Avec le retour de Gérard Longuet l’Elysée devient Jurassic Park
Il nous avait promis que tout changerait. Avec lui la France serait plus belle, c'est sûr, car il appellerait des individus auprès de lui qui devaient être plus jeunes, plus entreprenants et plus compétents. En fait de rupture, il nous a tout d'abord dégotté une midinette d'origine maghrébine censée draguer l'électorat beur, qui s'avèrera être une des pires arrivistes jamais aperçues dans un gouvernement (*), puis un traître à son parti d'origine, qui se révélera veule au point de surenchérir constamment sur les paroles de son nouveau maître ; et voici qu'aujourd'hui il nous ramène l'un des pires personnages de la vie politique française. Un véritable dinosaure, dont la carrière politique a commencé dans la fange d'un mouvement politique d'extrême droite dont les thèmes de campagne se résumaient au maniement de la barre de fer. Avec Nicolas Sarkozy tout devait être possible : tout est devenu glauque, l'image de la France à l'étranger est viciée pour des années, et à l'intérieur le pays est emmené tête baissée vers les vieux démons du racisme et de la xénophobie. L'homme qui nous promettait des lendemains qui chantent est devenu en moins d'un mandat le pire président que la France ait jamais eu. Le choix de Gérard Longuet, dont j'avais déjà évoqué ici les "brillants" états de service (**), en ce sens n'étonne même plus : faire pire encore, il en est constamment capable. Gérard Longuet, en 1972, était tout simplement l'auteur du programme économique du FN ! Et quel programme !
Le rappel de Longuet, bombardé ministre de la Défense, qui est aussi le beau-frère de Vincent Bolloré (***), ne l'oublions pas, est bien la preuve d'un resserrement sur ce qui en définitive définissait au départ la pensée sarkozienne. Lors de sa campagne de 2007 ; je n'ai eu de cesse ici de dénoncer ses relents pétainistes, entretenus par ses scribouillards, dont Henri Guaino est le représentant le plus évident. Nicolas Sarkozy n'a jamais eu de projet politique pour son pays : il n'a eu, depuis le début qu'une ambition personnelle reposant sur une pensée politique qui se limite à une vie au jour le jour, et non à une vision à long terme. Tout se passe comme si celui qui a été élu pour changer la vie politique avait passé son temps à se construire son propre bunker à idées, qui se résument à fort peu de choses. L'insécurité, l'immigration, et aujourd'hui la religion : Nicolas Sarkozy chasse depuis toujours sur les terres du Front National, logique qu'il rappelle autour de lui une vieille garde qui a toujours eu des idées similaires. Le mouvement gaulliste, avec lui, a sombré dans ce qu'il avait lui-même combattu pendant des années. Il s'est "Tixier-Vignancourisé", versant dans un poujadisme sans autre but que de satisfaire les plus bas instincts d'une population apeurée tous les jours par des journaux télévisés devenus la rubrique journalière des chiens écrasés. La vie politique française, sous Sarkozy, est devenue l'annexe des journaux à sensation : quand on n'y parlait pas voici quelques mois encore des nouvelles toilettes de Rachida ou aujourd'hui du prochain album de madame première, on y étale en long et en large les corps découpés, pour susciter l'assentiment que l'on sait. Nicolas Sarkozy, pour résumer, est devenu le président des faits divers... (****) Encore quelques mois et des députés à la botte de ce pouvoir inepte vont réclamer le rétablissement de la peine de mort, c'est sûr.
C'est une suite logique, quand on dépiaute un peu la carcasse du dinosaure que Nicolas Sarkozy vient de remonter à la surface. Adhérent jeune à l’extrême droite, ayant contribué à la fondation d’Occident, en 1964, avec ses deux acolytes Alain Madelin et Patrick Devedjian, ou son soutien à la candidature à la présidentielle de Jean-Louis Tixier-Vignancour, celui qui est resté célèbre pour avoir été l'avocat de l’OAS... et dont les affiches de campagne électorale présidentielle étaient collées par un jeune militant fringuant et amateur de rixes de bistrot : un dénommé Jean-Marie LePen, qui y perdra un œil, lors de ses bagarres avinées nocturnes. Longuet, lui étant incarcéré en 1967 après avoir saccagé des locaux de l'Université de Rouen à la barre de fer ; sa principale activité politique de l'époque. Il sera condamné à une amende pour "violence et voies de fait avec armes et préméditation". Aujourd'hui, la violence qu'il emploie est devenue verbale, mais le fond de commerce de sa pensée politique baigne toujours dans la même fange. Il ne faut pas oublier que le Front National, créé en 1972, s'était fait alors rédiger à la va-vite une ébauche de programme économique. Ce n'était pas un économiste qui s'en était chargé ; mais un Enarque. Le signataire s'appelait Gérard Longuet. Et là, ça devient croquignolet, car dans ce programme... il y avait tout ce qu'a essayé de faire ces derniers mois Nicolas Sarkozy :
Un programme qui avait ainsi été analysé : "ce programme n'a rien de rassurant pour qui prend la peine de le lire. En ce qui concerne le monde du travail : la retraite à 60 ans ainsi que la retraite par répartition seraient supprimées. Les fascistes prévoient aussi l'abandon de toutes les libertés syndicales ( droit de grève... ) et de la cinquième semaine de congés payés. Pour les chômeurs, tout ce que pense le FN à propos d'eux se résume à la déclaration de Roger Holeindre lors des manifs de chômeur de janvier 1998 : " Cette racaille de manifestants, faux chômeurs et vrais pédés ". Par contre, le FN se montre bien plus sympathique avec les chefs d'entreprises en leur accordant une liberté totale de licenciement... Passons maintenant aux impôts. Le Pen prévoit de baisser progressivement l'impôt sur le revenu et sur les sociétés afin qu'il arrive à 0 petit à petit. Bien, mais que prévoit-il pour remplacer l'argent que rapportait ces impôts ? Une augmentation de la TVA bien sûr ! Pour que les personnes aux revenus les plus modestes trinquent encore plus que maintenant. Et notre système social, qu'en est-il ? Hé bien, suppression totale de la sécurité sociale. Quoi, vous voulez vous faire rembourser vos frais médicaux ? Souscrivez à une assurance médicale privée. Vous n'en avez pas les moyens ? Bah crevez ! Pour l'éducation, une révision totale des programmes est prévue, en particulier pour l'histoire ainsi que pour la philosophie. Par exemple, on ne critiquera plus le colonialisme, les barbaries françaises, on oubliera consciencieusement l'enseignement des droits de l'Homme et l'antiracisme sera considéré comme un endoctrinement politique... De plus, le principe de la sélection naturelle sera bel est bien présent : les meilleurs pourront obtenir une éducation, les autres : au rebut. Ce programme qui flatte les petits patrons, aiguiserait les haines et aggraverait les inégalités en particulier pour les petits revenus qui souffriraient énormément d'une TVA forte... Avec la " préférence nationale " seules les familles " françaises de souche " toucheront les allocations familiales, tous ou presque tous les étrangers seront expulsés sans ménagement ( ce qui aurait pour conséquence grave d'empirer la crise économique car ces étrangers jouent un rôle important dans l'économie française )... Et enfin, est-ce vraiment utile de rappeler que le régime frontiste serait autoritaire, ultra-libéral, dans lequel les flics et les militaires feraient la loi, ce qui laisserait la part belle aux bavures et abus en tout genres. Alors, c'est ça que tu veux citoyen ?" : étonnant, non ? Très étonnant oui, cette similitude parfaite entre les idées économiques et politiques de Sarkozy ou de son grand ami éjecté Brice, et celle du Front National de 1972, dans lequel baignait jusqu'au coup le rappelé du jour !
Car Gérard Longuet n'arrivera jamais à se départir de ses fantasmes frontistes, dans lequel le racisme a toujours été sous jacent. En mars 2010, alors qu'il sortait de ses problèmes judiciaires après de longues procédures, il n'a pas pu s'empêcher de s'en prendre à Malek Boutih, avec des propos dignes des pires saillies Lepenistes. Car au final, qui était venu accourir pour soutenir Longuet ? Le Bloc Identitaire ! Ou même Bruno Gollnisch ! Qui avait aussitôt déclaré que "la Halde est une organisation de persécution et d'intimidation des Français de souche. Le vrai scandale est son maintien sous la Présidence Sarkozy". Aujourd'hui, où l'on évoque la disparition de l'organisme, on sait donc très bien qui a gagné... Voilà donc qui promet : au sein de l'armée française, les jeunes qui ne viennent pas tous de la métropole sont aussi représentés, on espère bien que des troufions vont le lui rappeler : on sait les envoyer à Sarobi, se faire tuer, mais on ne veut les accepter pleinement encore dans le pays. On rappellera alors à Longuet qu'un des dix jeunes tués à Sarobi s'appelait Melan Baouma, qu'il avait 22 ans seulement et qu'il était... Kanak. Une leçon qu'aurait dû retenir Eric Zemmour, si prompt lui aussi à condamner les gens de couleur. Même quand il sont... français.
Le ravages de Rachida n'ayant pas aidé, tout au contraire. Mais attendez, car il peut, comme celui qui vient de le rappeler faire pire encore, comme lors de cette incroyable sortie à une commission du 3 juillet 2008 interrogeant le ministre de l'éducation Xavier Darcos, et son allusion même pas cachée à l'homophobie... laissant le cattholique pratiquant Darcos, pourtant bien emprunt de de valeurs traditionnelles, complètement abasourdi par un tel propos réactionnaire. Sa façon d'évoquer la Gay Pride, alors que Darcos lui parlait de suicides d'ados homosexuels, montre à quel degré d'abjection Gérard Longuet peut se complaire, sans beaucoup se forcer. Son sourire narquois en disait long : avec lui, c'est bien toute la frange la plus réactionnaire qui surgissait à nouveau. Quand ce ne sont pas des "arabes", ce sont des "pédés" en quelque sorte : Longuet est veule et le restera à jamais. Faire appel à lui dans une pareille situation, où le FN piaffe d'impatience d'imposer ses vues et plus que dangereux : c'est de l'irresponsabilité totale.
Cet homme est tout simplement odieux. Et ses propos étaient bel et bien homophobes, comme l'avait noté Bakchich, qui avait remarqué "qu' outre l'abject amalgame, on remarque que Longuet croit que l'homosexualité est une nouvelle forme de sexualité". Le quotidien Le Monde réagira lui aussi à de tels propos inadmissibles, en rappelant d'autres propos de Longuet tels que ceux accordés à un autre journal : "interrogé par le quotidien régional L'Est républicain, Gérard Longuet persiste et signe : "Ça ne me dit rien du tout. Je n'ai pas souvenir de ces propos. Mais qu'il y ait un lien entre homosexualité et pédophilie, ça peut arriver. Notamment dans des écoles catholiques, on a pu voir ça." Pour Longuet, pédophilie et homosexualité sont donc liés. Logique donc qu'il se retrouve appelé par un Président qui lui-même avait, lors de sa campagne électorale, affirmé que la pédophilie était génétique. "Michel Onfray : (...) on ne naît pas homosexuel, ni hétérosexuel, ni pédophile. Je pense que nous sommes façonnés, non pas par nos gènes, mais par notre environnement, par les conditions familiales et socio-historiques dans lesquelles nous évoluons. Nicolas Sarkozy : Je ne suis pas d’accord avec vous. J’inclinerais, pour ma part, à penser qu’on naît pédophile, et c’est d’ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie". Ces deux-là ne sont pas loin du tout des pires thèses eugénistes... chères à Prescott Bush, le grand-père pro-nazi de G.W.Bush. Il n'y a pas, Sarkozy est déjà en campagne électorale, et est prêt à ressortir les mêmes thèmes déshonorants et attristants, sinon scandaleux.
Le retour de Gérard Longuet est en réalité symptomatique de la droitisation du propos présidentiel. Sur les retraites, son discours du "Talk" du Figaro, du 5 octobre 2010, présenté au départ comme consensuel (en évoquant les femmes et les handicapés) Il le dit clairement "on n'a pas besoin des centristes" (tout en flattant juste après ces mêmes centristes, c'est la méthode Longuet et Sarkozienne !). Il finira par retrouver le sourire quand on lui parle remaniement, où il avait déjà été contacté... en parlant de la "qualité de Nicolas Sarkozy" qui selon lui était "de poser : un nouvel élan", ou il pensait sans doute devenir le renne chef du traîneau. Pressenti, il en était encore à passer la pommade pour s'assurer le strapontin ministériel, et cela sentait très fort. En parlant du ministère de la Défense, déjà, où beaucoup l'annonçaient. Quelques jours il se prenait un râteau, et le faisait savoir ouvertement. Le débat se terminant sur les accusations de Martin Hirsch à son égard : Longuet parlant de déontologie, c'est assez surréaliste en effet quand on connaît son cursus politique (*****) ! Et ses méthodes de communication !
Un cursus, qui, comme je l'ai déjà expliqué n'a pas été avare de compromissions ni de tripatouillages pour le financement de son parti. "Il y avait eu un précédent à ce genre de détournements nous raconte Le Point du 17 janvier 2007. Cela avait même cette fois était bien plus clair de la part du couple Longuet-Madelin : "Toujours à la recherche d’une commission versée par la société Pont-à-Mousson à un intermédiaire nantais - un objectif de plus en plus lointain (c’est l’affaire René Trager,)- le magistrat rennais a voulu vérifier les dires, très précis, d’une lettre anonyme reçue voilà un an. Le « courageux » scripteur racontait qu’une société française qui avait livré du matériel gazier à l’Algérie n’arrivait pas à se faire payer par ce pays. Le PDG de l’entreprise aurait alors sollicité, en 1987, l’aide d’Alain Madelin. Il aurait même été reçu par son directeur de cabinet." Et là, même scénario : c’est Longuet qui lui avait répondu : "Deux jours plus tard, le directeur financier de ladite société aurait eu la surprise de recevoir un coup de fil de Gérard Longuet en personne, le ministre des P et T ayant évidemment été saisi de l’affaire. Longuet aurait fait comprendre que l’intervention du ministère était possible, moyennant une commission de 3,5 % - destinée, aurait assuré l’homme politique, au Parti républicain. Elle devait être payée à l’étranger sur le compte d’une société appartenant à un certain... Genia Constantinoff. Ce « marché » n’avait pas eu de suite mais le magistrat rennais devait retenir le nom du « conseiller » Constantinoff." A côté, je vous dis, Woerth ne joue pas assez international..." avais-je conclu alors.
Car Longuet a été longtemps un spécialiste du cumul, comme l'avait subrepticement relevé Marianne en 2006 : "parlementaire, il s'était fait aussi nommer à un organisme chargé du financement des transports en France, ou le jeton d'entrée n'était pas anodin : "Gérard Longuet, sénateur UMP, conseiller régional de Lorraine, cumule les rémunérations. En tant que parlementaire, il est soumis à une limitation de ses revenus : une fois et demie les 5 326 euros mensuels de son indemnité de la Haute Assemblée, limite qu'il tutoie en tant qu'élu puisqu'il perçoit 7 986 euros : par mois.Avec la présidence de l'Afitf (Agence de financement des infrastructures de transports de France), l'organisme chargé du développement des autoroutes, il crève le plafond de revenus issus de ses mandats publics. Grâce à la magie de deux décrets et d'un arrêté, ce poste en principe bénévole s'est transformé en minifromage : 42 000 euros par an au titre d'indemnités, soit 3500 euros par mois".Selon l'esprit d'une loi votée par la gauche en 1992, il n'aurait pas dit pouvoir bénéficier de cette rémunération. Mais le texte a des trous", notait l'hebdomadaire... ça et les revenus de sa société de communication, Avenir 55... alimentée par les commandes de la Région Lorraine, dont il était président. La société avait reçu 94 000 francs de l'époque pour un rapport sur "Le développement économique de la Lorraine" que personne n'a jamais lu et que l'on a jamais pu retrouver. Résultat, il en sortira... blanchi. L'étude avait été commandée par un de ses amis, Jean Philippet, le PDG de la société Exergie. Pour la presse, pourtant, l'argent collecté était allé ailleurs : "pour ce qui est de la finalité de cette collecte, l'enquête a déjà montré que « huit opérations de débits » sur le compte d'Avenir 55 avaient alimenté le compte personnel de Longuet au Crédit mutuel de la Meuse et lui avaient servi à payer le constructeur de sa villa de Saint-Tropez". Et là aussi, il sera blanchi (comme pour la vente du siège du PR, vingt ans après...). La presse avait noté l'étrange comportement de la procureure adjointe, Catherine Pignon, lors de ce procés : "La procureure, qui comme dans l'affaire du ministre socialiste Dominique Strauss-Khan, a pris ouvertement la défense de l'accusé oubliant parfois son rôle, (?) allant même plus loin, quand au plagiat du livre sur le "concept d'immeubles intelligents" écrit par Agnès Huet, estimant que "les conditions légales n'(étaient) pas réunies pour demander réparation", confortant l'ancien ministre en déclarant "on n'a pas connaissance du degré de protection qu'accorde le ministère" à ce type d'études (publiques). "
Les méthodes Longuet sont simples, pourtant. Il suffit de tabler sur les bonnes personnes : c'est la méthode Rachida, inventée bien avant elle ! Bizarrement, en effet, on retrouvait en 2007 la dame Pignon comme "Bot people", à savoir l'une des six prétendantes au titre de Procureur Général sous la responsabilité de...Rachida Dati. "Catherine Pignon a été ainsi substitut au Mans, quand Bot y sévissait. Elle a dirigé le parquet financier de Paris au moment où le même Bot était Procureur de Paris. Lorsque Bot, nommé Procureur général à Paris, fut remplacé par Jean-Claude Marin, soldat de la chiraquie (même s’il est devenu, depuis l’élection présidentielle un sarkoziste de la dernière heure), Catherine Pignon était le bras armé des sarkozistes au parquet financier. Ses bagarres feutrées avec Marin faisaient les délices du Palais" notait, plutôt amusé, Bakchich... le 31 janvier 2008, au nom du ministère de la Justice (et donc de Rachida !), la même Pignon Catherine était élevée au rang de chevalier de la légion d'honneur... officiellement pour "20 ans de services civils". Que ce monde est petit !
Le même mois, elle devenait procureure générale à la cour d'appel de Besançon. Une de ses rivales pour le poste étant Maryvonne Caillebotte, celle qui avait fait passer l'examen (oral) de Rachida Dati, qui était devenue conseillère au cabinet de François Fillon. L'ineffable Bakchich notant au passage : "Maryvonne Caillebotte fut longtemps la chargée de presse d’Yves Bot. Maryvonne et Yves aiment beaucoup la région du Mans où il leur arrive de monter à cheval avec les Fillon, comme quoi les amis de Sarko peuvent rester parfois ceux du Premier ministre". A l'époque, le collaborateur d'Agoravox, sarcastique, notait : "Je constate d’ailleurs l’importance de la filière liée à Yves Bot puisque Maryvonne Caillibotte, qui s’était illustrée en accompagnant sur son ordre le juge Burgaud pour son audition par la Cour d’assises de Saint-Omer, se retrouve au cabinet de François Fillon", écrit le perspicace Philippe Bilger", avais-je moi-même écrit. Rachida Dati se retrouvant elle-même surprise de l'entretien : "Nous sommes restées une heure à parler comme si nous nous connaissions. Elle m’a encouragée : ’je vais mettre un avis favorable’. La magistrature a besoin de gens comme vous". Même dans le livre, les propos sonnent faux : d’avouer que la discussion est celle de femmes qui se connaîtraient sans se connaître est difficile à avaler : Caillibote agit là encore sur recommandation. Avec le magistrat de Versailles (où habite donc Dati à l’époque), "manifestement mes motivations ne l’intéressaient pas vraiment... l’entretien a été très court". Il faut croire que Me Caillibote avait déjà beaucoup d’influence, car "j’ai pourtant été intégrée" (p.176)." Ce monde est TOUT petit.
Du sang neuf, ou du sang contaminé que cette arrivée de dinosaure ? Selon Mediapart, c'est bien la seconde catégorie : l'homme a toujours mené double vie ! Sénateur chargé du dossier EDF, Gérard Longuet faisait des ménages pour EDF... à ses collègues, le fameux Gérard avait bien avoué avoir gardé son cabinet de Conseil, qui avait déjà sévi il y a quelques années avec des rapports entièrement pompés et facturés très cher, mais il avait soigneusement "oublié" de préciser que ce cabinet travaillait pour EDF ! "Le site révèle que Gérard Longuet, patron des sénateurs UMP, a exercé "une mission de conseil rémunérée pendant 15 mois pour GDF-Suez" sur le dossier du nucléaire. D'après le groupe énergétique, le contrat passé en septembre 2008 portait sur "une réflexion de déploiement du nucléaire en France et à l'international". A l'origine de cette mission se trouve Albert Frère, actionnaire principal du groupe après l'Etat et proche ami de Nicolas Sarkozy – il se trouvait au Fouquet's le 6 mai 2007. Seulement, le Sénat a débattu en 2009-2010 d'une série de textes portant sur la libéralisation de l’énergie et les tarifs. A la demande du gouvernement, c'est Gérard Longuet qui est monté au créneau pour défendre, entre autres, la réforme du marché de l'électricité, sans participer aux débats mouvementés de l'assemblée". Si avec ça l'armée française ne se met pas à la manipulation des obus à uranium appauvri...
Du sang neuf ou du sang coagulé ? Revenons pour cela si vous le voulez bien près de 40 ans en arrière... "Disons comme date clé.... 1972, année de la fondation du Front national par Jean-Marie Le Pen. Nicolas a alors 17 ans, habite déjà Neuilly, et ses meilleurs amis aussi. Tous inscrits à Occident, mouvement créé en 1964 par un fils de milicien pétainiste fusillé en 1946, Pierre Sidos, qui prône l’usage de la force dans la rue pour établir une prise de pouvoir fasciste. Sidos qui a déjà été emprisonné pour avoir soutenu l’OAS, sera évincé par les "jeunots" de son propre mouvement, et fondera en 1968, L’Œuvre française, mouvement nationaliste, catholique, monarchiste, antidémocrate, antisémite et... négationniste ! A Occident, On trouve Patrick Devedjian, futur maire d’Antony, Alain Madelin, créateur de Démocratie Libérale, Gérard Longuet, ministre de l’Industrie sous le gouvernement Juppé, et Claude Goasgen, porte-parole actuel de la pensée sarkozienne. Trois sur quatre estampillés en 2007 "conseillers politiques de campagne" de Nicolas Sarkozy. Mais aussi le propre fils de Charles Pasqua, Jacques Bompard, le maire d’Orange (FN puis DeVillieriste), Dominique Cahaboche, le secrétaire du FN, François Duprat (assassiné en 1978, partisan de réhabiliter un nazi responsable d’avoir tué des soldats américains désarmés, geste considéré comme crime de guerre),Gérard Penciolelli, le directeur du magazine Minute et Hervé Novelli, personnage à la base de la création de... L’UMP avec ses fameux "réformateurs". L’UMP transformé en plate-forme de lancement d’un candidat à partir d’un hold-up de 80 députés. Occident, rendu responsable d’un bon nombre d’émeutes et de heurts violents dans le pays, devient le "GUD" (Groupe Union Défense), lui même devenant "Ordre Nouveau" en 1968. En 1969, lors d’un congrès, le mouvement Ordre Nouveau adopte une stratégie de conquête du pouvoir différente qui donne naissance... Au FN. Ils souhaitent alors y associer les phalangistes espagnols de Franco, le NPD allemand, néonazi, et le Mouvement social italien, post-mussolinien. Rien de moins. La famille fasciste européenne au grand complet, le gratin de l’extrême droite" vous avais-je déjà dit. Avant son élection !
Ministre de la défense et partisan acharné du nucléaire, voilà en effet qui promet. Il est loin, très loin déjà, le fameux Grenelle de l'Environnement. Longuet avait en fait prévu son retour depuis longtemps : en novembre 2010, il avait même déjà organisé son remplacement au sein de la présidence de l'UMP au Sénat. Cela en dit long, très long, sur la faiblesse actuelle d'un président, qui, après avoir songé à le faire entrer au gouvernement, puis s'être ravisé, se retrouve aujourd'hui contraint de le réintroduire dans ses listings. Un président qui nous avait promis une république exemplaire vient de ressortir de la naphtaline l'un des plus beaux fleurons de la bête politique reine de la tambouille, au point d'avoir réussi à passer au travers des mailles de la justice. Eric Woerth a défaut d'avoir eu les soutiens qu'il espérait a devant lui maintenant un exemple exceptionnel pour le narguer. Longuet n'est jamais allé en prison, lui risque d'y atterrir. L'exemple d'un personnage qui affaiblit encore davantage l'image de l'homme politique dans l'opinion publique. A ce stade, pour Sarkozy, ça tourne au suicide électoral. Les dinosaures ont disparu subitement. La faute à un météore, paraît-il. Décidément, on n'en sort pas, après le crash de Rachida, qui a fini par brûler dans l'atmosphère terrestre a trop avoir fréquenté celle des salons parisiens. Certains prévoient la fin du monde, en 2012. Ça ne sera que la fin de Sarkozy, dévoré par ses vieux démons et ses vieilles amitiés. Avec le retour sur scène de Gérard Longuet, ce dinosaure de la politique, ancien rédacteur du programme économique du FN, l'Elysée, c'est simple, est devenu hier soir Jurassic Park.
(*) parfaitement décrite dans l'ouvrage "Belle Amie", de Michaël Darmon et Yves Derai, que je vous recommande de lire. Vous y trouverez tout ce que je n'avais pas osé écrire (ici et là) sur les bassesses de la "mal embouchée détestée par l’establisment".
(**) c'est ici.
(***) sa femme s'appelle Brigitte Fossorier-Longuet, et elle est avocate. Elle a été élevée au grade de chevalier de la légion d'honneur le 1er janvier 2006 sur proposition du ministère de l'intérieur de l'époque : Nicolas Sarkozy. Sa page Wikipedia a subitement disparu juste après l'article cité ci-dessus. On peut en voir la preuve ici-même. L'auteur de sa biographie résumant ainsi Bref... "Il est très curieux qu’une encyclopédie LIBRE voit les articles qui la compose soumis à un tel traitement, profondément inégalitaire et fondamentalement injustifié, tant il est arbitraire, péremptoire et expéditif. Je vous invite à lire la page de Pierre-Olivier SUR et de Catherine PALEY-VINCENT, autres candidats au Bâtonnat de Paris 2010. Sont-ils plus pertinents ? Je crois que la différence de sérieux est assez flagrante, du moins les pages se valent-elles. Si la page Wikipedia de Brigitte Longuet venait à être supprimée, cette suppression se révèlerait particulièrement discriminatoire. Par ailleurs, Wikipedia, en risquant de le faire, ne manquerait de s’attirer l’opprobre de nombreux avocats et intellectuels, engagés sur la question." Curieux, c'était pour le moins curieux en effet... qui donc avait tenu à ne pas montrer que la femme de Gérard Longuet, longtemps aux prises avec des affaires judiciaires immobilières, était une avocate spécialisée dans le domaine ??? Qui a fait pression sur Wikipedia pour faire disparaître la page ? La remise d'un rapport, "30 propositions pour une nouvelle dynamique de l'activité libérale" commandé par Hervé Novelli, autre membre d'Occident, en janvier 2010, était-elle tant à cacher que cela ? Ou ce rapport n'était que le rapport de plus commandé entre personnes du même bord politique, comme cela avait été le cas à de nombreuses reprises au moins depuis 1994 : "Chef d'entreprise et député de la majorité, Hervé Novelli s'est vu confier par Gérard Longuet, ministre de l'Industrie, et par Alain Madelin, ministre des Entreprises, un rapport sur le développement local et l'emploi dans les PME dont il publie, dans un livre, les conclusions. Organisation d'un vrai marché de la transmission d'entreprise, suppression des "petites" taxes, mise à la disposition des PME de cadres préretraités et retraités ayant une expérience de l'exportation, etc., les idées ne manquent pas. Reste à les concrétiser" pouvait-on lire. La république des copains, ou celle des coquins ?
(****) au point d'évoquer avec complaisance des détails sordides liés soi-disant à sa fonction. Il évoquera ainsi un jour la veuve d'un pêcheur qui selon lui "tenait encore la main de son mari décédé" lorsqu'il était allé à son enterrement "on n'avait pas encore refermé le cercueil".
(*****) son cursus intégral est lisible ici.
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