une taqîya zélée
Avançant à visage couvert, le média web du Qatar flatte les égos de ceux qu'il veut séduire.
Quelle belle chose que l’intersectionnalité ! Pour les ignares réactionnaires qui auraient vécu dans une grotte en ce début de siècle, il convient de rappeler que cette notion désigne les liens qui se nouent dans le combat contre l’islamophobie, le sexisme, le racisme, l’homophobie, et tant de termes en -phobie qui restent encore à inventer. Une sorte de convergence des luttes des éternels oppressés sociétaux. Utilisé à outrance par les apprentis révolutionnaires d’une extrémité un peu gauche, ce concept fait fleurir les paradoxes et signaux contradictoires. Contradictoires quand, à l’instar de la cadre de l’UNEF Maryam Pougetoux, ils prétendent concilier féminisme et port du tchador ou du hijab. Contradictoires quand les lobbys LGBT s’acoquinent avec une religion qui, dans la théorie comme dans les faits, se rend coupable de persécutions à leur encontre. Contradictoires encore quand les associations antiracistes autoproclamées pratiquent une ségrégation de nouvelle génération, par des événements organisés en « non-mixité raciale », elles qui prétendent pourtant rejeter la notion de race.
Pourtant, ces organisations et militants semblent s’en accommoder le temps de leur lutte effrénée contre un ennemi commun désigné volontaire : le mâle blanc hétérosexuel. Un pacte de non-agression germano-soviétique revisité en somme, dont on se contente un instant, jusqu’à ce que la tête de l’oppresseur historique soit enfin tombée. Mais ne nous méprenons pas, ces incompatibilités ne sont qu’en sursis puisqu’il ne pourra rester, à terme, qu’une seule vision parmi toutes celles qui se rejoignent éphémèrement, à la suite d’une Barbarossa inévitable.
C'est ainsi que les attaques se multiplient envers un patriarcat oppressif et suranné, dépassé, boursoufflé, de la part des victimes d’hier qui sont, à dire vrai, les puissants d’aujourd’hui. Ceux-là même qui judiciarisent la moindre parole déplaisante à leurs sensibles oreilles, qui livrent à l’opprobre médiatique chaque détail offensant leur paranoïa mimée, qui ont leurs ronds de serviettes à la table des influenceurs de ce pays, se doivent de conserver une posture victimaire pour ne pas être victimes de leur imposture consistant à imputer à l’homme blanc tous les maux de ce monde.
Je dois modestement reconnaître que je prête jusqu’ici beaucoup d’intentions aux articulations de ces idéologies. Ces personnes, mues par le reflet grimé de noir que renvoie d’elles une partie du monde médiatique, sont-elles peut-être simplement aveuglées par leur envie de rassembler les bonnes volontés pour changer un monde qui les encombre. Soit. Mais le processus de fond est bien plus retors et délibéré.
J’en veux pour exemple l’émergence du nouveau média web AJ+. Sur les bases racoleuses des néomédias Konbini et BuzzFeed, cet organe sévit principalement sur les réseaux sociaux où il envahit les fils d’actualités, en particulier des jeunes, aidé par une visibilité monétisée. Fort d’une charte graphique et de codes de communications modernes, il propose de courtes vidéos poussant le progressisme – selon leur définition – à son paroxysme le plus abjecte. Ecriture inclusive, antisionisme primaire, création de polémiques ex-nihilo, véritable propagande pro-minorités automatique et sur tous les sujets seront à l’ordre du jour si toutefois vous vous risquez à vous rendre sur leurs différentes pages, chose que je déconseille vivement à quiconque tient à sa stabilité intellectuelle.
Ma foi. Qui suis-je pour juger une ligne éditoriale ? Eh bien, c’est sur ce point précis que je cherchais à aboutir. Cette ligne éditoriale n’est pas menée par l’idéologie à laquelle on l’associerait en première intention. Comme ses initiales pouvaient le laisser présager, AJ+ est la filiale « cool et branchée » de Al Jazeera, chaîne financée et administrée par le Qatar, état dont la politique est en opposition totale avec bon nombre de sujets défendus ardemment sur ce média, à l’exception des questions théologiques et géopolitiques. Rappelons à toutes fins utiles que l’homosexualité y est passible de mort.
Al Jazeera entreprend ici une taqîya particulièrement diligente et zélée afin de distiller dans la jeunesse un regard hostile envers l’occident et sa représentation historique, n’hésitant pas à se prostituer auprès de tout soutien potentiel pour rencontrer un écho le plus large possible.
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