Arnaque à la webcam : que faire et comment l’éviter ?
L’arnaque à la webcam, aussi connue sous le nom de « chantage à la webcam » est une pratique extrêmement courante qui draine des millions d’euros chaque année. L’escroquerie consiste à piéger un internaute par le biais de sa webcam avant de lui réclamer de l’argent en échange de la non-diffusion des documents gênants.
Eviter un chantage : prévenir plutôt que guérir
La première chose à faire pour éviter d’être victime d’une arnaque à la webcam est de se renseigner sur les habitudes des escrocs (appelés communément « brouteurs »). Le seul fait d’avoir connaissance de ce type de chantage peut permettre de l’éviter.
Déroulement d’un chantage à la webcam
Exemple concret
Un internaute se connecte sur un réseau social et se fait aborder par une inconnue. Sur sa photo de profil, l’inconnue est séduisante voire sexy. Après quelques échanges plus ou moins banals, les deux internautes décident de se donner rendez-vous par webcam. La victime actionne sa caméra et accepte de partager des moments d’intimité avec sa nouvelle amie ; il se livre alors à des gestes et/ou des paroles susceptibles de le gêner par la suite, à l’occasion du chantage. Une fois la vidéo enregistrée, le brouteur (qui n’est bien évidemment pas la jolie fille de la photo) envoie quasi immédiatement un message de menace à sa victime : il lui indique qu’il possède une vidéo compromettante et lui promet de la diffuser à sa liste de contacts en cas de refus de négociation. La négociation consiste à envoyer de l’argent en mandat cash vers la Côte d’Ivoire ou d’autres pays d’Afrique Noire.
Comment éviter une arnaque à la webcam ?
Pour éviter une arnaque à la webcam, il est important de suivre quelques règles simples :
Se méfier des inconnus
Les demandes d’amis ou d’ajouts sur les réseaux sont fréquentes. Avant d’accepter de se rapprocher virtuellement de quelqu’un, mieux vaut prendre ses précautions en vérifiant :
- Le profil de la personne qui fait la demande d’amis ;
- L’authenticité de la photo utilisée en avatar ;
- La date d’inscription au réseau social ou au site de rencontre.
Une personne qui a peu ou trop d’amis cache souvent quelque chose : lorsqu’elle en a peu, cela peut signifier que le compte a été ouvert récemment et qu’il ne sert que de vitrine pour tendre des pièges. Si en revanche elle a énormément d’amis et peu ou pas d’activité sur son mur, cela peut signifier que le compte n’a qu’un seul objectif : contacter des personnes par messages privés.
Entrer dans le cercle des amis donne souvent accès à un certain nombre d’informations (liste des autres amis, entreprise, lieu de travail, conjoint, enfants, parents, etc.). Toutes ces données seront ensuite utilisées par le brouteur à l’occasion de sa menace.
Protéger ses informations personnelles
Les brouteurs ont tendance à cibler des personnes assez présentes sur la toile : plus ils obtiennent d’informations personnelles, plus ils auront des arguments de poids lorsqu’ils essaieront de faire chanter leur proie.
Pour éviter de se faire repérer par un brouteur, mieux vaut donc paramétrer les comptes de ses réseaux sociaux en mode « privé ». Il est préférable de cacher ses listes d’amis, le nom de son employeur, son lieu de résidence, etc. Ces informations pourront être ouvertes seulement au « amis » ou « amis proches ».
Il peut également être judicieux de vérifier les informations qui apparaissent sur Google. Pour cela, il suffit d’ouvrir une fenêtre de navigation privée et de taper ses nom et prénom (s’ils sont courants, on peut y ajouter la commune de résidence, l’année de naissance ou le lieu de naissance par exemple). Cette manipulation permet de savoir si certains éléments de la vie privée ou professionnelle sont exposés à la vue de tous sur la toile. Pour éliminer ces éléments, on peut écrire au webmaster ou directeur de publication du site concerné afin d’en exiger le retrait. La CNIL peut également se charger du dossier. Lorsque les choses se compliquent, mieux vaut faire appel à des nettoyeurs du net.
Que faire en cas de chantage à la webcam ?
Ignorer le malfaiteur
La première chose à faire lorsque l’on apprend que l’on est victime d’un chantage à la webcam est d’ignorer le malfaiteur. Répondre et tenter de négocier ne sert absolument à rien : une fois que le brouteur a obtenu ce qu’il veut, il n’a aucune raison de céder. Ignorer permet de plus de gagner du temps afin de se concentrer sur les étapes suivantes.
L’escroc tente parfois de se faire passer pour la police ou pour un site de vidéos en ligne (Youtube, Dailymotion), heureusement, ces messages sont facilement reconnaissables (fautes de français, mauvaise mise en page, etc.). Il ne faut donc ni paniquer, ni céder. J'en parle sur le huffingtonpost.
Nettoyer l’intégralité de ses comptes
Il est impératif de retirer le malfaiteur de sa liste d’amis et de le signaler le plus rapidement possible au site sur lequel la rencontre a eu lieu. Sur Facebook, il faut impérativement cacher sa liste de contacts ; pour cela, il suffit de cliquer sur l’onglet « amis » puis sur « gérer » et « modifier la confidentialité », une nouvelle fenêtre apparaît, cliquer sur « moi uniquement » dans le menu déroulant.
Prévenir ses contacts sobrement
Prévenir ses contacts permet d’éviter le pire, en effet, quelques mots peuvent suffire pour expliquer qu’un compte personnel a été piraté et qu’il ne faut en aucun cas ouvrir de message ou de pièce-jointe contenant ses nom et prénom.
Exemple de texte à envoyer à l’intégralité de sa liste de contacts :
Bonjour,
Je viens d’apprendre que mes comptes ont été piratés. Il semblerait que le pirate envoie de faux messages contenant des propos dégradants et des pièces-jointes avec virus intégré. Pour votre sécurité, je vous invite à supprimer tout message me concernant et ne provenant pas de mon adresse personnelle.
Bien à vous,
Grâce à ce type de message, la plupart des contacts effacent le message du brouteur avant même de l’avoir ouvert.
Conserver des preuves et agir
Avant de contacter le Ministère de l’Intérieur, il est primordial de réunir les preuves de la manipulation. Pour cela, il suffit d’enregistrer des copies d’écran des échanges avec l’escroc (touche « imp écr » du clavier puis « ctrl V » sur Paint).
Lorsque l’escroc va jusqu’à mettre en ligne la vidéo compromettante et qu’il prouve ses dires en fournissant l’URL à sa victime, il faut alors contacter le site concerné afin de signaler l’arnaque à la webcam et/ou faire appel à des nettoyeurs du net.
Quoi qu’il arrive, il ne faut jamais envoyer d’argent au maître-chanteur. Payer n’effacera pas la vidéo (le brouteur pourra donc recommencer son chantage à la webcam peu de temps après) et le fait de céder contribue grandement à l’entretien de cette pratique.
Porter plainte
Bien qu’il soit possible de porter plainte pour escroquerie, il est encore rare de réussir à démanteler ce genre de réseau. Les malfaiteurs n’agissent pas seuls, ils interviennent à plusieurs, depuis des cybercafés, souvent avec des adresses IP cachées. De plus, les escrocs se trouvent généralement à l’étranger, ce qui rend leur traque encore plus difficile.
Conscient de ces abus, le Ministère de l’Intérieur a mis en ligne une page permettant de signaler des comportements abusifs https://www.internet-signalement.gouv.fr/. Il est également possible de déposer plainte dans le commissariat ou le poste de gendarmerie le plus proche.
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