• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Au pays des inégalités mondiales

Au pays des inégalités mondiales

Tirant son titre du célèbre film, le livre d’Angus Deaton, prix Nobel d’économie 2015, est le récit de la vraie « Grande évasion », celle de l’humanité face à la privation et à la mort. Où en sommes-nous et quelles sont les inégalités en matière de bien-être et santé ? Comment comparer les situations entre les pays ? Quelles sont les politiques qui ont été menées et ont-elles été efficaces ?

Ceci n’est pas un résumé de ce livre, mais un patchwork personnel, construit autour de ce qui m’a le plus frappé.

QUALITÉ, ESPÉRANCE DE VIE ET POUVOIR D’ACHAT

Forte corrélation d’abord entre qualité de vie (1), espérance de vie et pouvoir d’achat : dans les deux cas, on observe un lien direct avec le niveau de revenu par habitant d’un pays ("GDP per capita"), et une corrélation quasiment linéaire (2). Une démonstration de l’exactitude du proverbe qui affirme que « si l’argent ne fait pas le bonheur, elle y contribue » !

Quelques pays surperforment en matière de qualité de vie comme le Danemark, à l’inverse d’autres comme le Japon ou la Bulgarie. Notons aussi le décrochage de la durée de vie au Nigéria, Angola et Afrique du Sud où les ravages du sida se font sentir…

Pourquoi un telle proximité entre espérance de vie et qualité de vie : l’hypothèse est que bien vivre dans un pays, c’est d’abord pouvoir y vivre longtemps. Première inégalité majeure donc : selon le pays où l’on naît, on vivra plus ou moins longtemps.

Changeons maintenant la question et au lieu de demander une appréciation sur la qualité de vie, posons une question plus personnelle sur les émotions positives ou négatives éprouvées la veille. Cette fois, la dispersion est beaucoup plus forte et la corrélation avec le niveau de revenu moins nette. Les Danois ou les Italiens se déclarent cette fois nettement moins heureux, alors que des pays comme le Bangladesh ou le Népal le deviennent. Où l’on voit donc que la contribution de l’argent au bonheur n’est pas si nette !

Faisons enfin attention à ne pas tirer des conclusions trop hâtives de toutes ces comparaisons et ces jugements apparemment objectifs : tout repose sur la capacité à comparer les niveaux de revenus entre pays. Or comment savoir quelle est la valeur d’un dollar entre des pays aussi dissemblables ?

Déjà que ce n’est pas si facile à faire entre des pays apparemment proches comme l’Europe et les États-Unis, comment le faire avec l’Afrique, l’Amérique du Sud ou l’Asie ?

Premier exemple : « Un des produits de base pour un Britannique est la pâte à tartiner Marmite. Chez eux, c’est bon marché et tout le monde l’achète. Aux États-Unis, Marmite est disponible, mais cher (…) Si nous comparons les prix entre les deux pays à partir de Marmite, nous allons conclure que les USA sont un pays très cher. Si nous regardons maintenant les prix relatifs de biens très courants aux USA – comme par exemple les crackers Graham ou le bourbon qui sont rares et chers en Grande Bretagne –, alors ce sera la Grande Bretagne qui deviendra un pays cher.  ».

Autre exemple : « Compte-tenu de l’incertitude de 25 % sur la parité en pouvoir d’achat ("PPP"), nous pouvons dire seulement que le pouvoir d’achat d’un Chinois converti en dollars se situe en 2011 entre 13 et 22 % de celui d’un Américain. La puissance économique totale de la Chine se situe elle quelque part entre 56 et 94 % de celle des États-Unis. ».

Difficile de s’y retrouver : attention à un excès de mathématiques, et surtout à tous les raisonnements basés sur des décimales !

LA BATAILLE CONTRE LA MORT : UN COMBAT ENCORE LARGEMENT INÉGAL

Frappant de voir combien l’espérance de vie moyenne a stagné autour de 40 ans – à part quelques chutes lors des épidémies –, jusqu’à la fin du 19ème siècle… sauf pour les ducs : pour eux, la grande évasion du pays de la mort a commencé dès le milieu du 18ème siècle, soit 150 ans plus tôt. Cette observation faite en Angleterre est valable pour toute l’Europe.

Depuis, c’est l’envolée régulière grâce à la quasi disparition de la mortalité infantile et au traitement des grandes maladies : de plus en plus on n’y meurt essentiellement plus que de vieillesse… ou d’accident. L’inégalité face à la mort a donc largement disparu dans nos pays.

Changement majeur s’il en est : « Pourquoi l’espérance de vie a-t-elle doublé de 40 à 80 ans en 150 ans ? Vu la longue histoire de milliers d’années de stabilité et même de décroissance, c’est sûrement un des changements le plus spectaculaire, rapide et positif de l’histoire de l’humanité. Non seulement presque tous les nouveaux nés deviennent des adultes, mais chaque jeune adulte à plus de temps pour développer ses compétences, ses passions, sa vie, un gigantesque accroissement des capacités et du potentiel pour le bien-être.  »

Qu’en est-il maintenant des autres pays ? Partout on constate une progression de l’espérance de vie, mais avec un retard qui reste important, même s’il tend lentement à se réduire : on vit aujourd’hui encore environ 25 ans de moins en Afrique sub-saharienne et une quinzaine années de moins en Asie.

Un seul cas réellement spectaculaire dans cette analyse, celui de la Chine qui a réussi dans les années 60 à mettre fin à la famine et a ainsi considérablement réduire son handicap.

Le tableau d’aujourd’hui est malheureusement clair :

  • Dans les pays les plus riches, plus de 80 % des morts ont plus de 60 ans et moins de 1% moins de 4 ans, versus respectivement 27 et 35% dans les plus pauvres,
  • Le cancer et les maladies cardiovasculaires représentent près de deux tiers des décès dans les pays les plus riches, versus 20%,
  • Les maladies comme les infections respiratoires, les diarrhées, le Sida ou la tuberculose ont été quasiment complètement éradiquées dans les pays riches…

Un constat donc sans appel qui montre qu’il y a bien une corrélation entre le niveau de vie et l’espérance de vie.

BIENVENUE DANS LE MONDE DES INÉGALITÉS EN TERME DE RICHESSES

Après l’espérance de vie, qu’en est-il de la répartition des richesses ? Pour cela, commençons par un zoom au sein des États-Unis.

Sans entrer dans le détail, l’idée essentielle à retenir est qu’après une période allant jusqu’aux années 1980 où les inégalités se sont fortement réduites, elles croissent à nouveau. Ceci s’observe aussi bien par l’évolution de la part des hauts revenus que l’évolution de la pauvreté. La baisse de cette dernière s’est arrêtée à partir des années 70, et les écarts semblent maintenant stabilisés.

Ce retour des inégalités s’est aussi accompagné d’une profonde transformation du type de bénéficiaire : « Non seulement il y a eu des mouvements majeurs pour les hauts revenus, mais les bénéficiaires ont aussi changé. Dans les premières années, les hauts revenus venaient du capital, et les personnes les plus riches étaient ce que Piketty et Saez appellent des "coupon clippers" (= rois des coupons) qui percevaient pour l’essentiel des dividendes et des intérêts. Les fortunes correspondantes se sont érodées au fil des ans à cause de l’accroissement progressif des salaires et des impôts. Ceux qui vivaient de leurs fortunes ont été remplacés par les PDG de grandes entreprises, les banquiers de Wall Street ou les gestionnaires de fonds, qui perçoivent des salaires, des bonus et des stock options. »

Le lien entre ces niveaux de rémunérations et les performances réelles pose question :

« Est qu’un riche s’enrichit aux dépens de tous les autres, ou parce qu’étant plus éduqué et talentueux, il est plus productif, par exemple en inventant une nouvelle façon de faire les choses plus efficace, ce pour le bénéfice de tous ? »

« Une étude monde que les dirigeants des groupes pétroliers sont mieux payés quand le prix du pétrole est élevé, suggérant que des bonus leur sont payés parce que l’argent est là et non pas parce que les bénéficiaires l’ont mérité »

« Le phénomène de "causalité cumulative" entre argent et politique est très peu documenté, bien que les spécialistes politiques et les économistes ont commencé à s’y intéresser. Nous manquons actuellement de notions précises sur l’importance des ses conséquences variées : quelle part de l’accroissement des hauts revenus due au lobbying et aux autres activités politiques, quelle fraction attribuée à cause de la productivité élevée des top managers, et jusqu’où l’activité politique provient d’intérêts opposés aux autres, notamment les syndicats qui sont aussi représentés à Washington. »

« Parmi les pays conquis par les puissances européennes, les pays qui étaient riches sont maintenant pauvres, et ceux qui étaient pauvres sont maintenant riches. De tels retournements de fortune devraient nous mettre en garde contre la croyance que la prospérité moderne et la croissance économique sont garanties comme quelque chose que nous avons toujours connu et qui ne disparaitront jamais. »

« Des économistes estiment que la croissance économique parle surtout de produire plus de biens – plus de maisons, plus de jupes et de chemises, plus de tables et de chaises – alors qu’aujourd’hui, c’est surtout en produire de meilleurs. Mais mesurer « le meilleur » est beaucoup plus difficile que mesurer « le plus », aussi, il est a minima possible que les statisticiens passent à côté de plus en plus de la réalité des temps présents. »

Qu’en est-il maintenant au plan mondial ?

On constate une résorption forte de la pauvreté, tirée essentiellement par la Chine et l’Inde. Par contre l’Afrique sub-saharienne reste à l’écart de cette convergence.

Ceci se confirme quand on observe la convergence du PIB par habitant des 24 pays les plus riches, alors qu’il n’y a rien de tel au sein de tous les pays.

La convergence exclut une bonne partie du monde : « Les moyennes ne sont pas une consolation pour ceux qui sont laissés derrière. (…) Quelques pays ont été capables de saisir les opportunités pour combler leur retard. (…) Dans le même temps, d’autre sont plus pauvres en 2010 que 50 ans plus tôt. »

Et attention à toute relation simpliste entre croissance démographique et pauvreté :

« Il peut sembler évident que si la nourriture du monde et des autres biens sont partagés entre plus de monde, cela en fera moins pour chacun, (…) La question de l’appauvrissement par la quantité n’est pas une question d’arithmétique ; c’est une question de savoir combien chaque nouvelle personne ajoute, pas seulement ce qu’elle coûte. Peut-être le récit le plus simple est que chaque bouche vient avec une paire de bras : trop simple pour être certain, mais une meilleure approximation de la vérité que celui où une nouvelle personne n’apporte rien. (…) En dépit des prophéties de catastrophes, l’explosion de la population n’a pas plongé le monde dans la famine et la déinstégration. Au contraire, les cinquante dernières années ont vu non seulement décroître la mortalité à cause de cette explosion, mais aussi une sortie massive de la pauvreté et de la privation que l’explosion de la population était supposée créer. (…) Les nouvelles idées qui viennent de certains de ces nouveaux cerveaux sont bons non seulement pour leurs propriétaires mais pour toute l’humanité. »

« Les enfants qui seraient morts autrefois n’ont plus "besoin" de naître, évitant à leurs mères la corvée et les dangers d’autres grossesses et aux parents la souffrance de leurs morts. (…) Ils sont libres de poursuivre d’autres activités, comme l’éducation et le travail en dehors de la maison. Ils ont aussi plus de ressources et de temps à consacrer pour la formation et le développement de chaque enfant qui a survécu. »

UNE EFFICACITÉ DES AIDES INTERNATIONALES QUI POSE QUESTION…

Qu’en est-il de l’efficacité des aides internationales ? Concourent-elles réellement à la réduction des inégalités ?

En guise d’apéritif pour nourrir la réflexion, quelques observations sur le danger d’approcher la pauvreté par l’arithmétique car « réduire la pauvreté est beaucoup plus facile à atteindre par des calculs statistiques qu’en réalité ! » :

« Le grand économiste et statisticien indien, P. C. Mahalanobis décida de demander combien les personnes avaient dépensé en riz ou blé au cours des 30 derniers jours. Beaucoup d’autres pays, pensant que les répondants ne pouvaient pas se souvenir correctement au-delà de 7 jours, optèrent pour cette période plus courte. Un jour, l’enquête indienne passa à son tour à 7 jours, et comme prévu, les dépenses journalières augmentèrent. Cet obscur et technique changement statistique divisa la pauvreté par deux : 175 Millions d’Indiens cessèrent d’être pauvres. »

« Si un Indien peut vivre avec 22 roupies par jour – et certains bien moins –, pourquoi donc un habitant des États-Unis ne peut-il pas vivre avec un dollar par jour ? (…) La pauvreté exclut pour la plupart des Indiens trois choses qui sont importantes et coûteuses aux USA : la maison, la couverture médicale, et l’éducation. En plus, dans un pays chaud comme l’Inde, pas besoin de se chauffer, ni de dépenser beaucoup pour se vêtir. Et les gens travaillent près de là où ils vivent, d’où ne dépensent presque rien en transport. »

Venons-en maintenant aux aides internationales. Un calcul a montré que la pauvreté mondiale pourrait être éliminée si chaque américain, anglais, français, allemand et japonais donnait 0,15 $ par jour. Rien que de très accessible donc. Alors pourquoi donc n’a-t-elle pas disparu ? Est-ce parce que nous n’avons pas assez donné ? Est-ce une problème de plomberie : augmentons la quantité d’eau qui rentre à un bout et nettoyons les conduits pour éviter les pertes, et tout sera réglé ?

Pas vraiment. Car comme le notait Peter Bauer en 1971 : « Si seul le capital manque pour que le développement ait lieu, il sera soit rapidement généré localement, soit fourni par l’étranger au gouvernement ou à des entreprises privées, le capital étant rémunéré par des taxes additionnelles ou des profits. Si, à l’inverse, les conditions du développement ne sont pas présentes, alors l’aide sera nécessairement improductive et donc inefficace.  »

Terrifiant et limpide, non ? Et c’est ce que constatent les analyses faites par Angus Deaton : il n’y a aucun lien entre le niveau de l’aide et le développement. C’est même plutôt le contraire : c’est quand les aides sont moins élevées que la situation s’améliore !

Ainsi quand il a mis en regard pour l’Afrique le niveau des aides avec celui du développement, il a constaté que « la croissance baisse fortement pendant que l’aide s’accroit fortement. ». 

En fait la vraie corrélation est avec le niveau de prix des commodités produites dans ces pays : la meilleure aide est d’accroître le prix de ce qu’on leur achète. Évident… mais ce n’est pas ce que nous faisons.

Angus Deaton analyse en détail pourquoi les aides sont contre-productives :

« Un projet peut réussir selon ses propres critères, mais son déploiement au niveau de la nation peut échouer. Une évaluation parfaite d’un projet coexiste avec l’échec de l’aide pour le pays tout entier. »

« L’argument qu’une aide menace les institutions dépend de la taille de l’aide. En Chine, Inde ou Afrique du Sud, où l’aide internationale officielle a représenté ces dernières années moins de 5% du revenu national, et occasionnellement plus de 1% des dépenses totales gouvernementales, l’aide n’est pas assez importante pour modifier le comportement du gouvernement ou le développement des institutions. La situation est tout à fait différente dans l’essentiel de l’Afrique. 36 des 49 pays de l’Afrique sub-saharienne ont reçu au moins 10% de leur revenu national lors des 30 dernières années. Sachant que l’aide va au gouvernement, le ratio de l’aide par rapport aux dépenses publiques est encore plus grand. Le Bénin, le Burkina Faso, l’Éthiopie, Madagascar, le Mali, le Niger, le Sierra Leone, le Togo et l’Ouganda sont parmi les pays où l’aide a dépassé 75% des dépenses du gouvernement au cours de ces dernières années. Au Kenya et en Zambie, respectivement 25 et 50%. »

« Que l’aide stimule les dépenses du gouvernement a été de façon répétitive documenté, et le gouvernement est libéré du besoin de consulter ou d’obtenir l’approbation de ses citoyens »

« Dans les cas extrêmes, un afflux externe important, que ce soit une aide ou des ventes de commodités, peut accroître le risque de guerre civile, parce que les souverains ont les moyens d’éviter de partager le pouvoir, et parce que le valeur de ce flux est tel que les deux côtés sont prêts à se battre pour lui. »

« Pourquoi les donateurs laissent-ils faire et ne sanctionnent-ils pas ? Parce qu’ils ne subissent pas les conséquences de l’aide et n’ont pas d’information directe sur ce qui se passe sur le terrain. Ils dépendent des rapports transmis par les agences qui distribuent l’aide. Aussi ils se focalisent sur le volume de l’aide, non pas son efficacité.

« Les agences gouvernementales sont sous la pression de leurs opinions publiques pour "faire quelque chose" contre la pauvreté – une pression qui est alimentée par les bonnes intentions de la population nécessairement mal informée – et ceci rend difficile pour les agences de couper les aides, même si leurs représentants locaux savent qu’elles font du mal. »

« Le problème des aides étrangères n’est pas ce qu’elles font pour les pauvres tout autour du monde – en effet elles les atteignent rarement – mais ce que les gouvernements font dans les pays pauvres. Le fait est que les aides étrangères aggravent la pauvreté en rendant les gouvernements moins attentifs aux besoins des pauvres, et ainsi leur fait du mal. »

Quel terrifiant réquisitoire !

Et ce n’est pas terminé…

 « La conditionnalité viole la souveraineté. », c’est-à-dire que le fait de conditionner l’octroi d’une aide à telle ou telle réalisation qui est décidée par le pays qui la fournit, conduit à déresponsabiliser et infantiliser le destinataire. Si les montants sont très élevés, le gouvernement local est un peu comme une marionnette artificiellement pilotée à distance.

Cela conduit Angus Deaton à ce raccourci : « Les projets d’investissements agricoles sont construits pour une économie imaginaire et ont autant de chances de réussir qu’un projet de faire pousser des fleurs sur la lune. ».

Aussi, « si la pauvreté et le sous-développement sont les conséquences de la faiblesse des institutions, alors en les affaiblissant ou en les freinant, les flots importants d’aides aboutissent exactement à l’inverse de ce qu’ils cherchent à faire. »

Quant aux programmes portant sur la santé, le bilan des programmes dits verticaux, c’est-à-dire ciblant une maladie précise, sont efficace par rapport à cette maladie qu’ils arrivent à effectivement éradiquer. Mais il y a des dommages collatéraux :

« Les programmes verticaux d’aide médicale – comme contre le SIDA – ont des résultats positifs contre les maladies qu’ils visent, mais en détournant les ressources locales en leur faveur, ils diminuent de fait la mise en place d’une organisation locale horizontale de la santé : ils la désorganisent par exemple en retirant les infirmières et les aides paramédicales à leurs tâches routinières. »

QUE FAIRE ?

Angus Deaton propose malheureusement peu de solutions…

Parce qu’il ne peut pas être question de ne rien faire, parce qu’admettre de voir une partie importante de l’humanité ne pas profiter de la « Grande Évasion », voici les quelques pistes évoquées à la fin du livre :

  • Avoir une action pédagogique au sein de nos pays pour expliquer l’effet dévastateur des aides massives,
  • Avoir une vue globale de ce que l’on fait dans un pays donné à travers tous les traités, les échanges, le commerce mondial, la banque mondiale, le FMI…
  • Soutenir prioritairement les pays dotés d’un vrai gouvernement local, tout en étant conscient que l’on ne peut pas abandonner les autres qui sont justement les pays qui ont le plus besoin d’aide,
  • Pour aider un pays, le mieux est de lui garantir un prix minimum d’achat de ses productions, et de le laisser choisir ce qu’il fera de cette ressource financière,
  • En cas de soutien direct, privilégier des programmes de base comme la qualité de l’eau, l’assainissement, ou la lutte antiparasitaire. C’est plus complexe, mais plus efficace.

 

 

(1) Évaluée à partir d’une question posée aux habitants : quelle est leur qualité de vie ressentie sur une échelle de 1 à 10 (de la pire à la meilleure vie).

(2) En échelle logarithmique, c’est-à-dire qu’à chaque graduation, la valeur est doublée, ou, formulé autrement, cela signifie que plus le revenu augmente, plus la variation doit être importante pour obtenir le même effet.


Moyenne des avis sur cet article :  2.25/5   (4 votes)




Réagissez à l'article

14 réactions à cet article    


  • Spartacus Lequidam Spartacus 26 mars 2016 09:27

    1-Espérance de vie.
    L’espérance de vie est un chiffre basé sur une vie entière. La dernière grande guerre des pays occidentaux date de 1945.
    Les dernières générations ont elle connus que des conflits limités. Voire des conflits aux nombre de morts limités.
    Le nombre de conflits vécus dans une vie est certainement avant la maladie le premier facteur de différence entre les pays.

    2-Inégalités de richesse.
    Les inégalités de richesse à l’intérieur d’un même pays viennent aujourd’hui des nouveaux entrepreneurs. Nouveaux riches disposants de revenus de source mondialisée et non plus locale. Y chercher un transfert des uns sur les autres intra-pays, ne peut être une statistique fiable dans un monde de plus en plus globalisé.

    3-Aide internationale aux pays pauvres.
    L’analyse de Angus est très pertinente de la gestion étatique. L’aide arrivant à l’état, elle est accaparée par les groupes organisés de l’état ou proche de l’état. L’état appelle « solidarité » la distribution de l’argent prélevé par l’impôt. Il en est de même à l’intérieur de notre pays. Les aides sociales ne servent pas les pauvres, mais ceux qui votent du bon coté.

    « faire quelque chose » contre la pauvreté – une pression qui est alimentée par les bonnes intentions de la population nécessairement mal informée...
    C’est d’une vérité !
    La lutte contre la pauvreté par la distribution sans compter est une excuse ou un prétexte « moral » induit par un passé idéologique marxiste de nos sociétés.
    Donner avec l’argent des autres donne bonne conscience aux mentalités socialisantes de nos sociétés occidentales.

    Le livre doit être intéressant.


    • Robert Branche Robert Branche 26 mars 2016 09:34

      @Spartacus
      1. Non le nombre des conflits n’est qu’un des paramètres, et n’est pas l’essentiel. Ce sont d’abord la mortalité infantile, et le traitement des grandes maladies (comme la tuberculose) et plus récemment le Sida qui sont les facteurs déterminants.

      2. Oui et non : la fortune peut aussi être locale. Le lien est aussi avec les politiques menées par les pays

      Oui je conseille vraiment la lecture de ce livre. Il est un peu « aride » (tout sauf un livre de plage !) mais très documenté (je n’en ai donné que quelques données dans mon article) et beaucoup de réflexions très pertinentes sur l’efficacité des politiques mises en oeuvre en Pays (avec une analyse historique)

    • Spartacus Lequidam Spartacus 26 mars 2016 10:55

      @Robert Branche

      Depuis les supercheries inventées de Piketty ou les armes de destruction massive, nous savons que les données statistiques sont sujettes à l’interprétation de celui qui les donne.

      On a le droit d’être prudent sur des statistiques.....Même de Nobel.

      Nombre de conflits et nombre de morts par conflit est différent.
      Ici la liste des pays par durée de vie : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_esp%C3%A9rance_de_vie
      Regardez les 30 derniers......

      Il est clair que pour une trentaine de pays sur terre les conflits sont loin de n’être qu’un « paramètre »...


    • Robert Branche Robert Branche 26 mars 2016 10:58

      @Spartacus
      Certes, je suis le premier à me méfier des statistiques et les regarde toujours avec prudence.

      Celles qui sont dans ce livre me semblent tout à fait fondées. De plus je n’ai pas dit qu’il ne mentionnait pas les conflits (dont il parle évidemment), mais qu’il n’était pas les facteurs explicatifs des tendances sur longues périodes.

    • Jean Pierre 26 mars 2016 19:40

      @Spartacus
      Puisque vous parlez des « supercheries » de Piketty, pourriez vous en citez une seule ? Piketty ayant analysé et chiffré la montée des inégalités, il est fatalement l’objet d’attaques de groupes ou de personnes qui profitent de ces inégalités. Cette croissance des inégalités posant de plus en plus de problème (y compris celui de conduire à la stagnation économique) il lance une alerte et comme tout lanceur d’alerte il a droit à un tir de barrage venu d’officines spécialisées dans la propagande, le hoax, les rumeurs et les attaques virales. Ses analyses dérangent, il faux donc le détruire. Sa vie personnelle est mises sous surveillance, il est attaqué sans droit de réponse et des crétins désinformés propagent ces attaques (miracle du net !). 

      Vous vous plaignez des attaques personnelles et du manque d’argumentation. C’est pourtant exactement ce que vous faites.
      Alors allez-y. Citez nous une seule supercherie.
      Par ailleurs après nous avoir expliqué qu’il fallait se méfier des chiffres et des statistiques vous nous en mettez une liste en lien. Belle incohérence. J’en fait quoi de vos chiffres ? Je les crois ou je m’en méfie ?

    • Spartacus Lequidam Spartacus 28 mars 2016 10:26

      @Jean Pierre

      Hélas Piketty est un ane.
      Par exemple il compare la richesse sans intégrer la valeur de la rente d’état.
      Exemple :
      Qui est plus riche. Une personne qui dispose de 100 000€ et place son argent pour en faire une retraite ou un fonctionnaire qui n’a rien mi de coté et aura une rente de statutaire pendant 30 ans ?

      Comparer les 1% des plus riches d’hier avec les 1% des plus riches d’aujourd’hui a t-il un sens ? Puisque individuellement ce ne sont pas les mêmes personnes ? Des riches peuvent devenir pauvre et inversement.
      Piketty ne disposant pas de chiffres sur certaines périodes les a inventés....Sic. Même lui l’a admis.
      etc, etc...


    • Jean Pierre 28 mars 2016 12:22

      @Spartacus
      Il est parfaitement légitime pour comprendre le fonctionnement de l’économie de comparer le 1% d’hier et le 1% aujourd’hui. La richesse s’accumule autrement que dans les décennies passées et même si cette accumulation est faites par d’autres personnes et par d’autres mécanismes, elle se fait et c’est ce qu’étudie Piketty. Mais même s’il y a quelques nouveaux gagnants, une partie des gagnants anciens restent riches. En France par exemple et uniquement en restant dans le domaine du personnel politique on remarque que Seillières, Bernadette Chirac, ou Françoise de Pannafieu descendent de famille des anciens maître de forge (18ième et 19ième siècle). Il y a donc transmission dans le temps long des anciennes fortunes et du pouvoir qui en découle. 

      Les attaques contre Piketty viennent du fait qu’il a rigoureusement démonté une des croyances du néo-libéralisme. Selon cette croyance le libre marché allait certes enrichir rapidement et temporairement certaines personnes mais ces richesses devaient ensuite ruisseler c’est à dire à être redistribuées dans un système fluide et ouvert. On constate l’inverse. Une petite minorité accumule des fortunes gigantesques et cette concentration ne fait que s’accélérer. Dans la nouvelle économie, l’accumulation financière de quelques acteurs (les GAFA) leur permet d’acheter toute start-up innovante susceptible de leur faire de l’ombre ce qui les met durablement en situation de quasi-monopole dans leur secteur.
      Quand vous parlez de rente d’Etat de quoi parlez vous ? Le coût du service de la dette à dépassé le coût du premier ministère (éducation nationale). Rémunérer des rentiers est devenu la première dépense d’Etat. Et cela est lié au transfert de la création monétaire aux banques privées. Giscard expliquait textuellement que le but de ce transfert était de créer un vaste marché des obligations. La dette d’Etat est donc une création artificielle qui est devenu une rente juteuse que les politiques néo-libérales (cadeaux fiscaux aux plus riches) ne cessent d’alimenter.
      Ce que vous ne supportez pas en fait dans les études de Piketty, c’est le fait qu’il décrive le monde économique tel qu’il est, c’est à dire avec une inégalité croissante. A l’inverse vous décrivez et souhaitez un monde imaginaire quasiment sans Etat, sans régulations, sans services publics et qui fonctionnerait magiquement dans l’intérêt du plus grand nombre par les simples mécanismes du marché. Ce monde est une utopie complète. Il n’a jamais existé de société humaine fonctionnant ainsi. Mais le seul fait d’avoir commencé à prendre cette direction a déjà de lourdes conséquences : inégalités croissantes qui engendrent des tensions sociales puis la montée des autoritarismes d’Etat, décrépitudes des infrastructures publiques pourtant indispensable au développement , crise financières à répétition, entres autres maux. La réalité néo-libérale est donc très éloignée de ses promesses.
      Enfin, comme je vous l’avais déjà dis, vos attaques de Piketty sont aussi que violentes (puisque vous parlez d’âne ,de mensonges ou de trucages des chiffres) que non argumentées précisement. J’attends toujours des éléments probants. Je reste persuadé que vous n’avez pas lu un ligne de son travail et que vous ne faites que relayer mécaniquement des attaques faites par d’autres sans aucun travail personnel de vérification. Faites preuve d’esprit critique et interrogez-vous sur la provenance de vos accusations.

    • lsga lsga 28 mars 2016 12:43

      @Jean Pierre

      À ceci prêt que vous parlez de richesses « financières » c’est à dire d’argent virtuel qui n’existe que dans les mémoires de quelques ordinateurs. Si on parle des richesses physiques, matérielles, on constate que 20% de la population mondiale consomme 80% des richesses. Ce sont les classes moyennes occidentales, mi-fascistes mi-racistes, qui consomment 80% des ressources en énergie et en matières premières pendant que le reste de l’humanité crève de faim.


    • Jean Pierre 28 mars 2016 19:35

      @lsga


      Le seul fait d’écrire « les classes moyennes occidentales, mi-fascistes, mi-racistes » vous discrédite. Ce qui est excessif est insignifiant. 

      Par ailleurs, les richesses financières permettent d’acheter les autres. Elles n’existent d’ailleurs que pour cela. L’argent n’a jamais été qu’un information écrite sur un morceau de papier et aujourd’hui cette information au lieu de déplacer sous forme de billets se déplace sous forme des données informatiques. Cela ne change rien à la nature de l’argent.

    • foufouille foufouille 26 mars 2016 10:11

      « L’inégalité face à la mort a donc largement disparu dans nos pays. »
      mdr !
      un riche vivra bien plus vieux qu’un sans dents avec une meilleure qualité de vie.
      "Les maladies comme les infections respiratoires, les diarrhées, le Sida ou la tuberculose ont été quasiment complètement éradiquées dans les pays riches…"
      sans blague ? le sida est guéri ?
      trop fort la merde libérale.
      « Si un Indien peut vivre avec 22 roupies par jour – et certains bien moins –, pourquoi donc un habitant des États-Unis ne peut-il pas vivre avec un dollar par jour ? « 
      pour ne pas comprendre faut avoir une couche de connerie.
       »
      il n’y a aucun lien entre le niveau de l’aide et le développement. C’est même plutôt le contraire : c’est quand les aides sont moins élevées que la situation s’améliore !"
      hahaha !

      ---
      article niais libertaryen à souhait


      • Jean Pierre 28 mars 2016 23:21

        @foufouille
        Pour abonder dans votre sens, une étude faites à Glasgow montre que les hommes de la classe là plus pauvre y ont une espérance de vie inférieure de 28 ans par rapport aux hommes de la classe la plus riche (à peine 60 ans pour les uns, plus de 85 en moyenne pour les autres). L’inégalité ne concerne pas que l’argent, le confort, l’aisance, les signes extérieur de richesses. L’inégalité va beaucoup plus loin puisqu’elle atteint jusqu’au droit de vivre. Nos sociétés régressent sur cette question de l’inégalité et cette régression est plus marquée là bas en raison de réformes néo-libérales plus anciennes.


      • Robert Branche Robert Branche 26 mars 2016 12:15

        @rocla+
        Certes avec ou sans les politiques, le monde avance, mais quand l’écart entre les 2 devient trop grand - comme en ce moment -, l’action des politiques augmente les tensions au lieu de les réduire !


      • foufouille foufouille 26 mars 2016 14:23

        @rocla+
        « 

        Et dans les années 50 la plupart allait dans les bains douches et maintenant 
        chacun a ses commodités chez soi . »
        c’est une génération ?
        des tas de gens en campagne ont toujours les WC dehors. jusqu’en 80 ou 90, c’était courant.
        c’est dans ta tête le merveilleux.


      • Jean Pierre 26 mars 2016 19:44

        @rocla+
        Par exemple, l’homme est allé sur la lune, l’humanité est connectée, les robots vont bientôt faire tout les sales boulot mais par contre votre mentalité est restée au moyen age. C’est fou, ce décalage ! 

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité