Bretagne : ces joyaux de l’habitat ancien détruits par le feu

Dans la nuit du dimanche 23 juin, la maison médiévale la plus photographiée de Dinan – celle du célèbre restaurant La mère Pourcel, installé dans une bâtisse du 13e siècle – a été ravagée par les flammes en provoquant la sidération des habitants de la ville costarmoricaine. Un cas parmi tant d’autres, hélas ! Depuis 20 ans, trop nombreuses sont en effet les maisons classées ou édifiées en secteur classé qui, en Bretagne, ont été la proie des flammes…
Elle datait de 1458, la maison dinannaise qui abritait le célèbre restaurant de la place des Merciers, emblématique de cette belle cité médiévale. Une perte inestimable pour la ville. Avant que cette maison ne soit très largement ravagée par un incendie* (cf. ce lien) en ce 23 juin 2019 – heureusement sans faire de victime humaine –, trois autres maisons anciennes du centre historique de cette même ville de Dinan avaient en grande partie été détruites le samedi 27 mai 2017 par un incendie déclenché tout près de là, dans la rue de la Mittrie ; l’origine de ce feu, également sans victime humaine, s’est avéré être imputable à un mégot mal éteint posé sur un meuble de télévision par un jeune épileptique en situation de curatelle.
Le 24 février 2014, c’est la belle ville de Vitré qui était frappée en pleine nuit : trois maisons du secteur médiéval classé de la rue Beaudrairie, à deux pas du puissant château, avaient été gravement endommagées par le feu, par chance sans faire de victimes. Trois ans plus tôt, en 2011, trois autres maisons à pans de bois de la cité vitréenne étaient déjà parties en fumée le 1er avril dans cette même rue Beaudrairie, en causant la mort d’un jeune homme ; un feu d’origine volontaire qui a valu aux deux incendiaires alcoolisés 10 ans de réclusion ferme.
En cette année 2011, le 13 décembre, c’est à Quimper que le feu dévastait une maison ancienne de la rue des Gentllshommes. Un feu d’origine criminelle qui a totalement détruit cette bâtisse déjà très endommagée par un précédent incendie en 1999.
L’année précédente, c’est Rennes qui payait son tribut au feu lors de la Fête de la musique 2010 en perdant dans les flammes deux immeubles des 16e et 17e siècles, rescapés du grand incendie qui avait détruit une grande partie du centre-ville en 1720 (lien). L’origine du feu : un mégot mal éteint là aussi. Heureusement cet incendie n’avait pas fait de victimes. Tel n’avait malheureusement pas été le cas le 21 septembre 2007 : deux étudiantes et un jeune pompier parisien avaient trouvé la mort dans l’incendie d’un immeuble de la rue d’Orléans. Ce drame avait été provoqué par l’inconscience d’un jeune alcoolisé qui avait brûlé des cartons dans la cage d’escalier « pour se réchauffer » ! L’incendiaire avait écopé de 15 ans fermes.
Le 31 décembre 1999, c’est Quimper qui faisait, aux dépens de son patrimoine bâti, la part du feu : outre le magasin Eurodif, de style Belle Époque, deux maisons anciennes, l’une en pierre et l’autre à pans de bois, disparaissaient dans le brasier, en ne laissant que des gravats noircis sur la place Saint-Corentin, face à la cathédrale. Nulle intervention criminelle dans ce cas, mais le dysfonctionnement d’une caisse enregistreuse en surchauffe. Tout a été reconstruit à l’identique.
Reconstruire à l’identique, c’est ce qui est envisagé à Dinan. En l’occurrence, le maire, Didier Lechien. semble déterminé à respecter le vœu des habitants. Dans leur écrasante majorité, ces derniers souhaitent en effet voir la place des Merciers retrouver son aspect antérieur afin de redonner à la ville l’un des fleurons de son identité.
Cela n’écartera pas le risque d’un nouvel incendie dans l’une des nombreuses maisons anciennes – dont plusieurs dizaines à pans de bois – qui constituent le patrimoine bâti de l’habitat dinannais. Peut-être faudrait-il – à Dinan comme dans les autres villes riches d’immeubles plusieurs fois centenaires – s’inspirer de l’exemple rennais. À l’initiative de la maire de la métropole bretonne, Nathalie Appéré, un partenariat entre la ville et les pompiers a en effet été signé. Il contraint tous les propriétaires dans le bâti ancien à solliciter l’avis du SDIS (Service Départemental d’Incendie et de Secours) pour valider leur projet dans le cadre d’une prévention stricte des risques d’incendie. L’avis du SDIS n’est toutefois pas contraignant, mais il conditionne le versement des aides municipales à la rénovation.
« 150 immeubles ont ainsi été traités, et 150 autres le seront d'ici 2023 », affirmait en décembre 2018 Nathalie Appéré dans les colonnes du quotidien Le Parisien. Une excellente initiative que l’on voudrait voir étendue aux autres municipalités bretonnes déjà touchées au cœur de leur patrimoine, ou menacées de l’être, à l’image de villes comme Lannion, Saint-Brieuc ou Vannes.
* À ce jour, les causes de l’incendie n’ont pas été établies avec certitude. Il semble toutefois probable qu’un court-circuit soit à l’origine de ce sinistre.
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