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Accueil du site > Tribune Libre > De AUTEUR à AUTEURICE : la novlangue WOKE en roue libre ?

De AUTEUR à AUTEURICE : la novlangue WOKE en roue libre ?

Le mot “auteurice”, récemment apparu dans certains milieux militants et universitaires, est bien plus qu’une simple curiosité linguistique. Il condense à lui seul toute une idéologie, celle de la novlangue woke, qui prétend façonner la réalité au nom d’une égalité sans fin. Ce néologisme, à la croisée d’“auteur” et d’“autrice”, incarne une logique militante qui ne connaît plus de limites.

Une évolution sans fin ?

Nous sommes passés — sans débat public réel — de “auteur” à “auteure”, puis à “autrice”, terme ancien mais remis au goût du jour par un souci légitime de visibilité féminine. Mais cela ne suffisait visiblement pas. Aujourd’hui, voici venir “auteurice”, présenté comme un mot “inclusif”, neutre, égalitaire, universel.

Et demain ? Quel sera le prochain mot ? Quelle syllabe, quel suffixe, quelle chimère devra-t-on inventer pour rester dans la course à la conformité linguistique ? Car il s’agit bien d’une course. Une course sans ligne d’arrivée.

Une soif d’égalité... jusqu’au grotesque ?

Ce qui interpelle n’est pas tant la volonté d’inclusion — qui peut se discuter, se défendre, s’expliquer — que le refus assumé de toute limite. Une fois qu’on a admis que la langue doit se plier aux revendications identitaires, plus rien ne semble pouvoir l’arrêter. Chaque mot devient suspect, chaque genre grammatical, un oppresseur potentiel. Et à force de vouloir tout aplatir, on finit par rendre la langue illisible, imprononçable, et vide de sens.

L’idéologie à l’œuvre n’a rien d’innocent. Elle installe une norme morale déguisée en réforme linguistique, et fait peser un soupçon sur ceux qui refusent de l’adopter. Refuser “auteurice” ? C’est risquer d’être catalogué rétrograde, voire réactionnaire. Un comble, pour celles et ceux qui défendent simplement la clarté, la beauté, et la cohérence de la langue française.

Autrice : un mot légitime sacrifié ?

Il faut le dire clairement : “autrice” avait trouvé une forme d’équilibre. Un mot attesté historiquement, porteur d’une légitimité culturelle, et apte à rendre visible la place des femmes dans la création. Mais ce mot-là ne suffisait pas. Il fallait aller plus loin. Toujours plus loin. Jusqu’à “auteurice”, qui n’appartient plus à la langue, mais à l’idéologie pure.

Affaire à suivre…

Aujourd’hui, “auteurice”. Et demain ? “Professeureux” ? “Docteur·e·x” ? “Ministreux·e·sse” ? Le problème n’est pas l’évolution de la langue — qui est naturelle — mais son instrumentalisation, sa mise au service d’une vision militante qui refuse la nuance, l’histoire et la beauté du mot juste.

Oui, l’égalité est une valeur fondamentale. Mais toute quête d’égalité poussée jusqu’à l’absurde finit par produire l’effet inverse : le rejet, la lassitude, et parfois même... le ridicule.

À suivre, donc. Et à surveiller.

www.jeanlucrobert.fr


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20 réactions à cet article    


  • ZenZoe ZenZoe 16 mai 09:33

    Je ne pense pas qu’il s’agisse uniquement d’un phénomène woke.

    Depuis toujours, la langue appartient au peuple, ceux qui la parlent, l’utilisent au quotidien et la font évoluer. Les dictionnaires ne font qu’entériner les usages.

    Depuis toujours, cette prérogative est absolument insupportable pour la classe d’en haut, qui veut avoir pourvoir sur tout, et surtout sur le peuple, et veut lui imposer une façon de parler et de se conduire.

    Rassurez-vous. Si le peuple n’accroche pas à auteurice, il continuera à utiliser le mot autrice, bien meilleur en effet. Et c’est comme ça pour de nombreux autres mots.


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 16 mai 09:58

      @ZenZoe
       
       ’’ Depuis toujours, la langue appartient au peuple, ceux qui la parlent, l’utilisent au quotidien et la font évoluer. Les dictionnaires ne font qu’entériner les usages.’’
      >
      Oui. Le problème c’est que les langues évoluent dans le sens de la paresse. (Daniel Pennac)


    • Octave Lebel Octave Lebel 16 mai 11:49

      @ZenZoe
      Je suis d’acord, c’est l’usage qui l’emporte.Dans cette évolution, il y a des aspects pratiques qui facilient la compréhension, d’autres absurdes et alambiqués mais il y a toujours des gens pour s’y adonner et quelques idéologues qui tentent d’imposer leur vision du monde en créant de nouveaux mots et règles.Beaucoup plus préoccupant à mon avis est le globish que certains pratiquent comme une distiction en tentant de nous l’imposer avec d’autres qui les singent pour avoir l’air.Sans oublier la prisede tête que nous impose la publicité qui s’impose partout avec sa langue et son idéologie.Le tout faisant un monde difficilement compréhensible, heureusement décodé et expliqué par de dévoués journalistes et éditorialistes choisissant pour nous les couleurs des thèmes et les spécialistes dont nous avons absolument besoin et qui se dévouent pour nous expliquer ce que nous vivons et quoi en penser.Encore un effort, c’est si simple, supprimons les contradicteurs qui ne font pas amende honorable et tout ira pour le mieux smiley


    • rogal 16 mai 13:55

      L’usage l’emporte, mais par quoi est-il influencé ?
      On dit, de plus en plus, par exemple, « fais ce qu’il te plaît » au-lieu de « fais ce qui te plaît ». Plus les gens d’en-haut pratiquent la première formulation, plus les journalistes la reprennent, au point que tout un(e) chacun(e) croit bon d’en faire autant ; l’usage s’en impose, contre la grammaire. Le temps est proche où celle-ci devra être réformée sur ce point. De quel côté les journalistes-citoyens pencheront-ils ?


    • Jason Jason 16 mai 18:33

      @Francis, agnotologue

      "les langues évoluent dans le sens de la paresse.

      «  Oui, c’est le principe d’économie das toutes les langues, dire plus avec moins de sons ou de lettres pour l’écrit. Le bien dire comme signe de classe, il y a la langue vernaculaire, le style commun, le style élevé avec son vocabulaire châtié. Une langue vivante doit donner et aussi recevoir. Les néologismes me font souvent sourire, les jargons (médicaux, juridiques et autres) m’agacent souvent. Je m’efforce de faire la part des choses sans y voir un »signe" de ceci ou de cela.


    • rogal 16 mai 14:00

      L’important est le ’e’ final (professeur / professeure), tenu pour marque du féminin. La preuve : « femme » !


      • Eric F Eric F 16 mai 18:48

        @rogal
        En effet les noms de métier en ’’-eur’’ tendaient récemment à être féminisés en ’’-eure’’, ce qui avait l’avantage de la simplicité et de finalement ne pas changer la prononciation.
        Mais justement c’est là où le bat blesse, car la correctitude wokiste exige que le mot au féminin se distingue phonétiquement (lubie française, car en anglais c’est le même mot). Ainsi attendons nous aux professoresses.

        Quoique... quand le nom de métier se termine spécifiquement en ’’-teur’’, le féminin est habituellement en ’’-trice’’, comme actrice, directrice, factrice, .. Donc autrice suffit sans inventer autre chose.


      • Eric F Eric F 16 mai 18:51

        A propos de la féminisation systématique des noms de métiers, je me souviens de l’inénarrable envolée sur ’’les cheminotes z’et les cheminots’’ de Sophie Binet


      • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 16 mai 19:08

        @Eric F
         
        ’’attendons nous aux professoresses.’’
        >
        masseur -> masseuse
        professeur -> professeuse


      • Eric F Eric F 17 mai 14:12

        @Francis, agnotologue
        en effet, en plus, ce sont des bosseuses


      • ricoxy ricoxy 16 mai 17:21

         

        Moi, j’aime bien George Sand, l’auteuse de La Mare au diable. La ministresse Rachida Dati devrait rendre l’étude des œuvres de Geirge Sand obligatoire.

         


        • xana 16 mai 17:34

          Ca me fait toujours rire quand un imbécile tente de se faire connaître en « inventant » de nouveaux mots dans la langue usuelle.

          Ca peut marcher (rarement) mais c’est dérisoire. D’abord parce que la langue n’est pas « décidée » par des inventeurs plus ou moins laborieux, mais par le public qui s’empare de nouveautés si et quand ca lui convient. Et quelle prétention ! Tout ca pour pouvoir se vanter d’avoir « créé » quelque chose d’aussi imbécile... d’aussi imbécile qu’eux-mêmes.

          Mais il est vrai que les occasions de se faire remarquer deviennent rares.

          Alors toute stupidité est bienvenue !


          • Astrolabe Astrolabe 16 mai 18:10

            @xana
                   
            Rhooooo, c’est cassandre (et son mémoirel) qui va pas être contente ! smiley


          • Goldo Du 16 mai 18:55

            @xana
            Moi ce qui me plaît et me fait toujours rire, c’est quand un imbécile tente de se faire connaître en étalant ses merdes réacs. Et il faut dire qu’avec AV et particulièrement notre ami Bob, ici, je suis gâté !


          • SilentArrow 17 mai 01:50

            @Goldo Du
             

            Moi ce qui me plaît et me fait toujours rire, c’est quand un imbécile tente de se faire connaître en étalant ses merdes réacs.

            Eh bien, balancez-moi un de ces horribles néologismes, et, rien que pour vous plaire et vous faire rire, je vous dirai où vous pouvez vous le mettre, rien qu’avec des mots que tout le monde comprend.

          • Goldo Du 17 mai 10:59

            @SilentArrow
            Pourquoi tu voudrais un néologisme ?


          • Jason Jason 17 mai 16:16

            @xana

            C’est l’époque des ragots sociaux et du tout à l’égo. On se demande où ça finira, mon bon Monsieur.


          • xana 17 mai 12:04

            Tiens, le censeur est revenu de ses vacances ?

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