Craquent les feuilles mortes...
En hommage à Barbara disparue le 24 novembre 1997, il y a 20 ans, déjà...
L'amour et ses tourments ont inspiré de nombreux poètes depuis Ronsard jusqu'à Aragon, on retrouve ce thème dans une des chansons les plus célèbres de Barbara...
Bien que cette chanson évoque le départ, l'absence de l'être aimé, le texte se présente comme un discours direct adressé à celui qui est parti, comme le montre l'emploi réitéré de la deuxième personne du singulier... dès le début, la reprise de l'adverbe "combien" traduit la répétition inlassable du temps qui passe, aggravant la distance et l'éloignement.
D'ailleurs, le retour est attendu avec impatience, car les paroles de l'amoureux étaient sans ambiguité : il parlait de "dernier voyage", de retrouvailles au printemps, saison par excellence des amours. Cette saison est esquissée en quelques mots simples : " c'est joli, jardins refleuris". Et l'utilisation du pronom "nous", les verbes au futur semblent annoncer une réunion prochaine des deux amoureux : "Nous irons voir ensemble les jardins refleuris, Et déambulerons dans les rues de Paris..."
Mais le printemps personnifié "s'est 'enfui", l'automne est arrivé avec ses "feuilles qui craquent", image même de la brisure qui semble avoir désuni les amants.... et l'attente se prolonge indéfiniment, malgré la beauté des paysages.
Les saisons rythment les espoirs perdus, elles s'égrènent inexorablement.
Une succession de verbes de mouvements transcrit, alors, les tourments, la souffrance : "Je tangue, je chavire, et comme la rengaine, Je vais, je viens, je vire, je me tourne, je me traîne."
Le terme "rengaine" montre une sorte d'obsession, de tourment perpétuel : l'amoureuse en vient à parler dans le vide à l'être aimé.
Le verbe "hanter" aggrave les souffrances, le désarroi, la solitude. Les expressions "mal de toi, mal d'amour" retracent une douleur accablante, celle de l'amour-maladie qui fait souffrir...
Le dernier couplet, déclaration réitérée d'amour fait intervenir des répétitions insistantes du verbe "aimer", souligné par des adverbes de temps qui marquent une éternité : "J'ai beau t'aimer encore, j'ai beau t'aimer toujours, J'ai beau n'aimer que toi, j'ai beau t'aimer d'amour."
Et l'amoureuse revendique, alors, sa liberté : "Je reprendrai la route, le monde m'émerveille, J´irai me réchauffer à un autre soleil." L'emploi du futur, à deux reprises, marque la certitude, l'image du "soleil" restitue une envie de retrouver un nouveau bonheur.
Le chagrin est nié, comme toute volonté de mourir par amour...
Mais, le refrain semble à nouveau anéantir cette liberté retrouvée :
"Dis, mais quand reviendras-tu,
Dis, au moins le sais-tu,
Que tout le temps qui passe
Ne se rattrape guère
Que tout le temps perdu,
Ne se rattrape plus."
Le refrain scande cette idée inlassable d'un amour attendu : le retour est encore espéré même s'il semble impossible.
D'ailleurs, l'emploi récurrent de la deuxième personne montre que l'amoureuse ne peut s'empêcher de s'adresser toujours et encore à celui qui est parti.
Le thème du temps qui passe irrémédiablement est souligné par les répétitions insistantes du mot "temps", des verbes "dire, rattraper."
La mélodie et le texte suggèrent un amour infini, un bonheur de vivre, malgré tout, et une envie de dépasser la tristesse, à travers des notes et des images lumineuses.
La chanson est magnifiée et sublimée par l'interprétation pleine de sensibilité, empreinte d'émotion, de Barbara...
Cette chanson, écrite et composée par Barbara, est sortie en 1964.
Le blog :
http://rosemar.over-blog.com/2015/10/craquent-les-feuilles-mortes.html
Vidéo :
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