Chine-Tibet : que Pékin invite le Dalaï-Lama aux JO !
Bonne nouvelle, la Chine se dit officiellement ouverte au dialogue avec le Dalaï-Lama. Mais le dialogue par le passé a été un dialogue de sourd entre les Tibétains et les Chinois. Voici une proposition, argumentée, pour détendre l’atmosphère. Nicolas Sarkozy, bientôt président de l’Union européenne, serait-il prêt à la soutenir ? Que chacun exprime sa libre opinion. Merci.
Ce vendredi 25 avril 2008, Pékin consent, sous la pression internationale, à annoncer que la Chine s’apprête à rencontrer des émissaires du Dalaï-Lama.
Des contacts sont donc prévus « dans les jours qui viennent », selon l’Agence Chine nouvelle. Kelsang Gyaltsen, représentant du Dalaï-Lama en Allemagne, a précisé à la radio allemande « Nous ne connaissons ni la date ni le lieu ni les sujets qui doivent être traités à cette réunion ».
La décision chinoise a été annoncée lors d’une visite à Pékin du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Le Premier ministre chinois Wen Jiabao avait fait savoir par lettre le 16 avril au Premier ministre slovène Janez Jansa que son pays était disposé à un dialogue.
Pour Nicolas Sarkozy, "Il s’agit d’une étape majeure. Ce dialogue renouvelé est porteur de réels espoirs".
De son côté, le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a exprimé l’intention de recevoir le Dalaï-Lama au mois de mai.
Peut-on espérer un dégel des relations sino-tibétaines ? Pékin est-il disposé à ne plus voir dans le Dalaï-Lama un « loup en robe de moine » à la tête d’une « clique » d’agitateurs « séparatistes » qui comploteraient contre la Chine, auraient fomenté les récentes émeutes au Tibet et voudraient « saboter » les prochains JO ?
Quant à lui, le Dalaï-Lama n’a pas varié dans sa position d’ouverture. Alors que Pékin pose des conditions à la reprise du dialogue, le chef spirituel des Tibétains n’en pose aucune. Au lieu de dénigrer la Chine, le « Seigneur du Lotus blanc » affirme que les Chinois méritent les jeux Olympiques et milite contre leur boycott. Qui plus est, ses appels renouvelés à la non-violence et au calme au Tibet ont toujours été ponctués d’affirmations selon lesquelles, si les violences se poursuivaient au Tibet, on le verrait contraint de démissionner.
Comme le Dalaï-Lama est favorable aux JO de Pékin et hostile à leur boycott, pourquoi, dans un geste politique de main tendue, Pékin n’inviterait-il pas le prix Nobel de la paix 1989 à assister aux cérémonies d’ouverture le 8 août prochain ?
Quel meilleur moyen de décrisper les tensions ! Le Dalaï-Lama en vertu de ses positions ne saurait refuser. Les nations n’auraient plus aucune raison de boycotter les cérémonies olympiques ; les athlètes non plus. L’idéal olympique s’en verrait grandement exalté. Le CIO retrouverait la face. La communauté internationale et tous les Chinois pourraient vivre ce grand événement mondial, si important pour la Chine, dans la liesse.
Comme les JO se déroulent en dehors de toute perspective politique ou partisane, aucune prise de position politique n’aurait lieu publiquement de la part d’aucune des parties. Le Dalaï-Lama pourrait, comme il l’a donc déjà fait maintes fois, se féliciter de la tenue des JO dans la capitale de l’Empire du Milieu. Et Pékin de lui répondre que la Chine se félicite de son soutien. Et vive le sport !
En cette occasion solennelle, une photo de famille pourrait être faite en présence de tous les délégués de toutes les nations. Vive le sport, vivent les jeux Olympiques.
Des contacts discrets entre Tibétains et Chinois pourraient jeter les bases d’entretiens futurs plus politiques. Sans engagement formel.
Ce serait un premier grand pas vers une réconciliation et un réel dialogue. La Chine apporterait la preuve de la sincérité de ses engagements.
Bien entendu, un second grand pas dans ces relations préliminaires, placées sous le signe du bon vouloir, serait de permettre au Dalaï-Lama de se rendre à Lhassa et de visiter librement le Tibet. Quelle acclamation dans le monde entier !
Là aussi, il n’y aurait aucune intervention politique publique. Pas de discussions officielles sur une « autonomie » élargie. Et il serait étonnant que les Tibétains en vinssent à saccager les boutiques chinoises en présence de leur chef spirituel bien-aimé qui pourrait vanter les bienfaits de la non-violence pour la paix sociale partout sur la planète.
Des équipes de journalistes du monde entier pourraient suivre ce voyage, disons-le bien, extraordinaire et montrer combien le Tibet se développe et combien les Tibétains y sont heureux, épanouis, prospères.
Dans le cadre des conversations entre émissaires tibétains et représentants chinois, des fondations privées pourraient apporter leurs bons offices. Sur le thème du développement durable, de la paix sociale, du bien-être public. De la bienfaisance.
En fait, le dialogue n’est rompu, officiellement, entre la Chine et le Tibet que depuis moins d’un an, lit-on dans le journal Le Monde ce soir. Dixit le quotidien du soir, depuis Dharamsala en Inde, les Tibétains négocient depuis 2002 avec des responsables chinois. Les derniers entretiens directs et officiels remontent à juin-juillet 2007. Les canaux ont été rouverts suite aux émeutes déclenchées au Tibet à partir du 10 mars dernier. Très bien. Où cela bloque-t-il encore ?
De toute évidence, ce qui manque le plus aux deux parties, c’est un bon conseil en communication. Des décennies durant, le « dialogue » s’est résumé à un dialogue de sourd. Et il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
"On voit mal en quoi vont consister les négociations", s’exclame Bruno Philip dans Le Monde. Certes, les pires invectives ont fusé du côté de Pékin et le Dalaï-Lama, du sien, n’a cessé de dénoncer le « génocide culturel » dont serait victime son peuple.
Mais que Pékin invite le Dalaï-Lama aux JO et organise son retour au Tibet. La sincérité de la Chine frappera l’opinion mondiale qui reconnaîtra, unanime, que, oui, la Chine méritait les JO. La glace se rompra d’elle-même. Et, après le dégel, devant l’approbation de la communauté internationale emportée par l’élan olympique, les conversations s’étofferont d’elles-mêmes. L’Union européenne, par exemple, pourrait y insuffler un supplément d’enthousiasme.
Nicolas Sarkozy est-il prêt à appuyer une telle initiative à quatre mois des JO ? L’Union européenne sera-t-elle disposée à le suivre sur ce chemin du dialogue et de la réconciliation ?
Nicolas Sarkozy sera bientôt président de l’Union. Les cartes sont entre ses mains. Que notre Bling-bling national dépêche Thierry Saussez, son conseil en communication. L’homme, rompu au jeu politique, aura peut-être moins de mal avec les Tibétains et les Chinois qu’avec les éléphants de l’UMP, d’un côté, et, de l’autre, les jeunes loups (sans robe de moine) du gouvernement de François Fillon !
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