Cheveux et politique
Les coiffures des dirigeants politiques ne sont pas de simples choix esthétiques : elles véhiculent des messages, renforcent des identités et participent à la communication politique. Elles incarnent souvent des symboles, qu’ils soient liés à l’autorité, à l’anticonformisme ou à la simplicité. Une analyse approfondie permet de mieux comprendre comment ces choix capillaires reflètent des positionnements idéologiques et servent des stratégies de communication.

À droite, les leaders populistes ou conservateurs se distinguent souvent par des coiffures atypiques, qui symbolisent leur rejet des normes traditionnelles ou leur volonté de se démarquer. Donald Trump, par exemple, est célèbre pour sa mèche blonde soigneusement travaillée, devenue un véritable symbole de son image d’homme d’affaires excentrique et médiatisé. Cette coiffure a été autant moquée qu’admirée, renforçant son statut de figure polarisante. Javier Milei, président argentin d’extrême droite, arbore une tignasse désordonnée qui reflète son positionnement antisystème. Surnommé el Peluca (la perruque), il utilise sa coiffure comme outil de différenciation dans un paysage politique souvent formaté. Boris Johnson, ancien Premier ministre britannique, adopte un style similaire avec ses cheveux blonds en bataille qui traduisent une image délibérément non conventionnelle. Ce désordre apparent renforce son positionnement populiste tout en accentuant son côté accessible et "proche du peuple". Geert Wilders, homme politique néerlandais d’extrême droite, se distingue également par ses cheveux blonds peroxydés et mi-longs, une esthétique provocatrice qui attire l’attention sur son discours critique envers les élites.
À gauche, les coiffures tendent à privilégier la simplicité et la discipline, symbolisant souvent l’égalité ou le sérieux. Kim Jong-un incarne cette approche avec sa coupe stricte, rasée sur les côtés et plaquée sur le dessus. Ce style reflète l’autoritarisme et la discipline qu’il impose dans son pays. Il a même tenté d’imposer cette coupe à tous les hommes nord-coréens pour renforcer un message d’uniformité. En France, François Hollande arborait une coupe classique et discrète en phase avec son image modérée et consensuelle. Bernard Thibault, ancien leader syndical français, affichait quant à lui une coupe longue rappelant les années 1970, incarnant une certaine nostalgie révolutionnaire propre à la gauche militante.
Certains dirigeants politiques optent pour une calvitie assumée ou imposée, ce qui peut évoquer maturité et sagesse mais aussi fragilité. Édouard Philippe, ancien Premier ministre français, a dû expliquer publiquement sa perte soudaine de cheveux due à une maladie auto-immune. Cette transformation a suscité des débats sur l’importance de l’apparence en politique. Historiquement, des figures comme Charles de Gaulle ou François Mitterrand ont prouvé que la calvitie pouvait être compatible avec une image d’autorité et de charisme.
D’autres leaders utilisent leur coiffure pour rejeter les codes traditionnels et marquer une rupture avec l’establishment politique. Pablo Iglesias, ancien leader du parti espagnol Podemos, portait une queue-de-cheval longue qui symbolisait son opposition aux élites politiques espagnoles. Alexis Tsipras, ancien Premier ministre grec, adoptait un style capillaire simple mais légèrement décoiffé qui reflétait un esprit rebelle tout en restant accessible.
Les cheveux jouent donc un rôle clé dans la communication politique. Ils peuvent incarner un symbolisme idéologique : des coupes strictes traduisent autorité et discipline (comme chez Kim Jong-un), tandis que des styles désordonnés reflètent l’anticonformisme (comme chez Milei ou Johnson). Ils servent également de stratégie médiatique : une coiffure marquante attire l’attention (à l’image de Trump) ou renforce un discours populiste (comme Wilders). Enfin, ils influencent la perception publique : les cheveux courts ou disciplinés inspirent confiance et sérieux (comme chez Barack Obama), tandis que les styles atypiques séduisent par leur originalité.
En somme, les coiffures ne sont pas anodines en politique ; elles participent activement à façonner l’image publique des leaders et influencent parfois leur succès électoral. Derrière chaque mèche soigneusement peignée ou chaque désordre capillaire apparent se cache une stratégie bien pensée qui vise à séduire ou interpeller les électeurs.
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