De la publicité à grande échelle !

La société québécoise a subi beaucoup de changements au cours des dernières décennies. Parmi ces changements, il en est un majeur qui saute aux yeux : la convergence des médias. Il faut être sourd et aveugle pour réussir à ignorer des phénomènes tels que Star Académie, Occupation double ou Loft story, car ils sont diffusés à grande échelle à l’aide de plusieurs supports. Malheureusement, cette gamme de programmes (ou produits) offerte au public le satisfait, et il en redemande en affichant des cotes d’écoute de plus d’un million. Devant un marché aussi attentif, il serait difficile pour n’importe quel publicitaire de ne pas en profiter pour saturer ces phénomènes médiatiques avec le plus de publicité possible, et c’est d’ailleurs ce qui se passe. Cependant, ils en sont rendus à un point inquiétant. Il est légitime d’utiliser la publicité pour financer une chaîne de télévision afin qu’elle produise des émissions pertinentes, mais cette action perd toute légitimité lorsque la programmation, la publicité et les relations publiques d’une compagnie tel que Québecor convergent vers une même finalité. Dans une société comme la nôtre, où une majeure partie de la population a les yeux constamment fixés sur les médias, il est primordial de scruter le contenu qui est présenté, car ce même contenu peut avoir un impact significatif sur les paradigmes dominants de la population.

Il est facile de s’entendre sur le fait que la télé-réalité ne présente rien de pertinent, et que cette supposée réalité n’a rien de réel. Ces émissions présentent souvent, sinon toujours, des candidats ayant un physique stéréotypé (Occupation Double, Loft Story) ou des participants désirant atteindre ce type d’apparence (SOS Beauté) pour être « heureux ». Ces émissions traduisent les nouvelles valeurs superficielles nord-américaines, et les dirigeants de ces chaînes font tout ce qui est en leur pouvoir pour nous les inculquer le plus efficacement possible, car ces valeurs incitent à consommer et à améliorer l’image que nous projetons. Cette gamme d’émissions, qui se présentent comme divertissements, est tout simplement un nouveau modèle de publicité. Une forme de publicité extrêmement puissante, qui n’a pas seulement pour but de prévenir un consommateur potentiel que le produit qu’il recherche existe, mais bien de créer un besoin en modifiant la perception des gens. Pour ce faire, ils se doivent de contrôler une portion significative des différents médias qui nous entourent et de faire converger les contenus d’un média à l’autre. Cette pratique de propriété croisée des médias est interdite dans certains pays car elle nuit à la présentation objective des faits, toutefois, elle est devenue la norme au Québec.

Il est maintenant très facile pour un téléspectateur de faire un lien direct entre le message diffusé par une émission et le partenariat commercial auquel cette même émission prend part. Des médias, qui avaient été mis sur pied pour nous informer et nous divertir, servent de plus en plus à nous inculquer un système de valeurs axé sur la consommation. L’ampleur de cette concentration médiatique met en cause les motivations commerciales de certains diffuseurs et l’impact qu’ils ont sur la société québécoise. Nous devons donc nous munir d’une législation limitant réellement cette pratique, car un problème, qui semble anodin à certains aujourd’hui, sera perceptible historiquement par tous.