Ceci n’est pas un nu
En Arabie Saoudite sunnite l’homicide, le viol, le vol à main armée, le trafic de drogue, la sorcellerie, l’adultère, la sodomie, l’homosexualité, le sabotage, et l’apostasie sont punis de mort au nom de la charia. Ce qui a donné lieu à 153 exécutions, souvent publiques, (décapitation, lapidation, crucifixion) pour la seule année 2015 (source Wikipédia). Or pour des « crimes » semblables l’Iran chiite sous l’autorité du président Hassam Rohani n’est pas en reste puisque l’on dénombre environ 2000 exécutions pour ses deux premières années de mandat, et 694 personnes entre le 1er janvier et le 15 juillet 2015 (source Amnesty), le chef iranien voyant d’ailleurs en celles-ci une expression de droit divin « conforme à la loi islamique ».

Or nous avons d’excellentes relations avec ces deux pays pour leur vendre des rafales ou des airbus, bien qu’ils ne se comportent pas très différemment des barbares de Daesh sur le plan de la cruauté et du non respect des droits de l’homme. Ce manque de courage politique va même jusqu’à enlever de la vue du président iranien les statues nues au musée du Capitole à Rome ou à les recouvrir d’écrans pudiques, et l’on se demande s’il ne faudra pas bientôt prévoir des burqas à l’intention de ces visiteurs tartuffes pour les préserver de tout péché en habillant dans nos musées ces œuvres d’art qui sont pour eux d’horribles diablesses déguisées en femme. Al-Qaida a détruit les somptueux Bouddhas de Bamyan, Ansar Eddine les mausolées de Tombouctou, Daesh finit de raser Palmyre, mais contrairement aux précédents l’Arabie Saoudite a détruit de prestigieux vestiges préislamiques sans éveiller la moindre critique.
Avec son livre « Les versets sataniques » publié en 1988, Salman Rushdie pour lequel « Combattre l’extrémisme n’est pas combattre l’islam » fit pourtant l’expérience qu’il n’existait peut-être pas d’islam modéré. D'ailleurs les dessinateurs de Charlie Hebdo ont été assassinés pour des figurations courantes en Perse autrefois mais jugées blasphématoires aujourd’hui. Comme l’écrit Emil Cioran : « (…) celui qui aime indûment un dieu, contraint les autres à l’aimer, en attendant de les exterminer s’ils refusent. » Et si pour l’immense majorité des croyants cette religion ne pose pas de problème dans les pays qui n’ont pas de tradition démocratique, et qui d’ailleurs souvent n’en veulent pas, il est néanmoins patent qu’elle se présente comme un prêt à penser global qui porte en elle une dimension tyrannique, particulièrement dans ses versions salafistes et wahhabites.
Cette dictature morale apparaît clairement dans le fait que la séparation entre l’État et le religieux est déniée par les croyants les plus extrémistes, car les seules lois valides pour eux sont celles issues de la divinité elle-même, et non celles votées par le peuple, ou dans le traitement choquant qui est réservé aux femmes pour des pays à tradition démocratique et féministe comme les nôtres. Or si tous les textes sacrés des trois religions monothéistes abondent en recommandations violentes, sexistes, ou porteuses de haine, il faut remarquer que la plupart d’entre elles ont fini par prendre avec le temps, ou avec l’exégèse et la raison, des significations symboliques ou allégoriques qui n’imposent pas aux croyants de les mettre en pratique sans prudence ni distanciation.
Mais ce n’est pas le cas de l’islam le plus rigoriste qui, en raison de son histoire, d’un clergé plus disséminé, de luttes intestines, et d’une absence d’examen critique, continue de vouloir faire appliquer à la lettre les recommandations du Coran, des hadiths ou des fatwas au lieu de se conformer à celles d’Al-Ghazâli : « Qui n’examine pas ne croit pas et qui ne doute pas n’examine pas » (Erreur et délivrance). Chacun sait en outre que des imams autoproclamés parfois incultes ou pervers soutenus par des pays rétrogrades se servent de cette religion pour inciter certaines personnes fragiles à suivre des préceptes cruels ou des recommandations violentes et sexistes qui existent dans les textes bien qu’elles soient incompatibles avec les lois de notre république. L’apologie effective de la violence est en effet réprimée dans notre pays, et punie par la loi.
Car si la laïcité suppose le respect des toutes les croyances, ou de leur absence, et la séparation du politique avec le religieux, on ne voit pas au nom de quoi un État laïque pourrait tolérer que certains cultes recommandent à leurs fidèles des préceptes religieux qui empiètent sur la vie politique ou qui s’opposent aux lois civiles et traditions en vigueur. Si la charia s’applique encore dans les pays islamistes, ce sont uniquement les lois votées par les citoyens ou leurs représentants qui s’appliquent dans les pays de tradition démocratique, et c’est une différence fondamentale qui est le fruit d’une longue et douloureuse histoire à laquelle personne ne saurait renoncer en France.
Le monde musulman qui a réussi pendant plusieurs siècles la synthèse et la diffusion de la philosophie grecque, des mathématiques indiennes, et des apports chinois et perses pour créer une civilisation brillante et originale n’a cessé de décliner jusqu’à nos jours à partir de l’autodafé en 1109 des œuvres du philosophe Al-Ghazâli devant la mosquée de Cordoue. Le droit musulman qui pratiquait « l’idjtihad » ouvert sur la réflexion personnelle a remplacé celui-ci par le « taqlid » qui est devenu la « charia ». Après Al-Ma'mûn, Tabari, Avicenne, Averroès ou Ibn Khaldoun il n’y a plus eu de penseurs musulmans d’un haut niveau tant sur le plan philosophique que scientifique.
La conséquence est que l’islam actuel qui a pour triste modèle El ou des pays comme l’Arabie Saoudite, avec pour rente de situation les pèlerinages de Médine et la Mecque, et la prétention de régler toute la vie de ses fidèles, civile et religieuse, est devenu une idéologie totalitaire non soluble dans la démocratie tant qu’elle n’aura pas intégré l’héritage politique qui nous vient des grecs, (et notre ministre de l’EN vient justement d’ enterrer les études classiques !), nos traditions civiles et religieuses, l’histoire de notre pays (philosophie des Lumières, loi de 1905), ou les avancées féministes conquises de haute lutte contre les machistes de tout poil.
Les nombreuses entorses au droit et à l’humanisme que l’on a pu constater ces dernières années en France ne sont pas à l’honneur de notre politique étrangère et de nos gouvernants dont le courage manque chez nombre d’entre eux pour réaffirmer l’égalité des citoyens devant la loi avec un principe de laïcité et des droits humains qui s’applique à tous par delà leur croyance. Mais ce travail ne saurait aboutir sans l’effort des musulmans eux-mêmes pour se cultiver dans leur propre religion, chasser les intégristes, refuser le communautarisme, et adapter leurs pratiques et leur foi au monde moderne avec lequel pourtant la plupart d’entre eux se retrouvent en phase. Cela suppose aussi une refonte complète des organisations dites représentatives, un apprentissage optionnel et facultatif des racines anciennes de nos langues : hébreu, grec, latin, arabe, une éducation conséquente de l’histoire mais aussi de l’histoire des religions, la cessation des subsides étrangers non contrôlés, la création d’un ministère des cultes indépendant, et l’ouverture de chacun à l’autre par le biais de réalisations culturelles communes, notamment musicales, théâtrales, culinaires ou autres.
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