Assimiler l’ADEME et l’OFB à des comités « théodule ou théodore » est inadmissible !
Qu’il y ait des comités « théodule ou théodore » injustifiés et coûteux pour classer des ami(e)s politiques, c’est certain et leur dissolution serait justifiée. Mais alors que les missions, bien réelles exercées par celles-ci, sont essentielles pour l’environnement, le climat, ou la santé, des ténors de la droite demandent la suppression, de l'ADEME, et de l’OFB, dont ils s’interrogent sur l'utilité et le coût, c’est inadmissible !
Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse et Gérard Larcher, dans une danse mortuaire autour de la transition écologique
Pour Laurent Wauquiez, président du groupe LR à l’Assemblée Nationale, Valérie Pécresse présidente de la région Île de France, Gérard Larcher président du sénat, plus qu’une danse macabre, pour ces trois ténors deLR, c’est plutôt une chasse au fusil mitrailleur contre l’ADEME...
Au moment où pour le budget de l’État, il est réclamé « des actes concrets » pour réduire la dépense publique, Gérard Larcher n’hésitait pas à fustiger les « plus de 4 milliards de budget » et ses « près de 1 100 équivalents temps plein » de l’ADEME, dont la solution passe évidement par sa suppression. Gérard Larcher semble oublier que si le chiffre de quatre milliards d'euros correspond bien, au budget prévisionnel de 4,2 milliards d’euros pour l'année 2024, le budget effectif de l'agence en 2024, était de 3,4 milliards d’euros. 92% vont directement aux territoires et 8% aux] frais de fonctionnement pour les personnes qui y travaillent, les loyers, les travaux de recherche.
Si on se réfère à sa déclaration, lors de la présentation de politique générale du premier ministre François Bayrou, Laurent Wauquiez a lui aussi l’ADEME dans le viseur. Dans cette déclaration il avait indiqué une liste d'agences dont il avait fustigé « l'utilité douteuse et le coût bien réel ». et de rajouter « Non seulement ces organismes coûtent cher, mais ils sont à l'origine des normes qui épuisent notre pays et ils aboutissent à déposséder le politique de la décision ». Nul ne contestera qu’il puisse y avoir des comités « théodule ou théodore » qui sans grande utilité et dévoreurs de subventions publiques, ne servent qu’a reclasser un personnel politique ami. Mais se servir de cet argument comparatif pour vouloir supprimer des organismes tel l’ADEME qui ont un rôle essentiel dans le cheminement vers la nécessaire transition écologique la santé est inacceptable.
Valérie Pécresse, n’étant pas en reste, n’a pas hésité à déclarer sur une radio « Ça veut dire qu'il y a trois administrations qui planchent sur les mêmes projets, qu'on fait trois fois l'instruction », défendant ainsi une "suppression" de l’ADEME et le transfert de son budget aux régions. Outre le discrédit porté sur le personnel comme s’il faisait un travail inutile ou superflu et qu’il serait mieux « drivé » par les régions que par l’État, supprimer l'ADEME, c'est mettre en risque la transition vers la décarbonation de l'industrie, le déploiement des énergies plus propres, la transition vers des mobilités décarbonées, le recyclage, la rénovation des bâtiments.
Les discours populistes de ces ténors de la droite LR concernant leurs volonté de réaliser des économies budgétaire sur l’environnement, la protection du climat et en filigrane la santé rappellent la proposition de loi déposée en octobre 2024 par le RN, envisageant « à moyen terme, de réinternaliser, en administration centrale, les missions de l'Ademe et de supprimer cette agence » https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/amendements/0324C/CION-DVP/CD6
En plus de fustiger l’ADEME et proposer sa dissolution, Laurent Wauquiez s’en prend aussi à l’OFB.
Les agricultrices et agriculteurs de la Région Auvergne-Rhône-Alpes ont découvert dans leurs boîtes aux lettres un courrier du 20 Février 2025 signé par le président de région, le LR Fabrice Pannekoucke et son conseiller spécial, le député Laurent Wauquiez président du groupe LR à l’Assemblée Nationale qui, relayant les attaques menées par les syndicats agricoles de la FNSEA et de la Coordination rurale, s'en prennent à l'OFB (Office Français de la Biodiversité). Ils posent notamment la question de sa dissolution. L’OFB y est qualifié de « coalition d’idéologues » qui entendrait « empêcher » les agriculteurs de « travailler et de vivre dignement ». « Nous espérons que se posera sérieusement la question de sa dissolution », écrivent les deux élus dans leur courrier. Cette lettre suscite la polémique et interpelle au sein même du monde agricole. Par un communiqué du 20 Février 2025 la Confédération Paysanne Auvergne-Rhône-Alpes « apporte tout son soutien à l'OFB et à ses agents ». https://www.francebleu.fr/infos/environnement/l-ofb-qualifie-de-coalition-d-ideologues-un-courrier-de-la-region-fait-polemique-2682929
Comme si en supprimant l’OFB, le revenu et la dignité des agricultrices et des agriculteurs en seraient améliorés ? Messieurs Fabrice Pannekoucke et son conseiller spécial, le député LR Laurent Wauquiez ne peuvent ignorer que les revendications des agriculteurs et des agricultrices qui se mobilisent depuis plus d’un an portent avant tout sur la faiblesse des revenus. Ce n’est pas à cause de l’OFB, mais en majeure partie liée à la logique de l’industrie agroalimentaire qui tire les prix vers le bas, aux coopératives agricoles qui spéculent sur l’achat/vente de céréales, aux semenciers, à l’industrie des phytosanitaires et aux concessionnaires agricoles qui prélèvent la valeur ajoutée au détriment des exploitations familiales.
Il est vrai que désigner un bouc émissaire est à la foi plus simpliste et plus facile que de faire une véritable mission de protection de l’environnement, du climat ou plus généralement de la population.
Que madame Pécresse ou messieurs Larcher et Wauquier soient soucieux des deniers publics on ne peut qu’approuver, encore que des économies sur certains frais de fonctionnement des parlementaires, notamment au sénat pourraient être évités, il y des économies nettement plus importantes qui pourraient être faite, telles celles ci que je leur suggère : https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/dette-abyssale-en-finir-avec-le-257404 https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/regrouper-les-communes-et-fin-de-l-257221
Quand des ténors de LR se mobilisent contre l’ADEME ou l’OFB, d’autres de leurs élites proches n’hésitent pas à détourner l’attention de l’opinions sur la question énergétique.
Quand un responsable politique, tel Luc Ferry ancien ministre et élite de la droite prétend qu’avec la fusion nucléaire ( ITER ) dans 10 ans on aura de l'énergie propre et totalement sûre pour des millions d'années, autrement dit le meilleur des monde énergétique à portée de la main … De telles affirmations optimistes de la part de quelqu’un de cultivé et informé de la chose comme lui, ne peut que soulever des interrogations, car la production d’énergie par la fusion nucléaire ne sera pas effective dans 10 ans.
A moins que de telles affirmations ne servent qu’à concourir, de façon complémentaire et discrète, à justifier les propositions de ses ami(e)s de LR. Pensez donc, avec une énergie propre et totalement sûre pour des millions d'années à quoi cela servirait-il que l’on continue de dépenser des sommes importantes pour entretenir des organismes inutiles ou ceux qui ne sont que des coalitions d’idéologues...
Ne pas négliger la question démographique et son impact déterminant sur l’environnement, l’énergie, le climat, ce que font pourtant la majorité des responsables politiques
La civilisation humaine est confrontée à des risques existentiels qui découlent essentiellement de sa démographie et de sa dépendance aux ressources et combustibles d’origine fossiles, dont l’extraction et l’exploitation pour répondre à une demande énergétique sans cesse croissante participent à la crise climatique en cours. Si l’on se réfère donc à Luc Ferry, la fusion nucléaire seraient-elle une solution d’énergie propre d’avenir ?
La fusion nucléaire a été découverte au début du 20ème siècle, et la première réaction a été réalisée par Ernest Rutherford en 1934 à l’aide de deutérium (il s’agit d’hydrogène lourd dont le noyau est composé d’un proton et d’un neutron, donnant comme produit de l’hélium). L'hélium a une masse inférieure à celle des deux noyaux de deutérium l’ayant engendré. Cette masse n’a pas été perdue, elle s’est juste transformée en énergie thermique, le lien entre les deux étant exprimé par la fameuse formule E=mc² dérivée des travaux d’Albert Einstein.
Selon des scientifiques spécialisées, l'un des principaux avantages de la fusion nucléaire par rapport à la fission nucléaire est que le combustible nécessaire à la réaction n'est pas aussi radioactif que dans les centrales nucléaires à fission. Pour que deux noyaux fusionnent , alors que leurs charges électriques respectives ont tendance à les séparer, ceux-ci doivent se trouver dans un état d’agitation thermique intense. C’est le cas lorsqu’ils sont portés à des températures et des pressions très hautes. Dans la nature, ce phénomène se produit au cœur du Soleil et des étoiles. Sur Terre, la production industrielle d’électricité par fusion ne peut se réaliser qu’au sein de tokamaks, afin d’y créer des réactions de fusion nucléaire pour produire de l’énergie.
Ces scientifiques spécialisées précisent également qu’un tokamak est une machine en forme d’anneau métallique creux utilisée par les scientifiques afin d’y créer des réactions de fusion nucléaire, dans le but de produire de l’énergie à près de 150 millions de degrés Celsius. C’est encore au stade de la recherche avec ITER ( International Thermonuclear Experimental Reactor), en Chine, le réacteur à fusion nucléaire, tokamak East, a battu un record en janvier 2022, en maintenant la température des 70 millions de degrés (soit plus de 4 fois la température au cœur du soleil) pendant plus de 17 minutes et 160 millions de degrés, pendant 20 secondes. Pendant 1337 secondes, soit soit plus de 22 minutes , c’est le temps durant lequel le tokamak West, opéré sur le centre CEA de Cadarache, en France, a maintenu un plasma à plusieurs dizaines de millions de degrés le 12 février 2025. Bien que selon l’AIEA, malgré les bonds qui sont fait dans le domaine scientifique et que le nombre de découvertes dans le domaine de la fusion nucléaire ait connu une évolution positive au cours des dernières décennies, pour les scientifiques spécialistes, d’un point de vue vraiment opérationnel, la fusion nucléaire pour produire de l’énergie, ce n’est pas envisageable avant plusieurs décennies.
Pendant ce temps, il y aura encore de nombreux problèmes d’environnement, climatiques, rejets de pesticides et donc plus de cancer, dont il convient de souligner la vulnérabilité des femmes françaises. D’après le Centre international de recherche sur le cancer ( CIRC), la France est désormais le pays au plus fort taux d’incidence dans le monde concernant le cancer du sein. Comment expliquer cette regrettable pole position ? Or en ce qui concerne la pollution atmosphérique, l’étude XENAIR effectuée sur 8 polluants atmosphériques montre que 9% des cas de cancer du sein pourraient être évités si l’on se rapprochait des seuils d’exposition recommandés en 2021 par l’OMS pour le dioxyde d’azote (NO2), à savoir 10 µg/m3. https://www.e3n.fr/la-pollution-atmospherique-favorise-lapparition-du-cancer-du-sein
On ne peut que s’inquiéter de la façon dont ces responsables politiques de droite, par leur propositions surprenantes ou comme la majorité de leur collègues de gauche, voire des Verts, par la façon de les appréhender, semblent ignorer totalement que l’impact multirisques est essentiellement du à la pression démographique. Il est évident qu’aller vers la transition écologiste, avec une décroissance démographique choisie la plus juste et équitable possible, la route sera longue et la pente difficile, ce qui nécessitera dans notre pays la présence d’organisme tels l’ADEME, l’OFB, l’agence du Bio et d’autres qui pour agir ou aider à agir dans le bon sens s’appuient sur des données scientifiques objectives et non des hypothèses foireuses.
Pour conclure
Nul ne contestera qu’il puisse y avoir des comités « théodule ou théodore » qui sans grande utilité et dévoreurs de subventions publiques, ne servent qu’a reclasser un personnel politique ami et doivent être dissous. Mais se servir de cet argument comparatif pour vouloir supprimer des organismes qui ont un rôle essentiel dans le cheminement vers la nécessaire transition écologique avec la sécurité alimentaire, la sauvegarde de la biodiversité et en filigrane la santé, c'est absolument inacceptable.
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