Corent : l’utopie d’une Gergovie qui ne serait construite qu’en bois
Il n'est pas dans mon intention de critiquer les opérations de fouilles dirigées sur le site de Corent par Matthieu Poux, importante personnalité de l'archéologie, lesquelles sont de grande qualité. Il n'en reste pas moins qu'après la découverte d'un système de stockage sophistiqué pouvant remonter au début de l'âge du fer, je ne vois pas comment il pourra continuer à maintenir, à Corent, sa thèse d'une grande ville gergovienne en bois qui ne sortirait vraiment de terre que vers - 140, dans le prolongement d'un urbanisme gaulois sommaire et dispersé construit également de bois. http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/importante-decouverte-170778
Suivant cette thèse initiée par Vincent Guichard, autre importante personnalité de l'archéologie, actuellement directeur du Centre archéologique européen du mont Beuvray - fausse Bibracte selon moi - nos deux capitales gauloises n'auraient été fondées qu'au II ème siècle avant J.C. en s'inspirant d'un modèle romain structuré, à savoir une rue centrale sur les bords de laquelle se répartissent les boutiques et les maisons. L'apparition de la pierre de construction au mont Beuvray, et à fortiori celle de l'usage de la chaux, ne s'expliquant qu'après l'arrivée des premiers marchands romains d'avant la conquête de - 52, ce qui ferait de ce site le modèle des villes gauloises qui vont suivre.
Comment expliquer la psychologie de ces deux autorités ? J'avoue que c'est pour moi le plus grand des mystères, une énigme que je n'arrive toujours pas à résoudre. Comment comprendre cette certitude que les Gaulois auraient été le seul peuple dans le monde antique connu à ignorer l'usage du mortier de chaux ? Comment expliquer cette obstination à vouloir traduire le mot césarien "coagmentis" par "pierres encastrées", cette fausse reconstitution de murs gaulois dits "murus gallicus" où les poutres intérieures sont déjà pourries, cette méconnaissance des textes, leur rejet ou leur correction au nom d'une nouvelle archéologie dite scientifique ? Comment comprendre cette absurdité d'installer une ville de 20 000 habitants sur un mont Beuvray perdu, sans ressources alimentaires et aux eaux vite taries ? Est-ce le fait d'avoir renoncé au village d'Astérix qui leur donne une telle assurance ?... jusqu'à proposer un autre modèle avec le fol espoir de découvrir un jour une Babel en bois de plusieurs étages, ou bien une autre Gaule complètement ignorée en retrouvant les traces laissées par des trous de pieux ?
La réponse de la ministre de la Culture à une question parlementaire est particulièrement éclairante :
11/06/13. JO, page 60777, Mme Filippetti répond : Les recherches archéologiques mises en oeuvre depuis 1984 sur le site du Mont Beuvray visent notamment à constituer des corpus de données susceptibles d'alimenter les questionnements des chercheurs européens autour des problématiques liées à la formation et au développement des premières formes d'urbanisation en Gaule, à l'organisation et à l'exploitation des territoires, à l'économie et aux échanges autour et à partir des oppida. Dans cette perspective, les questionnements relatifs à la stricte identification de Bibracte au site du Mont Beuvray s'avèrent d'un intérêt accessoire. Ils ne font pas débat au sein de la communauté des archéologues protohistoriens et sont considérés comme réglés depuis les premières fouilles de Jacques-Gabriel Bulliot...
Dans ces conditions, il est clair que pour les deux autorités précitées, les commentateurs qui me soutiennent dans le débat que j'ai instauré, et moi-même, ne peuvent être que des illuminés. Pensez donc ! Une Bibracte gauloise à Mont-Saint-Vincent précédant le village médiéval aux rues tortueuses, aux ruelles étroites, aux murailles écroulées, et presque identique ? Une Gergovie de même, au Crest ? C'est tout à fait à l'opposé de leur modèle. Et même quand, dans le débat de mon dernier article, Gasty évoque les ruines du Crest aux pierres usées par le temps, tout en précisant qu'il n'est nul besoin d'être expert pour affirmer que c'est bien là que se trouve Gergovie, c'est "No réponse".
Cela ne fait aucun doute : pour ces deux autorités, nous ne pouvons être que des illuminés. De même quand Antenor, toujours dans le débat de mon dernier article, ajoute une preuve de plus en expliquant que l'histoire postgauloise du Crest ne peut se comprendre que s'il s'agit de la capitale arverne que les barbares conquérants ont rattachée au chapitre de la cathédrale, c'est toujours "No réponse".
Cette "No réponse" ne date pas d'aujourd'hui.
Par lettre du 4/3/93 DP/B2:PGM/CG, Mme Wanda Diebolt, Sous-directeur de l'archéologie, m'informe qu'elle a bien reçu ma lettre du 6/6/91 dans laquelle je la mets en garde au sujet du mont Beuvray et de Gergovie. Elle ajoute qu'elle a bien reçu mon ouvrage sur Gergovie, lequel a été rangé dans la biblothèque de son service.
14/4/99. FR 3 Bourgogne : Ma thèse fait légèrement sourire au mont Beuvray, simple agitation, juge-t-on ici, d'un amateur peu averti.
18/4/99 : Il (Christan Goudineau) les écarte (mes arguments) avec le bouclier de la science et l’armure de l’institution, sans se donner la peine de les réfuter (Jean-Philippe Mestre, Le Progrès de Lyon).
Lettre du 27/10/2000 de M. Michel Duffour, secrétaire d’Etat à la Culture : ... Il ne paraît pas utile que le ministère de la culture et de la communication entretienne une polémique avec une personne, qui comme beaucoup de passionnés de son espèce, se place dans la posture de l’homme seul face au poids de la « science officielle ».
2002. Du désir à la réalité, il y a un fossé. Ou plutôt... des fossés, relevés par les archéologues. Aux savantes interprétations (qui sont les miennes), ces derniers opposent mille faits objectifs : plans, armes... (extrait du catalogue de l’exposition de Bibracte "sur les traces de César" sous l'autorité de Vincent Guichard, directeur du Centre archéologique européen du mont Beuvray).
Lettre du 18/2/2003 de Dominique Vinciguerra, Ministère de la Culture, le chef de cabinet. : ...Je note tout d’abord que dans l’abandon courrier que vous avez adressé depuis plus de dix ans aux autorités gouvernementales successives, vous n’avez produit le moindre élément d’une documentation susceptible d’inciter un ou des archéologues à entreprendre des recherches de terrain pour vérifier (confirmer ou infirmer) ce qui ne peut que demeurer hypothèse.
2012, Auteur d'un ouvrage sur Corent, auteur d'Agoravox, l'archéologue Matthieu Poux ironise "Le site de Gergovie a été "délocalisé" à plusieurs reprises... éminence du Crest (identifiée par certains auteurs à l'Atlantide de Platon !)...
Cette situation est absolument incroyable. Nous sommes face au plus grand scandale archéologique de tous les temps. Cela fait plus de 24 ans que la puissance publique est alertée et on ne se rend pas compte du ridicule de l'affaire quand la vérité éclatera au grand jour.
E. Mourey,19 août 2015
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