Arkéa : mettons un terme à cette folie !
Une désaffiliation du Crédit Mutuel précipiterait notre banque et ses salariés dans l’inconnu. Notre direction est aveuglée par l’ambition personnelle, au mépris de l’avenir du groupe et de ses sociétaires.
Trop, c’est trop. Obnubilé par sa quête d’indépendance, Jean-Pierre Denis finira par causer la perte de notre banque, Arkéa, et la nôtre, celle de ses propres salariés, avec. En affirmant cela, fais-je preuve de pessimisme militant, de catastrophisme syndicaliste ? De réalisme plutôt ! Et, une fois n’est pas coutume, c’est notre patron lui-même qui nous livre les arguments à lui opposer. Notre direction a en effet été contrainte par l’Autorité des marchés financiers (AMF) de faire preuve de davantage de transparence, en présentant, à la fin du mois d’août, un nouveau « document de référence », détaillant les « risques relatifs à la complexité du contexte et les risques liés à la désaffiliation du Groupe Crédit Mutuel Arkéa de l’ensemble Crédit Mutuel ».
Et cette fois, c’est écrit noir sur blanc : « le projet de désaffiliation (…) est inédit et particulièrement complexe à réaliser. La situation (…) est complexe et des risques et incertitudes existent. (…) La perte de la marque “Crédit Mutuel’’ (doit) être prise en considération », reconnaît — contraint et forcé — notre tout puissant patron. Mais le pire est encore à venir : l’indépendance d’Arkéa aura « des conséquences qui peuvent être difficiles à appréhender », notre direction avouant qu’elle « ne peut garantir que le projet sera conduit à son terme, qu’il ne devra pas faire l’objet de modifications majeures (…) ou que des difficultés nouvelles émergent lors de sa mise en œuvre ».
Ce qu’on nous a caché depuis si longtemps éclate donc, enfin, au grand jour. Au mieux, Jean-Pierre Denis et ses amis n’ont aucune idée d’où ils nous emmènent, nous, leurs 9 000 salariés et quatre millions de sociétaires ; au pire, ils nous envoient sciemment dans le mur. Et c’est sans parler du fait que « la désaffiliation unilatérale des caisses locales de l’ensemble Crédit Mutuel emporterait la perte du bénéfice de l’agrément bancaire collectif », ni des risques liés aux « calculs prudentiels » et à « l’accord des autorités de contrôle ». En bref, le projet de notre direction est aussi fou que mortifère pour notre banque.
Nos camarades ne s’y sont pas trompés. Début septembre, et pour la première fois depuis son entrée en vigueur en 1990, l’ensemble de nos organisations représentatives ont demandé au Comité de groupe confédéral de déclencher l’accord-cadre sur la gestion anticipée des restructurations. « Devant la gravité de la situation et l’exacerbation du conflit, le Comité de groupe national (…) a décidé de recourir à l’accord de branche Crédit Mutuel », précise un communiqué commun. « Ce conflit pourrait impacter de manière significative la stratégie économique ou l’organisation du Crédit Mutuel tout entier et compromettre la stabilité des emplois dans l’ensemble du groupe », poursuivent nos camarades.
Les syndicats, tous les syndicats, mettent en garde nos patrons contre cet aventurisme lourd de conséquences ; mais Jean-Pierre Denis et ses acolytes n’en ont cure : leur projet passera coûte que coûte. J’en veux pour preuve le mépris qu’ils opposent à nos camarades, auquel notre direction n’a fourni qu’un document d’une trentaine de pages pour détailler ses ambitions — assorti, c’est un comble, d’une clause de confidentialité. En définitive, salariés comme syndicats en apprennent plus sur leur avenir avec les tweets ronflants de notre DG, Ronan Le Moal, qu’avec les documents qu’on veut bien leur transmettre. Le résultat est hélas bien connu : entre intimidations et manipulations, l’atmosphère dans notre entreprise est anxiogène, délétère, irrespirable. C’est « marche — avec Jean-Pierre Denis — ou crève ».
Beaucoup d’entre nous refusent ce chantage. Contrairement à ce que veut faire croire le « Collectif de salariés du Crédit Mutuel Arkéa » à la solde de M. Denis. Certains font même preuve d’un beau courage, en prenant publiquement position contre les projets de notre direction. Je pense à notre collègue Robert Hay, 36 ans de boîte, qui a adressé une lettre ouverte à Jean-Pierre Denis : « Je trouve votre attitude sidérante », écrit-il, estimant « qu’aucun dirigeant (…) n’a le droit (…) de remettre en cause aussi profondément l’identité et l’avenir d’une fédération Crédit Mutuel avec ses salariés ». « Ce seront au final les salariés et sociétaires qui seront pénalisés et subiront les (…) conséquences » de ce projet, analyse Robert Hay, qui termine sa lettre par ces mots : « les faits, les incohérences et votre refus de toute négociation témoignent que ce combat semble être un combat personnel (…) et non un combat pour la survie de notre fédération ». Rien à ajouter.
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