Belgique : L’affaire « Josef Chovanec » fait trembler le monde politique et les hautes autorités de la Police Fédérale
Tout commence le 24 février 2018.
Josef Chovanec, un Slovaque de 38 ans se trouve à l'aéroport de Charleroi. Il embarque dans un avion pour rentrer à Bratislava où l'attendent son épouse et sa fille. Suite à un comportement agressif envers une hôtesse de l'air, Josef Chovanec est débarqué sur le tarmac de l'aéroport par la Police Aéronautique qui le maîtrise et l'emmène en cellule au commissariat. Ce Slovaque de 38 ans ne reverra plus sa famille et vivra un calvaire effroyable.
Le 25 février 2018 vers 04H20 du matin, sur base des images de vidéosurveillance, on aperçoit Josef Chovanec frapper, violemment et à plusieurs reprises pendant une dizaine de minutes, sa tête contre le mur de sa cellule, jusqu'à en saigner. On ignore ce qui a poussé cet homme à régir de la sorte. Vers 04h30, six policiers entrent dans la cellule pour le mâtriser. Ses mains sont menottées dans le dos et ses jambes sont attachées. il est enroulé dans une couverture. Un policier appuie, durant 16 minutes, sur sa poitrine avec les genoux. Une policière, présente dans la cellule, fait un salut nazi comme pour saluer et glorifier les prouesse de son collègue. Vers 04h50, le Service Médical d'Urgence (SMUR) arrive et administre un sédatif à Josef Chovanec. Les policiers se rendent compte que l'homme est en arrêt cardiaque. Il est réanimé et transporté dans un hôpital à Charleroi.
Le 26 février 2018, Josef Chovanec décède à l'hôpital où il a été transporté. Suite à ce décès, l'Ambassadeur slovaque à Bruxelles s'inquiète de ce décès et demande, par courrier, des explications au Ministre des Affaires Etrangères. Suite au courrier de l'Ambasseur slovaque, le Ministère des Affaires Etrangères demande des explication au Comité P, Service de Contrôle des Service de Police de la Police belge.
La gente diplomatique belge et slovaque est ébranlée par cette affaire. Dans la foulée, l'Ambassadeur belge pour la Slovaquie est convoqué par le Ministère des Affaires Etrangères slovaque et l'Ambassadeur slovaque est reçu au Cabinet du Ministre de l'Intérieur qui justifie son délai de réaction par son absence en Belgique au moment des faits. Le 02 juillet 2018, l'Ambassadeur slovaque est reçu par un Directeur du Ministère des Affaires Etrangères belge. Cet entretien fait l'objet d'un rapport qui est transmis, quelques jours plus tard au Ministre de l'Intérieur. Cette saga entre diplomates apaise les remous de cette affaire durant quelques mois.
Plus de 5 mois se sont écoulés. Certaines autorités ministérielles et diplomatiques ont été secouées mais les hautes autorités policières belges restent sans réaction. Les policiers impliqués dans cette affaire sont toujours en fonction, en toute impunité. Nous pouvons en déduire qu'aux yeux des autorités policières belges, la mort d'une personne dans une cellule de commissariat et un salu nazi fait par une policière ont très peu d'importance et sont réduits à de simples faits divers.
Plus d'un an après les faits, en mars 2019, la veuve de Josef Chovanec apprend, par l'Ambassadeur slovaque en Belgique, que le Juge d'Instruction envisage de clôturer l'enquête judiciaire. Selon Madame Chovanec, des éléments importants relatifs au décès de son époux n'ont pas été exploités. Durant plus d'un an, l'enquête semble être au point mort.
Le 19 août 2020, les images de vidéosurveillance montrant la scène du 25 février 2018 sont diffusées dans la presse. La diffusion de ces images a l'effet d'une bombe et soulève l'émoi de la population, du monde politique et enfin des hautes autorités policières belges. Le numéro 2 de la Police Fédérale se retire de sa fonction mais les hautes autorités policières affirment qu'elles n'ont jamais été avisées des faits.
Le 26 août 2020, les Ministres de l'Intérieur et de la Justice sont auditionnés, par les députés, en Commission parlementaire. Il en est de même pour la Commissaire Générale de la Police Fédérale en fonction à l'époque des faits et pour l'actuel Commissaire Général qui est toujours en fonction. Il est bien de rappeler que la Commissaire Générale de la Police Fédérale en fonction à l'époque des faits est entretemps devenue la Directrice Générale d'EUROPOL. Est-ce une volonté de fuite des responsabilités de cette dame ou simplement une promotion issue du hasard ?
Lors des auditions en Commission Parlementaire, le Ministre de la Justice affirmera que son collègue de l'Intérieur était au courant des faits. Le Ministre de l'Intérieur niera fermement ces affirmations de son collègues. Quant aux deux Commissaires Généraux de la Police Fédérale, ils affirmeront avec fermeté qu'ils n'ont pas été avisés des faits à l'époque de ceux-ci. Ils ont eu connaissance des faits par la diffusion des images de vidéosurveillance dans la presse. Il est bien connu que les loups ne se mangent pas entre eux. Cette Commission Parlementaire n'est donc pas parvenue à établir la vérité dans cette affaire. Un homme est décédé, probablement suite à des violences policières, mais il n'y a aucun responsable de ces violences gratuites. Depuis ces auditions, une enquête interne a été ouverte au sein de la Police Fédérale, à différents niveaux hiérarchiques et au sein de la Police Aéroportuaire.
Actuellement, cette enquête interne au sein de la Police Fédérale est toujours en cours. Elle a déjà démontré qu'un rapport avait été rédigé à l'époque des faits et avait été transmis à deux Direction du Commissariat Générale de la Police Fédérale. Le Juge d'Instruction, en charge de l'affaire, a repris ses investigations par de nombreuses nouvelles auditions au sein de la Police Fédérale.
Depuis quelques mois, aucune nouvelle de cette affaire n'est diffusée par les autorités judiciaires et policières afins de ne pas compromettre le secret de l'instruction judiciaire et policière.
Tout cela relance le débat sur les violences policières, sur le racisme et l'extrêmisme, sur l'impunité des hautes autorités policières belges et des policiers directement impliqués dans des faits graves. La Police belge n'est pas à son premier coup d'essai en matière de faits de racisme, de violences gratuites et d'implication de certains policiers dans des faits graves. Il est évident que tous les policiers belges ne peuvent pas être taxés de racistes, violents et criminels mais de nombreux policiers sont indignes de leur fonction et n'ont pas leur place à la Police.
Il reste à espérer que la vérité sur cette affaire verra le jour, que les responsables policiers seront lourdement sanctionnés, qu'un enseignement de cette affaire sera profitable à l'amélioration de la qualité de service au sein de la Police et que la veuve Chovanec pourra faire le deuil de son époux en toute sérénité.
ericm862002
6 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON