Aléas
Aléas.
Aléas ? Imprévus ? Malchance ? Bonne ou mauvaise fortune ? Fini tout ça, ça n'existe pas, on ne l'accepte plus, pourtant ….
Petit fils de viticulteur du midi j'ai toujours entendu récriminer contre "la sécada, la gelada, la padragada", traduisez la sécheresse, la gelée, la grêle. Ces phénomènes naturels susceptibles de nuire gravement aux ressources de la famille étaient considérés comme des risques inhérents aux métiers de la terre, ils faisaient partie de la vie quotidienne.
Chacun savait il y a un demi siècle que l'agriculture est à la merci de phénomènes climatiques qui risquent d'anéantir les récoltes.
Aujourd'hui il est de règle en pareil cas de voir et entendre l'agriculteur monter au créneau dans un journal télévisé pour annoncer qu'en raison du réchauffement climatique et donc de la sécheresse qui en découle, il va probablement perdre 65 pour cent de sa récolte, que c'est intolérable, et que le gouvernement doit impérativement le subventionner.
Il fut un temps ou l'on attendait d'avoir rentré et mesuré toute sa récolte pour constater que c'était une mauvaise année, et qu'on avait fait 20, 30 ou 45 pour cent de moins que l'année précédente qui pourtant n'était pas fameuse, et qu'il faudrait se serrer la ceinture en espérant que ça irait mieux l'année prochaine.
Maintenant l'état doit tout à tout le monde et il faudrait une espèce d'assurance universelle contre les mauvaises surprises. Assurance dont bien entendu nous ne paierions pas les cotisations ce qui laisserait au contribuable lambda le soin d'assurer la subsistance de l'agriculteur qui a fait "une mauvaise année" ou celle du bistrotier que l'on oblige à fermer son bar quelques semaines pour freiner la circulation d'un virus meurtrier.
Aujourd'hui j'ai entendu un agriculteur de la haute Ardèche, région austère s'il en est, dire qu'avec de nouveaux moyens matériels, notamment des filets posés au sol et une souffleuse pour éliminer les bogues et les feuilles, il récolte plus facilement ses châtaignes, il les calibre vite et sans erreur grâce à une autre machine, et que cette année ma foi, la pluviométrie et l'ensoleillement ayant été favorables, il en avait récolté beaucoup de très grosses, celles qu'il peut vendre cher aux confiseurs qui les transforment en "marrons glacés".
Quoi ? Un agriculteur qui ne se plaint pas ? Qui accepte qu'il y ait de bonnes et de mauvaises années ? Qui ne réclame rien ni au gouvernement ni à l'Europe, j'ai failli en tomber de ma chaise. Au secours il est devenu fou !
En ces temps de pandémie je compatis bien sûr aux difficultés des commerçants, des artisans, des cafetiers, des restaurateurs, des hôteliers, et j'en passe, empêchés d'exercer leur métier. Mais quand je les vois menacer le gouvernement de tout péter si on ne les autorise pas à travailler, qui calculent leurs pertes en se référant bien sûr à leurs meilleures années, et finalement qui exigent qu'on leur trouve une solution pour assurer le train de vie auquel ils sont habitués, je me dis que dans les années 1918 1919, du temps de la grippe espagnole, leurs parents s'ils exerçaient les mêmes métiers, étaient super contents s'ils n'avaient pas contracté le virus dangereux, remerciaient le ciel de n'être pas morts, et attendaient des jours meilleurs pour "se refaire". Il ne leur serait pas venu à l'idée de demander à l'état de "compenser leurs pertes".
Mais aujourd'hui pas de ça Lisette, l'aléa ça n'existe pas ! C'est le gouvernement qui est coupable, et même trois fois coupable : une première fois de ne pas avoir su éviter l'arrivée en France d'un virus parti de Chine et qui circule dans le monde entier, une deuxième fois de ne pas avoir empêché le virus de circuler et se multiplier en France, une troisième fois de ne pas suffisamment indemniser ceux qui ne peuvent pas travailler comme d'habitude parce que hein, c'est bien beau tout ça, mais ils ont des engagements, des loyers, des emprunts, et ils doivent les honorer !
La faute à pas de bol, zut alors, ça ne leur vient même pas à l'esprit ! Une initiative personnelle pour limiter les dégâts ? Certains l'ont fait mais pas la majorité. Piocher dans leurs réserves pour étaler le coup de vent et attendre de pouvoir repartir non plus.
Contribuables à vos poches ! Venez aider ce pauvre Philippe Etchebest qui gesticule et vitupère dans les étranges lucarnes. Avec ses deux restaurants au cœur du grand théâtre de Bordeaux est dans une situation "dramatique", et il crie bien fort que le gouvernement veut "l'achever" en l'empêchant de travailler ! Le virus ? Il s'en fout, c'est son business juteux qui l'intéresse !
Je préfère la clarté et l'honnêteté d'un Gilles Goujon, restaurateur trois étoiles à Fontjoncouse un petit village de l'Aude, qui prend acte de la situation. Après le premier confinement il pouvait rester ouvert mais a refusé de travailler avec les contraintes sanitaires imposées en exposant que ses clients viennent dans son restaurant étoilé pour prendre du plaisir sans aucune contrainte, et qu'il va rester fermé jusqu'à ce qu'il puisse à nouveau exercer correctement son métier.
Gilles Goujon subit tout autant que Philippe Etchebest les inconvénients d'une situation catastrophique pour son commerce mais il sait qu'il n'y peut rien et ne vient pas pleurer devant les caméras en vitupérant contre un gouvernement qui n'y peut rien non plus.
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